« Ce sont des photos de notre quartier, Troyeshchyna, à Kiev. Jusqu’à présent, il n’a pas été touché par les explosions. Un peu plus loin, à deux ou trois pâtés de maisons, des immeubles ont été atteints par les bombardements . »
« Avant la guerre, cette aire de jeux extérieure était toujours remplie d’enfants. Et le matin, on voyait des adultes s’entraîner sur les appareils de musculation. Là, il n’y a plus personne. »
« Cette boucherie a fermé le premier jour de la guerre. Derrière, il y avait trois niches pour les chiens. Quand la boucherie fonctionnait, ils avaient toujours quelque chose à manger. Les premiers jours, ils ont mangé. Maintenant, il y a quelques personnes qui viennent les nourrir, y compris nous. Ce qui est difficile c’est de savoir quoi leur donner. Mais les chiens ne refusent pas non plus le porridge. »
« Les pharmacies près de chez nous ont fermé aussi car il n’y a plus suffisamment de pharmaciens ou de médicaments. Les premiers jours de la guerre, il y avait des files d’attente en permanence. Maintenant, dans les pharmacies ouvertes, il y a moins de files d’attente car le choix de médicaments est très réduit. Les pharmacies, comme les supermarchés, jouent désormais un rôle différent : elles aident les gens à retirer de l’argent avec leur carte bancaire. Selon la quantité d’argent dont elles disposent, on peut retirer de 600 à 6 000 UAH (de 20 à 200 euros). »
« De nombreuses petites boutiques ont fermé ; notamment parce que les vendeurs ont quitté la ville, qu’il n’y a pas beaucoup d’abris anti-bombes dans notre quartier et que les gens ont peur, se sentent en danger. Ceux qui ne sont pas partis le premier jour essaient de protéger les vitrines autant que possible. Je suppose que les gens pensent que ça pourrait leur éviter des pillages si ça commençait. Sur la photo, vous pouvez voir deux voies près des magasins, l’une pour les piétons et l’autre pour les vélos. Troyeshchyna possède de très bonnes pistes cyclables. Avant, elles étaient souvent pleines d’enfants et d’adultes sur des trottinettes, des rollers ou des vélos. »
« Les écoles dans notre quartier servent d’abris anti-bombes. Dans les immeubles, les locaux prévus pour se cacher ne sont pas spécialement aménagés. Par exemple, dans celui de notre immeuble, il n’y a qu’une couche de sable. Pas de toilettes. Et ça sent très mauvais. Les gens choisissent donc généralement de se mettre à l’abri dans les écoles équipées de toilettes, de chaises et d’un endroit où poser un matelas. Beaucoup de personnes y vivent sans sortir. »
« La nuit est tombée pendant que nous marchions, nous rentrons. Bien qu’il n’y ait pas d’enfants sur les photos, nous en avons rencontré dans la rue. Deux enfants avec leurs parents, une fille de mon âge à peu près avec sa maman, et trois adolescents marchant seuls. Ma maman me dit que c’est la première fois qu’elle voit des enfants sortir des appartements ou des abris pour prendre l’air. Il paraît que nous nous habituons à la guerre. » Et la maman de Lev de conclure : « D’après les informations du maire de Kiev, la moitié des d’habitants de la ville (2 millions) sont partis. On ne sait pas combien d’enfants il reste, la plupart sont cachés. L’évacuation continue. Et chaque jour on peut voir des familles avec des enfants portant les valises . »