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Claude Ponti, illustrateur jeunesse
© Palta Studio

Claude Ponti. Maître de la littérature jeunesse

Depuis 40 ans, Claude Ponti fait voyager les plus petits grâce à ses albums oniriques et colorés. Aujourd’hui installé dans la Sarthe, le dessinateur et illustrateur reconnu, père de Blaise, le plus célèbre des poussins masqués, jongle entre activités associatives et futurs projets.

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Quel enfant étiez-vous ?

Je n’ai pas eu une enfance agréable, elle était même assez pourrie. Mon grand-père était incestueux et s’intéressait particulièrement à moi. De leur côté, mes parents étaient violents et incompréhensifs. En revanche, on a reconnu très tôt mon talent pour le dessin : c’était mon refuge. Personne, même ceux qui étaient méchants avec moi, ne pouvait contester que je dessinais très bien. Globalement, j’étais un enfant solitaire, rêveur et assez distrait… Je n’ai pas vraiment changé (rires).

Comment êtes-vous devenu dessinateur pour enfants ?

Au départ, je voulais être peintre. J’ai débarqué à Paris avec rien. Je me suis retrouvé coursier pour le magazine L’Express. J’avais ce travail alimentaire et je peignais dans mon coin. Je commençais à faire mon trou, je faisais quelques expositions. Parmi ceux que je côtoyais au journal, certains m’ont acheté des dessins. À l’époque, j’étais à la fois dans la peinture et la gravure. Un jour, ils m’ont demandé de dessiner pour le journal… Mon arrivée dans la littérature jeunesse est un conte de fée classique : j’ai eu un enfant et j’ai voulu faire un livre. Je ne souhaitais pas vraiment le faire éditer, mais à ce moment-là, je cherchais aussi du travail. Je suis parti voir des éditeurs, en particulier Gallimard. Et les choses se sont enclenchées rapidement. Mon premier livre pour enfants (L’album d’Adèle, NDLR) a rencontré un certain succès. J’ai arrêté la peinture sans m’en rendre compte ; j’avais trouvé ma place. Les enfants sont un public honnête et sincère. Il n’y a pas de mensonge ou de tricherie, quand ils aiment, c’est toujours très profond. Cela n’a rien à voir avec le monde de l’art ou de la littérature adulte. Et puis, il y a cette chose mystérieuse pour laquelle je n’ai aucune explication : je suis facilement de plain-pied avec les enfants.


Aujourd’hui, vous êtes à la tête d’une association qui vise à promouvoir les créations artistiques des plus jeunes ?

Oui, je suis très impliqué dans l’association La Venture-Le Muz qui est la fusion de deux associations que j’avais participé à créer. Le point de départ est Le Muz, un musée en ligne regroupant des oeuvres d’enfants. On nous envoie souvent des dessins ou des peintures ; les gens ont du mal à accepter l’existence de qualité dans les productions des enfants. Ce qui nous intéresse, c’est de montrer aux plus jeunes que, parmi eux, certains réalisent des oeuvres extraordinaires, égales à celles des adultes. L’intérêt d’avoir un musée en ligne est qu’il est accessible à tous. En 14 ans d’existence, nous avons récolté des productions venant du monde entier.

Vous faites partie d’une génération qui a vu émerger les droits de l’enfant, comment envisagez-vous l’avenir ?

C’est une question complexe. Quand j’ai eu un enfant, on commençait seulement à considérer qu’un bébé était une personne. Ma fille est désormais maman et je vois bien que cela a évolué dans le bon sens. Mais c’est toujours très difficile de répondre sur l’avenir, tout change en permanence. Dans ma jeunesse, on parlait peu des problèmes d’inceste et de violences à l’encontre des enfants. Il y a eu Mai 68, où malheureusement la « libération sexuelle » a laissé croire à certains qu’ils avaient tous les droits sur la sexualité des enfants. Mais, aujourd’hui que pouvons-nous dire de l’avenir des enfants en Afghanistan, notamment pour les jeunes filles ? Je crains que la réponse soit évidemment tragique. Comme toujours, ça va, ça vient, il y a des coups de balancier.

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