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Jeune fille victime de violences en ligne
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Comment protéger son enfant contre les violences en ligne

Alors que les enfants passent de plus en plus de temps en ligne, il est important de les accompagner pour les protéger contre toute forme de cyberviolence auxquelles ils pourraient être confrontés, de l'exposition à des contenus inappropriés au cyberharcèlement.

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Les enfants intègrent le monde virtuel de plus en plus tôt. Et passent plus de temps en ligne que jamais auparavant. À travers le monde, un enfant se connecte pour la première fois toutes les demi-secondes.* Selon une étude réalisée dans 30 pays, plus d’un tiers des enfants sont victimes de harcèlement en ligne, un sur cinq déclarant ne pas être allé à l’école à cause du cyberharcèlement et de la violence.**

Qu’est-ce que la cyberviolence ? 

La cyberviolence fait référence à toute forme de violence, d’intimidation, de harcèlement ou d’abus qui se produit en ligne ou via des technologies numériques. La cyberviolence peut avoir des conséquences graves sur la santé mentale et émotionnelle des victimes, ainsi que sur leur sécurité en ligne et hors ligne.

Quelles sont les formes de cyberviolence auxquelles les enfants peuvent être confrontés ? 

Voici une liste des formes les plus courantes de cyberviolence dont un enfant peut être victime :

Exposition à des contenus inappropriés : Les enfants peuvent être exposés à des contenus violents, pornographiques ou extrémistes en ligne sans le filtre approprié.

Cyberintimidation : Les enfants peuvent subir, de manière répétée, des moqueries, critiques, insultes ou menaces de la part d’une ou plusieurs autres personnes. Cela peut se produire sur les réseaux sociaux, dans les jeux en ligne ou via d’autres plateformes numériques.

Exclusion sociale : Les enfants peuvent être volontairement exclus de groupes sociaux en ligne, ce qui peut être très douloureux et isolant. Cette exclusion peut être accompagnée de moqueries au sein du groupe. 

Usurpation d’identité : Quelqu’un peut voler l’identité d’un enfant (nom, pseudo, données personnelles) via sa messagerie ou son profil sur les réseaux sociaux, pour commettre des fraudes, diffuser des propos diffamatoires ou perturber ses relations avec d’autres.

Outing : C’est le fait de voir des détails intimes ou confidentiels de sa vie révélés.

Sexting et chantage : Cela implique l’envoi de messages, images ou vidéos à caractère sexuel. Dans certains cas, ces contenus sont utilisés pour faire du chantage à l’enfant pour obtenir plus d’images, de l’argent ou d’autres faveurs.

Grooming : Des adultes peuvent utiliser Internet pour établir une relation avec un enfant dans le but de l’exploiter sexuellement.

Jeux de manipulation psychologique : Certains jeux ou défis en ligne peuvent encourager des comportements dangereux ou autodestructeurs.

Notons également que l’intelligence artificielle (IA), omniprésente sur les plateformes de réseaux sociaux et dans les jeux en ligne, présente des risques supplémentaires pour les enfants. Les algorithmes peuvent parfois recommander du contenu inapproprié et les chatbots, qui interagissent de manière autonome, peuvent être utilisés à des fins malveillantes. Il est essentiel que les parents comprennent ces dangers et prennent des mesures pour encadrer l’utilisation de l’IA par leurs enfants.

Comment assurer la protection de son enfant ?

Accompagner et écouter

« Il est d’abord important d’avoir conscience que cela peut arriver sur n’importe quelle plateforme – email, applications de discussion, télévision connectée, jeux vidéo en ligne, réseaux sociaux – et que, malheureusement, il est quasi certain qu’un enfant seul sur Internet sera confronté un jour ou l’autre à l’une des formes de violence citées précédemment », nous précisait Elizabeth Milovidov, avocate, spécialiste du sujet, dans une interview en mars 2021.

Ensuite, le premier moyen de défense contre les violences en ligne est l’éducation. Il est essentiel que les parents sensibilisent leurs enfants aux risques potentiels associés à l’utilisation d’internet. Ils doivent leur apprendre à reconnaître les comportements abusifs et à réagir de manière appropriée.

Il est donc primordial d’encourager une communication ouverte et honnête avec les enfants. Ces derniers doivent se sentir à l’aise de signaler tout incident de harcèlement ou de violence en ligne à un adulte de confiance, sans craindre de représailles. En créant un environnement de confiance, nous pouvons aider nos enfants à surmonter les défis rencontrés en ligne.

Utilisation sécurisée des plateformes

Les enfants doivent être guidés pour une utilisation sûre des plateformes en ligne. Cela comprend l’application des paramètres de confidentialité et l’emploi des outils de contrôle parental proposés par les réseaux sociaux, les jeux en ligne et d’autres applications. Ces outils permettent de surveiller le temps d’écran et de contrôler l’accès aux contenus. Quoi qu’il en soit, la supervision des activités en ligne des enfants par les parents est essentielle, afin d’intervenir rapidement si nécessaire.

Limitation du temps d’écran et respect de l’âge minimum d’utilisation des réseaux

Bien que Internet offre de nombreuses opportunités d’apprentissage et de divertissement, il est important de limiter le temps passé devant les écrans. Une exposition excessive peut augmenter les risques d’interactions dangereuses en ligne. Encourager les enfants à participer à des activités hors ligne aide donc à équilibrer leur vie numérique.

La neurologie Servane Mouton, que nous avons interviewée en octobre 2023 sur l’impact des écrans sur les enfants, nous rappelait les temps d’écran préconisés :

  • Pas d’écrans avant 3 ans, les éviter avant 6 ans.
  • 30 minutes par jour pour les 7-8 ans ; 45 minutes pour les 8-10 ans ; et ensuite, 1 heure par jour (préconisations de l’Association française de pédiatrie ambulatoire). L’Association américaine de pédiatrie préconise de les limiter à 1h-1h30 entre 13 et 18 ans.

Il y a également un âge minimal d’utilisation des réseaux sociaux. En France, la loi du 7 juillet 2023 visant à instaurer une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne fixe à 15 ans la majorité numérique permettant de s’inscrire seul sur les réseaux sociaux en ligne. En-deçà de cet âge, l’accord d’un des deux parents est nécessaire. Ceci est un signal fort quant aux risques liés à l’usage de ces plateformes.

Un numéro de téléphone pour signaler une situation de harcèlement

Les conséquences psychologiques de la cyberviolence sur les enfants ne doivent pas être négligées. En plus des impacts immédiats, comme la détresse et l’isolement social, les enfants victimes de harcèlement en ligne peuvent souffrir à long terme de troubles anxieux, de dépression ou de baisse de l’estime de soi. Il est donc essentiel d’être vigilant face aux signes de détresse psychologique chez les enfants et de leur offrir un soutien adapté, comme l’accès à des professionnels de la santé mentale.

En France, le numéro 3018 (appel gratuit et anonyme, accessible 7 jours sur 7 de 9 h à 23 h) permet de signaler les situations de harcèlement à l’école et de cyberharcèlement subies par des mineurs. Que vous soyez une jeune victime ou témoin d’un cas de violences numériques. Un tchat est également disponible sur le site 3018.fr

*Nations unies, Sécurité en ligne des enfants et des jeunes 
**4 septembre 2019, Unicef, communiqué de presse

Les actions du BICE pour lutter contre le cyberharcèlement 

Dans le cadre de son projet Enfance sans violences déployé dans quatre pays – Côte d’Ivoire, Géorgie, Pérou et Ukraine – le BICE et ses partenaires locaux sensibilisent les jeunes générations contre toutes les formes de violences dont les violences en ligne. Ces actions sont menées dans les écoles primaires et via les réseaux sociaux afin d’atteindre des jeunes de tous âges. Des campagnes d’informations sont également menées auprès des parents.

Plus d’informations sur les actions du BICE contre les violences à l’égard des enfants.

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