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Journée de l'enfant africain : éducation
© T. Poidevin / BICE
Publié le

Journée de l’Enfant Africain. « L’éducation pour tous : l’heure est venue »

À l’occasion de la Journée de l’enfant africain, l'Office International de l'Enseignement Catholique (OIEC) et le Bureau International Catholique de l'Enfance (BICE) s’associent pour souligner l’un des défis du continent africain : l’éducation de tous ses enfants.

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L’éducation est reconnue universellement comme un droit fondamental, essentiel à l’émancipation des êtres humains et au développement des sociétés. En Afrique, ce droit reste malheureusement inaccessible pour un grand nombre d’enfants, entravé par des obstacles économiques, sociaux, et parfois politiques. Pourtant, en cette Journée de l’enfant africain, nous sommes appelés à renouveler notre engagement et à intensifier nos efforts pour que chaque enfant africain puisse aller à l’école, apprendre et se développer.

Des avancées significatives mais encore insuffisantes

Le thème de cette année, « L’éducation pour tous les enfants en Afrique : l’heure est venue », sonne comme un appel à l’action. Il ne s’agit plus seulement de reconnaître les défis, mais de les relever avec détermination et créativité.

Beaucoup d’engagements, notamment l’initiative mondiale “Éducation pour tous” lancée en 1990 par l’UNESCO, l’entrée en vigueur de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant en 1999 et l’Aspiration 6 (Chaque enfant bénéficie pleinement d’une éducation de qualité) de l’Agenda 2040 du Comité africain d’experts sur le droit et le bien-être de l’enfant ont favorisé l’amélioration de l’accès à l’éducation. Ce qui s’est traduit par une augmentation du budget national dédié à l’éducation et du nombre d’enfants scolarisés, y compris de filles, sur tout le continent. Des mesures ont également été prises pour favoriser l’enseignement gratuit et obligatoire, réduire l’écart entre les sexes en matière de scolarisation dans l’enseignement primaire ainsi que pour fournir des repas scolaires. Plus de la moitié des États ont adopté des politiques d’éducation inclusive[1].

Cependant, le concept de l’éducation pour tous ne correspond pas à la réalité pour beaucoup d’enfants africains, notamment en milieu rural. Le continent n’a pas atteint ses objectifs en matière d’éducation universelle et les statistiques de l’UNESCO[2] révèlent que 20 % des enfants âgés de 6 à 11 ans, 30 % des enfants âgés de 12 à 14 ans et 60 % des enfants âgés de 15 à 17 ans ne sont pas scolarisés en Afrique. Cela montre que, même si le taux de scolarisation a augmenté, le taux d’abandon scolaire reste élevé.

Quels obstacles à l’accès à l’éducation pour tous en Afrique

Les conséquences des crises mondiales

L’impact de la pandémie de covid-19 et de la guerre en Ukraine, a exacerbé les inégalités existantes et mis en lumière la fragilité des systèmes éducatifs. De nombreux enfants ont vu leur éducation interrompue, certains ne retourneront jamais en classe. Cette situation est inacceptable, car l’éducation est le socle sur lequel chaque enfant doit pouvoir construire sa vie et contribuer à la société.

L’accès à l’éducation pour tous

En outre, l’inaccessibilité physique et économique à l’éducation, les conditions précaires d’enseignement (effectifs trop nombreux, matériels et infrastructures défaillants, y compris sanitaires) et le financement insuffisant du secteur de l’éducation restent des obstacles à la réalisation du droit de l’enfant à l’éducation. L’enseignement scolaire, mais aussi la formation professionnelle et l’apprentissage sont concernés. Ainsi, certains groupes d’enfants sont plus affectés que d’autres en termes d’accès à l’éducation, notamment les filles, les enfants en situation de handicap, les enfants déplacés, les enfants en situation de conflit armé, les enfants en conflit avec la loi, les enfants en situation de rue, les enfants sans état civil, les enfants marginalisés et les enfants vivant dans des zones reculées. 

Le mode de fonctionnement et les infrastructures scolaires

Par ailleurs, l’exclusion peut résulter du mode de fonctionnement des établissements d’enseignement. La violence institutionnelle dans les écoles, y compris les châtiments corporels, les notes « sexuellement transmissibles[3] », le manque d’installations d’hygiène, y compris d’eau potable dans les écoles, les coûts cachés liés à l’enseignement primaire, même lorsque celui-ci est gratuit, et la discrimination à l’encontre des filles enceintes et mariées sont des formes d’exclusion qui émanent de pratiques ou de réglementations en matière d’éducation et du fonctionnement des écoles. 

Des pratiques néfastes qui subsistent

En outre, les pratiques néfastes qui prévalent dans certains pays en Afrique, telles que le mariage forcé ou précoce des enfants, les mutilations génitales féminines, les pires formes de travail des enfants, la mendicité des enfants etc., empêchent les enfants de jouir de leur droit à l’éducation. L’impact de l’absence de services de santé sexuelle et reproductive sur la pleine jouissance du droit à l’éducation s’observe de manière frappante en Afrique[4]. En conséquence, les grossesses précoces et le manque d’accès aux serviettes hygiéniques figurent parmi les principales raisons de l’abandon scolaire des filles, ce qui perpétue et accroît la disparité entre les hommes et les femmes dans les classes supérieures[5]. La prévalence de l’exploitation et des violences sexuelles à l’encontre des enfants et le manque de services pour les survivants est un autre facteur qui oblige les enfants, en Afrique, à quitter prématurément l’école.

De nombreuses situations d’urgence

Le droit des enfants à l’éducation est également fortement affecté par les conflits en raison de la fermeture des écoles, des attaques contre les écoles et du recrutement d’enfants dans les forces et groupes armés. Les situations d’urgence telles que les pandémies et les catastrophes naturelles, le changement climatique et les migrations ont entraîné une régression de certains des progrès accomplis dans la réalisation du droit à l’éducation. Des politiques et des stratégies très lacunaires face aux situations émergentes et le manque de préparation aux situations d’urgence, en particulier dans le secteur de l’éducation, exacerbent leur impact négatif sur le droit à l’éducation.

La pauvreté et le chômage

La pauvreté et le chômage des parents ou des proches qui ont la charge de l’enfant ainsi que l’absence de soutien financier substantiel aux familles de la part des États sont également des facteurs qui privent les enfants africains de leur droit à l’éducation. L’enseignement préscolaire public est très peu développé et principalement assuré par le secteur privé dont les prix sont inabordables pour la plupart des familles en situation de précarité[6]. De même, la formation professionnelle est peu valorisée et coûteuse pour les élèves qui sortent du système scolaire classique.

Pourquoi célébrer cette Journée de l’enfant africain ?

Célébrer la Journée de l’enfant africain, c’est se souvenir du massacre d’enfants au cours de l’apartheid en Afrique du Sud et rappeler que chaque enfant, où qu’il soit en Afrique, a des droits. Cette année, le droit d’accéder à une éducation de qualité est mis en exergue. Nous ne célébrons pas seulement les progrès accomplis, nous appelons à une action collective et renouvelée pour surmonter les défis qui perdurent.

En Afrique, une personne sur deux est un enfant[7] et la population d’enfants est estimée à un milliard en 2055, ce qui fait du continent, celui comptant le plus grand nombre d’enfants[8]. que l’investissement dans les enfants est donc essentiel et déterminant pour le développement de l’Afrique.

L’éducation joue un rôle central dans la création d’une société qui tient dûment compte des droits de l’homme, dont les droits de l’enfant font partie intégrante, de la primauté du droit et du respect envers l’autre.

Le BICE et l’OIEC lancent un appel

En application de l’article 11 de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, des articles 28 et 29 de la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant et pour atteindre l’ODD 4, le BICE et l’OIEC appellent les États africains à :

  • Prendre toute mesure nécessaire et efficiente pour permettre l’accès effectif et durable de tous les enfants sur leur territoire à une éducation primaire obligatoire et gratuite et à une éducation secondaire généralisée et rendue accessible à tous par tous les moyens par l’instauration progressive de sa gratuité.
  • S’assurer que tous les élèves scolarisés soient « traités avec humanité et respect pour la dignité inhérente de l’enfant conformément à la charte africaine ».
  • Construire et renforcer les infrastructures éducatives, notamment en s’appuyant et soutenant les institutions locales éducatives.
  • S’assurer que la formation initiale et continue des enseignants soient de qualité.
  • Mettre en place des politiques inclusives qui prennent en compte les besoins spécifiques de tous les enfants, y compris ceux qui sont en situation de vulnérabilité ou marginalisés.

[1] UNESCO & UA, rapport continental sur l’éducation en Afrique : Placer l’équité au cœur de la politique, 2023, pages 30-38, disponible à l’adresse

[2] Voir 1

[3] Des enseignants abusent harcèlent sexuellement des élèves, imposent des relations sexuelles, en échange de bonnes notes https://www.thenewhumanitarian.org/fr/actualit%C3%A9s/2008/10/23/%C2%AB-les-notes-sexuellement-transmissibles-%C2%BB-tuent-la-qualit%C3%A9-de-l%E2%80%99enseignement

[4] As above; ACERWC, Assessment of the First Phase of Implementation of Agenda 2040 (2016-2020), page 95

[5] Comme 3. ; CAEDBE, Évaluation de la première phase de mise en œuvre de l’Agenda 2040 (2016-2020), page 95

[6] Comme 9., page 90.

[7] https://www.unicef.org/wca/fr/ce-que-nous-faisons

[8] Nations Unies, Département des affaires économiques et sociales, Division de la population, Perspectives de la population mondiale, The 2017 Revision, Nations unies, New York, 2017

Projets du BICE en Afrique

Depuis le début des années 1980, le Bureau international catholique de l’enfance (BICE) est présent auprès des enfants d’Afrique à travers des projets sur l’accès à éducation, la justice juvénile, l’inclusion des enfants en situation de handicap, le soutien à des activités génératrices de revenus, la lutte contre la violence, qui sont menés avec des organisations locales membres de son réseau. Actuellement, le BICE et ses partenaires développent des actions dans sept pays d’Afrique subsaharienne : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Mali, République démocratique du Congo, Togo.

Actions du BICE pour favoriser l’accès à une éducation de qualité

Le BICE accompagne plusieurs projets « Éducation », en fonction des besoins évalués, à travers le monde dont en Afrique.

RD Congo

A l’est de la République démocratique du Congo, le projet Écoles sans Murs 2, mis en œuvre par ses membres Ghovodi et Peder, organise des renforcements de capacités sur les droits pour les élèves et les adolescents vulnérables ; initie deux bibliothèques pour favoriser les devoirs du soir des élèves et deux ludothèques pour développer l’éveil des jeunes enfants avec leurs mères mineures ou encore propose des formations à la gestion d’activités génératrices de revenus pour les adolescents en difficulté en cours de réinsertion.

Aussi, plus spécifiquement dans la province du Nord-Kivu qui souffre de conflits armés qui ne cessent de s’intensifier depuis juin 2022 obligeant des centaines de milliers de familles à fuir, le BICE et son membre Men and Women Working Together agissent en faveur d’enfants entassés dans les camps autour de Goma en leur donnant accès à une collation et en favorisant leur inclusion auprès des élèves du voisinage et des enseignants qui, désormais, sensibilisés sont attentifs à la résilience de ces enfants.

Côte d’Ivoire

Dans le cadre de son projet Enfance sans Violences en Côte d’Ivoire, des sensibilisations sont organisées par DDE-CI, le partenaire local du BICE à Abidjan, pour les élèves délégués dans les lycées afin de prévenir diverses formes de violences, favoriser le signalement des abus et soutenir précocement les victimes. Les élèves formés organisent ensuite des évènements pour partager avec leurs pairs, les messages clés d’identifications des violences et de dénonciation.

En outre, pour appuyer la mission des Sœurs de la Charité de Nevers, le BICE soutient les 115 enfants scolarisés auprès de l’école Sainte Bernadette à Djékanou. La mise en service d’un puits foré, la distribution d’un repas nutritif les jours de classe, l’engagement d’un chauffeur pour assurer le transport des enfants vers l’école permettent de créer les conditions pour garantir la jouissance effective du droit à l’éducation.

Bénin

Au Bénin, le BICE accompagne ESAM, une association qui gère une école primaire dans une zone rurale où l’école publique est défaillante ; de plus, des goûters et des fournitures scolaires  sont offerts aux plus vulnérables.

Mali

Au Mali, à Sikasso, le BNCE-Mali mène un projet de soutien  en direction de filles et garçons en situation d’échec scolaire et propose aux plus grands d’accéder à la formation professionnelle.

 

Actions de l'OIEC pour l'Afrique

L’Office International de l’Enseignement Catholique (OIEC) s’engage activement en Afrique pour améliorer les conditions éducatives, soutenir la santé mentale des jeunes et promouvoir l’égalité des sexes. Dans le cadre de son action globale, l’OIEC a développé plusieurs initiatives clés pour répondre aux défis spécifiques du continent africain.

Webinaire sur la prévention de la violence et du crime en milieu scolaire

En 2023, l’OIEC a organisé un webinaire d’envergure axé sur la prévention de la violence et du crime en milieu scolaire africain. Cet événement en ligne a réuni des experts en éducation, des responsables d’organisations dont le BICE et des leaders communautaires de toute l’Afrique pour discuter des stratégies efficaces afin de créer un environnement scolaire sûr et propice à l’apprentissage. Le webinaire a abordé des thèmes cruciaux tels que la gestion de la discipline, la médiation de conflit, et l’intégration de programmes éducatifs visant à renforcer la résilience des jeunes face à la violence et à la criminalité.

Publication sur la santé mentale des jeunes

Reconnaissant l’importance croissante de la santé mentale, l’OIEC travaille actuellement à la rédaction d’un ouvrage dédié à la santé mentale des jeunes. Ce livre, fruit d’une collaboration entre spécialistes, éducateurs et responsables d’organisations, explore les divers aspects de la santé mentale des jeunes, les défis spécifiques qu’ils rencontrent en Afrique et dans le monde, et les moyens d’intégrer efficacement le soutien psychologique dans les écoles. L’ouvrage permettra aux communautés éducatives d’ouvrir le débat au sein de leur établissement et de mieux comprendre et répondre aux besoins en santé mentale des élèves.

Promotion de la place de la femme dans le monde

L’OIEC est également engagé dans un travail de réflexion et d’action concernant la place de la femme dans le monde, et notamment dans les environnements éducatifs en Afrique. À travers des supports pédagogiques, des webinaires, l’organisation œuvre à promouvoir l’égalité des sexes et à encourager une représentation équilibrée des femmes dans tous les aspects de la vie. Ces initiatives visent à déconstruire les stéréotypes, à combattre les discriminations et à inspirer les jeunes filles à poursuivre leurs ambitions sans restriction.

Ces actions de l’OIEC en Afrique reflètent un engagement profond pour l’amélioration de l’éducation, le soutien à la santé mentale et la promotion de l’équité. En mettant en œuvre ces initiatives, l’OIEC contribue à façonner un avenir où chaque jeune en Afrique peut accéder à une éducation de qualité, bénéficier d’un soutien en santé mentale adéquat et vivre dans un environnement où l’égalité des sexes est activement promue.

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