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©BICE - juin 2015
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Etat des lieux de la justice juvénile au Brésil

Au Brésil, dans le cadre du programme Enfance sans barreaux, le BICE et son partenaire la Pastoral do Menor accompagnent et soutiennent des jeunes en conflit avec la loi. Depuis plusieurs mois, la situation de ces enfants et adolescents s’est fortement dégradée, notamment avec la volonté du Congrès brésilien d’abaisser l’âge de la responsabilité pénale. De retour de Fortaleza, Carmen Serrano, responsable du réseau Amérique latine et Maria Camila Caicedo, chargée de programme Amérique latine, nous livrent quelques impressions de leur mission.

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Quelle était l’ambiance à votre arrivée à Fortaleza ?

Carmen Serrano : L’objectif de notre mission à Fortaleza était de rencontrer les équipes techniques de notre partenaire, la Pastoral do Menor, et de voir les activités menées dans le cadre du programme Enfance sans barreaux.

Nous sommes arrivées au Brésil dans un contexte très tendu en raison de la volonté des autorités d’abaisser lâge de la responsabilité pénale de 18 à 16 ans. Dès notre arrivée, en plein centre de Fortaleza, nous avons été témoins de la fouille de plusieurs jeunes par la police. Ils étaient alignés sur le trottoir, les mains dans le dos pendant que les policiers les contrôlaient. Pour les passants, il semblait s’agir d’une scène quotidienne et familière.

Maria Camila Caicedo : L’une des premières choses que l’on voit en arrivant est l’omniprésence de la police. La réponse de l’État aux problèmes sociétaux apparaît avant tout sécuritaire.

En outre, la plupart des grands journaux brésiliens mettent en avant l’insécurité, la délinquance et véhiculent une vision très négative et simplificatrice des jeunes qui commettent des infractions.

Durant votre visite d’un centre fermé pour mineurs, qu’avez-vous vu ?

Carmen Serrano : L’objectif de la visite était de rencontrer les équipes qui travaillent dans le centre, ainsi que les jeunes, pour évaluer leur ressenti sur les activités menées dans le cadre de notre programme.

On voulait notamment savoir quel était leur bilan des « cercles de culture » qui sont des espaces de discussions durant lesquels ils partagent leur expérience et parlent de sujets importants comme la responsabilité, les rapports familiaux, les projets de vie, l’orientation professionnelle, l’identité, la citoyenneté… Nous avons été reçues par la directrice, qui a dressé un bilan, au premier abord, qui semblait très positif du centre.

Or, à ce moment-là, plusieurs voitures de police sont arrivées et une quarantaine de policiers sont entrés dans le centre pour fouiller et contrôler les adolescents présents dans le centre.

Maria Camila Caicedo : La directrice nous a expliqué que ces visites étaient fréquentes. Selon notre partenaire sur place, lorsque les policiers effectuent ces contrôles, ils font souvent usage de violence. Nous n’avons pas pu rencontrer et discuter avec les membres de l’équipe d’encadrement et les adolescents comme c’était prévu.

Nous sommes parties du centre avec un sentiment d’impuissance et une conviction renforcée dans l’utilité de changer le regard et les méthodes portés sur ces jeunes si l’on veut les réinsérer en société.

Carmen Serrano : Pour conclure, j’aimerais souligner qu’il est important de dépasser l’image simplificatrice des enfants en conflit avec la loi véhiculée par les médias, qui sont uniquement présentés comme dangereux, sans avenir et destinés à finir leurs jours en prison. Il faut agir sur les causes qui poussent les jeunes à commettre des fautes.

Même si la pauvreté a diminué au Brésil, les inégalités restent fortes et le taux de chômage est important. Trop de jeunes n’arrivent pas aujourd’hui à se projeter dans l’avenir.

Il est donc indispensable de mettre en place des politiques publiques pour les familles et les jeunes, afin de leur permettre une vie digne et citoyenne aujourd’hui et dans l’avenir.

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