Du 4 au 9 mars a eu lieu à Montevideo, en Uruguay, une rencontre régionale avec 5 partenaires latino-américains du BICE, parmi eux Juventud Para Cristo. Elle a été organisée dans le cadre du lancement, en janvier dernier, du nouveau programme triennal du BICE de lutte contre la violence, en particulier de nature sexuelle, envers les enfants et adolescents. La rencontre a permis de préciser les résultats attendus par chaque partenaire, de former les participants à la méthode INSPIRE et de présenter les activités en Europe de l’est (une rencontre similaire est prévue en avril avec nos 5 partenaires d’Europe orientale à Erevan, en Arménie dans le cadre du programme).
Ce moment de partage des meilleurs pratiques et de formation a été l’occasion de rencontrer Valeria Santurión. Elle coordonne le programme Grain de sable (Contigo Confianza) en Uruguay pour notre partenaire Juventud Para Cristo (JPC).
Pourriez-vous nous présenter votre association et ses activités ?
Juventud Para Cristo est une ONG uruguayenne qui travaille de différentes manières en faveur des enfants et adolescents.
Nous avons des centres au service des enfants vulnérables et de leur famille. Ils accueillent des jeunes entre 0 et 18 ans et leur offrent un accompagnement adapté à leur situation.
Nous avons également un programme qui s’appelle Claves.
Dans ce cadre, nous produisons et diffusons des supports de prévention de la violence sexuelle à l’encontre des enfants dans toute l’Amérique latine et les Caraïbes. Ces supports permettent de sensibiliser adultes et aussi enfants au sujet. Ce programme existe depuis 20 ans et c’est une belle réussite pour nous !
Nous réalisons aussi des « campagnes de bientraitance » (Un trato por el buentrato) qui reposent sur 2 types d’actions.
Le premier consiste en des vaccinations symboliques d’adultes par des enfants et des adolescents. Cela peut avoir lieu sur une place, dans un parc ou dans une école. Les enfants distribuent aux adultes qui les entourent des bonbons au miel. Ces bonbons représentent la douceur. Ils marquent symboliquement l’engagement de ces adultes pour la bientraitance des enfants. C’est une jolie manière de sensibiliser, non ?
Le second s’appelle « Uruguay, pays de bientraitance » (Uruguay, pais de buen trato).
Ce programme lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants et adolescents et principalement contre celle liée au tourisme sexuel, qui est un phénomène très répandu en Uruguay. Concrètement, il s’agit d’une formation qui se déroule sur le terrain, destinée en premier lieu aux enfants et adolescents, mais aussi aux adultes qui les accompagnent et aux touristes.
Vous travaillez beaucoup chez Juventud Para Cristo à partir d’un court-métrage de sensibilisation qui a été créé dans le cadre de notre programme de lutte contre l’abus sexuel (2014-2017). Est-ce que vous pourriez nous en parler ?
Le court-métrage est composé de 6 scènes qui représentent des adolescents en situation de violence. La création des scènes s’est faite en collaboration avec des groupes de jeunes. Les scènes montrent des situations de violences physique, psychologique, sexuelle et de négligence, notamment au sein du cercle de confiance de l’enfant, de harcèlement de rue ou de violence à travers des NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication).
Le court-métrage est diffusé à des enfants et des adolescents. Nous travaillons ensuite avec eux pour qu’ils identifient le problème de chaque scène et sachent où trouver de l’aide s’ils sont confrontés à l’une de ces situations. Cette méthode s’appelle « Contigo confianza » (Avec toi, en confiance) et est tirée de la méthode « grain de sable ».
Juventud Para Cristo utilise ce court-métrage dans 15 des 19 régions de l’Uruguay. Nous continuerons à le faire dans le cadre du programme violence qui a débuté en janvier 2019.
À ce propos, un des résultats importants du programme précédent est qu’une école des Maristes a intégré dans son programme la méthode Grain de sable.
Un concept important de votre travail sont les « réseaux de confiance ». De quoi s’agit-il ?
Oui, c’est un concept central aux yeux de Juventud Para Cristo. Lors des ateliers de sensibilisation, nous expliquons aux jeunes qu’il y a des adultes qu’il est possible de solliciter en cas de violence. Nous leur apprenons également à les identifier. Ces personnes peuvent être des adultes présents dans les écoles par exemple le jardinier, la cuisinière. Ainsi, si un jeune sensibilisé est témoin ou est lui-même victime de violence, il saura trouver l’aide dont il a besoin. C’est un concept très important pour permettre aux enfants victimes de violence de sortir des situations qu’ils subissent.