« Les 15 premiers jours, je dormais par terre. J’avais tout juste la place de m’allonger tellement on était nombreux. Avec les autres nouveaux, nous étions réveillés à 4h du matin pour aller ramasser les matières fécales un peu partout dans le pavillon. Et puis, pour avoir de la nourriture, on devait travailler pour un ancien. C’était vraiment très dur. » Ronaldo, aujourd’hui âgé de 21 ans, voit sa vie basculer alors qu’il a 17 ans. Il vient d’emménager avec son père à Kinshasa, après avoir passé son enfance aux côtés de sa tante paternelle dans le centre du pays, quand des voisins viennent l’accuser de faits graves. Ce jour-là, son père est absent. Publiquement incriminé, humilié, il est emmené par le voisinage dans un cachot militaire. Puis placé par le tribunal dans la prison centrale de Makala, en attendant le jugement.
Les nouveaux à la merci des anciens dans une prison surpeuplée
À son arrivée, ses conditions de détention sont épouvantables. À la merci des mineurs détenus depuis plus longtemps, il doit exécuter les corvées les plus pénibles et ne dort presque pas. « La prison centrale de Makala, le plus grand centre pénitentiaire de Kinshasa, est surpeuplée. Les enfants sont placés dans le pavillon 10A, séparés des adultes. Actuellement, 377 garçons, 7 filles et 19 bébés avec leur mère y sont emprisonnés. Il y a aussi 6 femmes enceintes. Et les conditions décrites par Ronaldo n’ont malheureusement pas changé », témoigne notre partenaire, le BNCE-RDC, qui se bat pour une justice adaptée pour les enfants.
Dès qu’il prend connaissance du dossier, le BNCE-RDC s’attache donc à améliorer, aux côtés de la famille de Ronaldo, les conditions de détention de l’adolescent, tout en l’aidant sur le plan juridique. Menées rapidement, les expertises innocentent Ronaldo qui est libéré au bout d’un mois. Toutefois, le traumatisme est tel qu’il est hospitalisé peu de temps après.
Pour une justice adaptée qui favorise la réinsertion des enfants
« L’expérience carcérale peut laisser des séquelles profondes, durables. De plus, bloquer un enfant dans son élan de développement, interrompre sa scolarité n’est pas de nature à l’aider. Pour toutes ces raisons, nous promouvons dans le cadre du programme Enfance sans barreaux du BICE, la mise en place d’alternatives à la détention et la réinsertion. Et ce, auprès des différents acteurs de la justice juvénile dont les magistrats, souligne le BNCE-RDC. Il est également essentiel de développer l’accès à l’assistance juridique et que celle-ci commence dès l’interpellation. »
Outre ses actions de plaidoyer et de formations pour une justice adaptée aux enfants, et son appui juridique et social tout au long de la procédure, le BNCE-RDC accompagne les enfants pour favoriser leur réinsertion. Ronaldo reçoit donc, pendant et après l’hospitalisation, un soutien sur le plan psychologique. Et sa scolarité est en partie financée par notre partenaire. Une médiation familiale est aussi mise en place, notamment pour expliquer la situation à sa grande sœur qui accepte de l’héberger afin qu’il ne retourne pas vivre dans le même quartier.
Un bel exemple de résilience et de générosité
Ce soutien joue un rôle capital pour Ronaldo qui réussit brillamment à l’école. Il aime aussi donner de son temps pour aider les autres. Aujourd’hui étudiant en 2e année à l’Université, il se mobilise pour deux causes : la lutte contre la faim et la promotion de la langue française auprès de lycéens et d’étudiants. Un bel exemple de résilience et de générosité. On lui souhaite plein de réussites !