Quelles formes prennent les actions menées avec le BICE, dans vos pays respectifs, pour une justice plus respectueuse des droits des enfants ?
Alphonse AKAKPO : Au Togo, la protection de l’enfant et le système de justice juvénile sont centrés uniquement sur l’enfant. Or, on ne peut pas accompagner un enfant en conflit avec la loi sans prendre en compte sa famille et sa communauté. Nous donnons donc de nouvelles orientations à la protection de l’enfance.
Je constate depuis le début de ce Congrès que d’autres pays plus avancés que nous ont déjà travaillé sur ces points et que cela porte du fruit. C’est très encourageant !
Ngaliéma Aimé ADJI : En République démocratique du Congo, il n’existe aucune structure publique autre que la prison pour accueillir les enfants en conflit avec la loi. Nous avons donc encouragé des centres privés associatifs à héberger des adolescents en vue de leur réinsertion.
Grâce à cette action, environ 150 enfants échappent annuellement à la prison. Lorsque ce n’est pas possible, nous travaillons sur la possibilité pour d’autres adolescents d’être pris en charge dans une famille d’accueil, ou de réaliser des travaux d’intérêt général.
Quels sont les prochains grands chantiers au Togo et en RDC en matière de justice juvénile ?
Ngaliéma Aimé ADJI : Etre créatifs ! Il existe en RDC des dispositifs juridiques récents relatifs à la justice juvénile. Mais, faute de moyens et de motivation politique, nous n’avons pas les moyens de les faire appliquer. Il faut développer d’autres outils. Nous souhaitons par exemple développer et renforcer les comités de médiation.
Ces derniers constituent un mécanisme extrajudiciaire : les juges pour enfants y défèrent les dossiers pour lesquels une solution amiable semble pouvoir être trouvée. La médiation rassemble ensuite le jeune en conflit avec la loi, les plaignants et la communauté. Cette solution permet bien souvent d’éviter un procès et une peine d’emprisonnement.
Alphonse AKAKPO : Au Togo, l’une de nos priorités consiste à mettre l’accent sur la prévention. Nous constatons une recrudescence du nombre d’enfants vivant dans la rue. Leur vie étant souvent mise en danger, ces adolescents développent des attitudes de survie qui les amènent parfois à violer la loi. Il faut, autant que possible, éviter les ruptures familiales et conflits laissant les enfants livrés à eux-mêmes.
Par ailleurs, nous constatons malheureusement que les enfants en conflit avec la loi proviennent souvent de familles défavorisées ou recomposées. Nous devons travailler avec la famille et la communauté et veiller à améliorer leurs conditions socioéconomiques.
Quelles sont vos premières impressions après deux jours de Congrès ?
Ngaliéma Aimé ADJI (Bureau national catholique de l’enfance en République démocratique du Congo) : Ce Congrès est une chance, et je suis très heureux de pouvoir y assister. Dans notre pays, la justice juvénile est loin d’être une priorité.
A notre retour, nous envisageons déjà un partage d’expérience avec l’instance nationale qui coordonne les actions pour la justice juvénile. Ce sera l’occasion d’évoquer la manière dont nous pourrons mettre en œuvre certaines pratiques et idées entendues au congrès.
Alphonse AKAKPO (Bureau national catholique de l’enfance au Togo) : Excellente initiative que celle du BICE de faire participer ses partenaires à ce congrès. Cela nous permet de développer notre réseau, d’échanger sur nos pratiques et de partager notre expérience.