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Tuteurs de résilience en RD Congo
©M-L. Joliveau

2016-2020. Des tuteurs de résilience en RDC

En République démocratique du Congo, les partenaires du BICE viennent en aide à des enfants meurtris par la vie. Les former à devenir tuteurs de résilience permet d’améliorer l’accompagnement de ces enfants victimes de traumatisme.

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La République démocratique du Congo (RDC) vit depuis plusieurs années en situation de crise permanente (conflits armés, épidémies, catastrophes naturelles…). La région du Kivu, à l’est, est particulièrement touchée. L’intégration des personnes déplacées du Rwanda, le développement de milices locales, les difficultés socio-économiques persistantes créent de surcroît un climat de violence endémique. Et les enfants en sont les premières victimes.

Les causes des traumatismes sont profondes et diverses : enfants des rues, enfants travailleurs, enfants sortis de groupes armés, enfants nés de viols, enfants exploités sexuellement… Certains ont coupé volontairement les liens avec leur famille. D’autres, comme les anciens enfants soldats, sont rejetés par leurs parents, honteux de leur histoire.

Tous ont besoin de soutien pour faire face aux situations terribles qu’ils ont vécues et subissent parfois encore. Le rôle des tuteurs de résilience dans cette région est donc de répondre aux besoins de sécurité et de stimulation de ces enfants. En mettant particulièrement l’accent sur le travail avec les familles.

Une première formation Tuteurs de Résilience en RDC en 2016

Le BICE a ainsi organisé en 2016 une première formation Tuteurs de résilience pour ses quatre partenaires locaux (PEDER, Groupe Jérémie, Ghodovi, CSF) et deux ONG (Don Bosco et CATSR). C’est l’Abbé Elie Mulumba, prêtre de la paroisse du Sacré Cœur de Kananga et titulaire d’un doctorat de l’Université de Bergame en Italie, qui l’a assurée. Quelque 20 professionnels y ont participé.

Ces quatre jours de formation leur ont notamment permis de comprendre l’importance de mener un travail individualisé, en s’appuyant sur les forces internes et externes (facteurs de protection) propres à chaque enfant. Des ateliers avec une cinquantaine d’enfants en situation de grande précarité, certains en cours de réinsertion, ont aussi été menés. À la grande surprise et joie des enfants, les parents ont participé à certaines activités. Le but ? Renouer les liens familiaux.

Projet pilote mis en place avec six organisations locales en 2018

En 2018, le BICE décide de mettre en place un projet pilote dont la particularité est l’intensité du suivi et l’échange de conseils. Parmi les six organisations bénéficiaires – Ghovodi, Gewevuca, Cœur sans frontières, Peder, Groupe Jérémie et Don Bosco -, certaines gèrent des centres d’accueil pour enfants, d’autres mènent des actions de sensibilisation.

Ce projet, animé par Alda Segnagnon Segla, psychologue togolaise, spécialiste de la maltraitance infantile et formée à la résilience à l’Université Catholique de Milan, devait initialement durer 20 mois et être enrichi d’une seconde formation mi-2019. L’épidémie d’Ebola a malheureusement bousculé ce programme. La deuxième session n’a en effet toujours pas pu s’organiser. Repoussée à l’été 2020, elle risque de nouveau d’être reportée du fait du coronavirus.

La première formation de quatre jours a réuni 20 éducateurs. Elle s’est notamment focalisée sur l’identification des violences sexuelles et leur prise en charge. Avec une mise en pratique concrète des ateliers avec une soixantaine d’enfants.

Suite à cette session, le suivi de 300 enfants de 9 à 17 ans, 50 par association, a commencé. Alda Segla accompagne, soutient la mise en application par les éducateurs de ce qu’ils ont appris en formation. Des visites et contacts réguliers entre la formatrice et les six structures sont notamment organisées.

Ateliers résilience en RDC
© Marie-Laure Joliveau

Dans le cadre du suivi :

– Le BICE a apporté un soutien financier aux organisations pour l’achat du matériel nécessaire aux ateliers créatifs appris (feuilles, crayons, colle…).

– Chaque organisation a désigné un coordinateur du projet. Ils doivent assurer la bonne mise en œuvre des ateliers, leur suivi, et demander aide et conseils extérieurs si besoin. Ces derniers ont bénéficié d’une formation complémentaire pour devenir, à leur tour, soutien et formateur auprès de leurs collègues.

– Chaque structure, épaulée par la formatrice, a aussi élaboré un plan d’actions. Il se base sur une prise en charge individualisée et résiliente de chaque enfant.

Un projet pilote ambitieux qui, au regard de ses résultats, pourrait être décliné dans d’autres régions d’Afrique.

À lire, en complément, l’article ci-dessous publié en février 2020 :

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