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© Dr.D-Byrne
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L’Eglise en lutte contre les abus sexuels des enfants

La congrégation des Frères des Ecoles Chrétiennes regroupe des centaines d’écoles dans le monde, dans la grande mission éducative lasallienne. L’organisation est membre de longue date du réseau BICE.  

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Récemment élu Supérieur Général de l’Institut des Frères des Ecoles Chrétiennes, Frère Robert Schieler est particulièrement attentif à la protection des enfants dans la Congrégation, un sujet qui touche de près le combat du BICE contre les abus sexuels des enfants. Pour illustrer le travail de terrain effectué par de nombreuses congrégations sur ce sujet si difficile, nous lui avons demandé d’évoquer avec nous les mesures prises par son institution.

Comment est née la politique interne de protection de l’enfant de votre Congrégation ?

Chaque année, le Supérieur Général écrit une lettre pastorale à tous les Frères de l’Institut.

En 1999, le Supérieur Général d’alors, Frère John Johnston, avait intitulé sa lettre « De la défense des enfants, du Règne de Dieu et de la Mission lassallienne ». Sa thèse était la suivante : « La situation des enfants pauvres dans le monde d’aujourd’hui est un scandale inqualifiable, et notre charisme lasallien nous invite à faire de la solidarité avec les enfants négligés, abandonnés, marginalisés et exploités le point central de notre mission ». Frère John poursuivait en mettant en évidence les nombreuses violations des droits de l’enfant dans le monde, précisant que « des millions d’enfants, filles et garçons, sont victimes d’abus sexuels, souvent accompagnés de violence physique. ».

Dans sa lettre aux Frères de l’Institut du 21 Octobre 2002, son successeur, le frère Alvaro Rodriguez Echeverria, allait plus loin en précisant que les politiques de protection contre l’abus sexuel de chaque province devaient veiller à ce que les droits et le bien-être des victimes soient tenus pour prioritaires.

Dès cette même année, le Centre de l’Institut a fourni aux provinces différents modèles de politique de prévention qu’ils pouvaient adopter et/ou adapter à leur situation locale. En 2004, une équipe de six frères ont été reçus à Rome pour examiner les politiques adoptées par les provinces, mais aussi pour élaborer les lignes directrices d’une politique de prévention contre les abus sexuels, physiques et émotionnels. Celle-ci comportait une définition de l’abus, les procédures à suivre, le rôle des chefs de province dans le soutien pastoral aux victimes, l’attention pastorale aux personnes suspectées d’abus, et la surveillance des délinquants avérés. Elle insistait sur la nécessité d’établir, si ce n’était pas encore le cas, un programme de formation propre à prévenir toutes les formes d’abus.

Comment cette politique s’applique-t-elle dans les différentes régions où la Congrégation est présente ?

Les provinces de l’Institut des Frères des Écoles Chrétiennes sont autonomes. Chaque province est responsable de sa propre politique de protection des enfants, laquelle doit être établie dans le respect des lois du pays concernant la protection des enfants. Elle est en outre tenue de la mettre régulièrement à jour et d’en fournir une copie au Centre de l’Institut.

Conscient de l’importance de la formation de ses membres sur la nature de l’abus sexuel et les différences qui existent à ce sujet dans les nombreux pays où l’Institut est présent, des sessions de formation sont menées tous les deux ans à l’attention des nouveaux membres. Elles comprennent une formation aux politiques de protection déjà mentionnées, mais aussi des études de cas pour aider les dirigeants à comprendre l’omniprésence de l’abus dans toutes les cultures.

Avez-vous observé des résistances de la part des intéressés ?

Je ne dirais pas de résistances, mais un sentiment, chez certains participants, de n’être pas concernés par les cas d’abus qui selon eux n’étaient perpétrés que dans le monde anglo-saxon. Après quelques séances de formation au Centre de l’Institut, toutes les provinces ont pris conscience de la nécessité d’une politique de protection de l’enfance pour elles-mêmes.

Quels sont les effets positifs déjà enregistrés ?

Les effets positifs sont nombreux : une meilleure connaissance de l’ampleur et de la fréquence des abus sur enfants, de la nature de ces abus, de la façon de les prévenir et les moyens d’identifier les agresseurs potentiels. Nous constatons aussi que les membres de la Congrégation sont plus attentifs les uns aux autres au sein de la communauté et que nous avons mieux pris conscience que nous sommes tous responsables de la protection de ceux qui sont confiés à nos soins.

Dans ses programmes de formation, l’Institut apporte une meilleure préparation des ses futurs membres sur ces questions. L’évaluation des candidats comprend également une meilleure prise en compte de leur développement psycho-sexuel et de leur maturité affective pour vivre une vie religieuse saine dans le célibat. Nous ne devons jamais perdre de vue la tragédie de l’abus sexuel et l’importance de sa prévention.

Nous devons rester vigilants et savoir anticiper. Nos Chapitres Généraux ont lieu tous les sept ans. A chaque fois, nous passons en revue nos actions pour la protection des droits de l’enfant.

En 1993 par exemple, lors de notre 42e Chapitre général, nous avons exhorté les Chapitres provinciaux à évaluer leurs projets et travaux pour la promotion de la justice des mineurs, l’amélioration de l’alphabétisation et la promotion les droits de l’enfant. En 2000, il a été décidé que les droits de l’enfant étaient un axe majeur de notre mission éducative, en particulier afin de détecter les violations qui y sont faites, d’en avertir les autorités locales et de veiller à ce que nos écoles et universités enseignent les droits de l’enfant et les respectent. En 2007, nous avons appelé à la mise en place de nouveaux programmes pour l’accompagnement des enfants, des jeunes et des familles dans des situations à risque. Enfin, l’année dernière, lors de notre dernier Chapitre, nous nous sommes engagés à sensibiliser les Lasalliens à agir sur les défis auxquels sont confrontés les enfants et les jeunes, et à continuer à défendre leurs droits, conformément aux propositions du BICE.

Le BICE organise le 20 mai prochain un Congrès au Collège des Bernardins intitulé “L’abus sexuel des enfants : mécanismes de protection et resilience”. Entrée libre sur inscription préalable.

Pour en savoir plus  

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