Plongé dans la chaos depuis de nombreux mois, Haïti, pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental, cumule instabilité politique, insécurité croissante, catastrophes naturelles récurrentes et pauvreté extrême. Selon les dernières estimations, 4,2 millions d’enfants n’ont pas accès aux soins de santé de base ni à une éducation de qualité. Ce contexte fragilise particulièrement les plus jeunes, confrontés à la malnutrition, à la déscolarisation. Et, pour certains, à l’exploitation domestique sous le système des Restavek1, une pratique abusive encore largement répandue.
À Jérémie, ville de 238 000 habitants dans le sud-ouest du pays, 72 % des jeunes sont analphabètes. Et les services publics sont quasi inexistants. Même situation aux Cayes. Dans ce climat d’extrême précarité, l’alimentation scolaire devient un levier essentiel de développement et de protection.
Le projet « Un repas pour chaque enfant »
Face à ce constat, le projet « Un repas pour chaque enfant » a été lancé à l’école Champagnat de Jérémie et au centre apostolique des Cayes, animés par les Maristes, partenaires du BICE. Cet appui humanitaire vise à fournir de novembre 2025 à octobre 206 un repas nutritif quotidien aux enfants âgés de 6 à 17 ans, pris en charge dans ces deux établissements. Cette aide alimentaire, absolument vitale, permet d’améliorer l’état de santé des enfants et de renforcer la fréquentation scolaire. L’intégration des communautés locales au projet favorise, de surcroît, leur sensibilisation à ce sujet et leur implication sur le long terme. Autrement dit, le sentiment d’appropriation collective.
Bénéficiaires du projet
- Bénéficiaires directs : 200 enfants âgés de 6 à 17 ans, fréquentant l’école primaire de Jérémie et le centre pour enfants des Cayes.
- Bénéficiaires indirects : environ 1 250 membres des familles des enfants bénéficiaires, ainsi que plusieurs centaines de personnes issues des communautés locales : petits commerçants, agriculteurs, enseignants, agents de santé, etc.
Les actions mises en place
Depuis le début du projet, trois repas par semaine sont fournis, représentant environ 28 000 repas par an. À terme, l’objectif est de passer à cinq repas hebdomadaires pour chaque enfant, soit près de 50 000 repas distribués au total. Ces repas s’accompagnent de goûters deux jours par semaine, afin de couvrir les besoins nutritionnels des enfants.
Dans le but de faire perdurer le projet, la création d’un comité de cantine participatif, avec parents, enseignants et représentants communautaires, est également prévu. Sans oublier que cette initiative soutient indirectement les petits producteurs, fournisseurs locaux et travailleurs de la chaîne alimentaire.
« Offrir un repas quotidien, c’est redonner dignité, sécurité et espérance aux enfants, et poser les bases d’un avenir plus juste.
Frère Pierre
[1] Le système des Restavek s’apparente à une forme contemporaine d’esclavage domestique. Faute de ressources, de nombreux parents, notamment en milieu rural, confient leurs enfants — souvent âgés de 5 à 16 ans — à des familles plus aisées, dans l’espoir qu’ils y trouveront nourriture, soins et éducation. Mais la réalité est souvent tout autre. Les enfants se retrouvent fréquemment victimes d’exploitation et d’abus. Contraints à effectuer des tâches domestiques épuisantes, sans rémunération, sujets à des violences physiques et psychologiques, souvent privés d’éducation.
