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Qu’est-ce qu’une personne résiliente ?

Une personne résiliente a la capacité d’affronter et de surmonter des situations difficiles ou traumatiques. Elle peut parfois même sortir de ces épreuves en étant renforcée. Chez un enfant, nous parlons de résilience quand celui-ci a la capacité de s’adapter et de se développer de manière équilibrée en dépit de son exposition à des situations de stress.

Comment définir plus précisément ce qu’est la résilience ?

La résilience induit un changement de regard

La résilience est un processus qui implique qu’une personne confrontée à l’adversité développe une nouvelle interprétation de ce qu’elle vit ou a vécu. Un changement de regard qui ouvre la porte à de nouvelles idées et stratégies d’action (Stefan Vanistendael, sociologue et ancien responsable de l’Unité Recherche et Développement du BICE).

Ainsi, tout en reconnaissant les problèmes, la personne résiliente cherche au-delà de la simple réparation, les ressources positives, même modestes, qui l’aideront à reconstruire sa vie.

Comment être plus résilient ?

Pour activer le processus de résilience, l’être humain peut avoir besoin d’une tierce personne qui l’aide à prendre conscience de ses ressources internes et externes. Des ressources essentielles pour faire face aux défis que la vie lui soumet. Ces personnes peuvent être appelée tuteurs de résilience.

Les tuteurs peuvent l’être sans en avoir réellement conscience. Ils font, dans ce cas-là, en général partie de l’entourage (ami, famille…). Les tuteurs peuvent aussi être des professionnels formés pour accompagner les personnes qui en ressentent le besoin dans ce processus de résilience. Cela peut-être par exemple des éducateurs, des enseignants, des travailleurs sociaux, des psychologues.

La résilience est un processus de reconstruction            

Dans une perspective socio-éducative et psychosociale, la résilience peut être définie comme un processus de reconstruction qui s’appuie sur des facteurs personnels, internes, et des facteurs externes, liés à l’environnement dans lequel vit la personne concernée (José María Madariaga, 2014). Ce n’est pas une variable fixe ou linéaire, ni une formule mathématique, d’où sa complexité. Elle se révèle en effet comme quelque chose de bien plus profond que la simple capacité de résistance à laquelle elle est parfois associée.

La résilience : une association de quatre éléments fondamentaux

Ainsi quatre éléments fondamentaux forment la résilience.

  • En premier lieu, la résilience est une capacité de la personne et/ou de la communauté, ce qui signifie qu’il est toujours possible de la renforcer. Certains la développent plus facilement que d’autres, en fonction des ressources individuelles et du contexte du moment. (Jacques Lecomte, 2005 ; Suniya S. Luthar & Gretta Cushing, 1999 ; A.S. Masten & J.L. Powell, 2003).
  • Le deuxième pilier est lié à l’adaptation. La résilience implique un processus d’adaptation ; au cours duquel le sujet panse ses blessures, se reconstruit. Certaines personnes peuvent être résilientes en un an, d’autres en dix. C’est un processus subjectif, il ne faut donc pas mettre de dates ou de limites de temps. Généralement, la personne prend conscience d’avoir vécu un processus de résilience des années après les événements.
  • Le processus de résilience se traduit par une adaptation positive, c’est le troisième point. Il s’agit d’une adaptation positive car elle apporte une évolution et de nouveaux défis que la personne n’avait peut-être jamais envisagés auparavant. C’est une reprojection dans l’avenir et non un recommencement à zéro. Ce n’est donc pas un retour à l’état antérieur aux blessures. Il s’agit de donner un sens aux blessures.
  • Le dernier point est lié au rôle des ressources internes et externes de chacun dans le processus de résilience. Pour chaque personne, ces facteurs de résilience peuvent être identifiés. À noter qu’ils peuvent aussi évoluer dans le temps, selon la situation. Parmi les éléments qui contribuent à la résilience, il peut y avoir le sentiment d’être fondamentalement accepté par une autre personne (famille, ami…) – sans que cela implique nécessairement approbation de tous les comportements -, la capacité de trouver un sens à sa vie, l’estime de soi ou encore un sens de l’humour constructif. Ainsi pour accompagner une personne vivant dans une situation difficile, il est essentiel d’aller au-delà de sa vulnérabilité. Il est primordial de prendre en compte le rôle des différents facteurs. Car s’il y a des facteurs internes et externes de résilience, il existe aussi des facteurs internes et externes de non-résilience.

Une citatrice toujours présente, mais moins profonde

En résumé, nous pouvons dire que la résilience est la capacité d’un être humain ou d’une communauté à faire face à des expériences difficiles et à en sortir renforcé. Et ce, grâce à un processus lié à des facteurs internes et externes qui amène l’être humain ou la communauté à s’adapter positivement à la nouvelle réalité, à grandir. Ainsi, la cicatrice est toujours présente ; elle fait partie de cette nouvelle vie, mais avec un autre niveau de profondeur (S. Vanistendael, 2005).

Pour finir, précisons que le processus de résilience ne s’observe pas en tant que tel. Ce sont ses conséquences qui peuvent être constatées : des parcours de vie qui surprennent. C’est à dire des personnes dont la vie a été très difficile et qui malgré cela restent positives, souriantes, engagées, sans prétention. 

Ainsi, la résilience reste difficile à étudier. Cette complexité est un défi auquel tous les chercheurs sont confrontés. Mais cela a aussi permis d’enrichir le débat et de conduire ce concept vers de nouvelles frontières (B. Cyrulnik, 2014 ; Grané & Forés, 2019 ; G. Puig & J.L. Rubio, 2011 ; M. Ungar, 2018 ; S. Vanistendael, 2014). Aujourd’hui, on parle en effet de résilience dans les sciences humaines et sociales, mais aussi en économie, urbanisme, biologie, etc.

Quelques définitions de la résilience

La résilience est ancrée dans la vie quotidienne, c’est pourquoi la littérature nous en propose différentes définitions. En voici quelques-unes :

« La résilience est la capacité d’un individu ou d’un groupe à surmonter de grandes difficultés et à s’épanouir en présence de grands risques. Il peut s’agir d’un traumatisme, de l’extrême pauvreté, d’une maladie grave, d’un deuil ou d’autres problèmes. Le journal d’Anne Frank ou la vie de Nelson Mandela en sont des exemples célèbres. » Stefan Vanistendael, sociologue et responsable de l’unité Recherche et Développement du BICE de 1979 à 2016.

« La résilience est cette vertu de générer des espaces de possibilités qui nous permettent d’atteindre l’excellence humaine, le plus haut potentiel humain pour vivre une vie meilleure. » (Anna Forés et Jordi Grané, 2019). Dans cette perspective, tous les êtres humains et toutes les communautés sont invités à l’exercice de la résilience, en s’adaptant constamment.

« La résilience est la capacité d’un système à s’adapter, avec succès, face aux menaces et aux risques qui mettent en danger sa fonction, son développement ou sa viabilité… Le concept peut être appliqué à divers types de systèmes, avec différents niveaux d’interaction : un micro-organisme, un enfant, une famille, un système de sécurité, un système économique ou le changement climatique. » Anna S. Masten (2014) montre également la nécessité d’une approche multidisciplinaire avec une approche holistique, globale.

« La résilience est la capacité à rebondir face à l’adversité, à s’adapter, à se rétablir et à retrouver l’accès à une vie pleine de sens et productive. » Jorge Rodríguez, Mônica Zaccarelli & Davoli Ricardo Pérez(2006) mettent ici l’accent sur le fait de donner un sens aux événements.

« La résilience humaine est définie comme la capacité d’un biosystème (personne, famille ou communauté) à s’orienter vers certaines ressources susceptibles de maintenir son fonctionnement positif dans des situations de stress. Cette façon de gérer lui permet d’obtenir les ressources qui lui permettent de donner un sens à l’expérience vécue. » Michael Ungar (2011), comprend des éléments au-delà de la personne.

« Ressources des groupes humains ou des sociétés pour faire face aux adversités et rechercher ensemble la réalisation de leur bien-être. » Suarez Ojeda, en relation avec la résilience de la communauté.

Pour aller plus loin :

Bibliographie

Cyrulnik B. & Jorland G. (2012). La résilience : connaissances de base. Odile Jacob 

Cyrulnik B. (2014). La resiliencia en el siglo XXI. In J. Madariaga (Ed.), Nuevas miradas sobre la resiliencia. Gedisa.

Grané J. & Forés A. (2019). Los patitos feos y los cisnes negros. Plataforma Editorial.

Lecomte J. (2005). Les caractéristiques des tuteurs de résilience. Recherche en soins infirmiers, N° 82(3), 22. https://doi.org/10.3917/rsi.082.0022

Luthar S.S. & Cushing, G. (1999). The construct of resilience: Implications for interventions and social policy. Development and Psychopathology, 26(2), 353–372.

Masten A.S. & Powell, J. L. (2003). A Resilience Framework for Research, Policy, and Practice. In S. S. Luthar (Ed.), Resilience and Vulnerability (pp. 1–26). Cambridge University Press. https://doi.org/10.1017/CBO9780511615788.003

Masten A.S. (2014). Global Perspectives on Resilience in Children and Youth. Child Development, 85(1), 6–20. https://doi.org/10.1111/cdev.12205

Puig G. & Rubio J.L. (2011). Manual de resiliencia aplicada. Gedisa.

Ungar M. (2018). Systemic resilience : principles and processes for a science of change. In Ecology and Society 23, 23(4). https://doi.org/https://doi.org/10.5751/ES-10385-230434

Vanistendael S. (2014). Resiliencia: el reto del cambio de mirada. In B. Cyrulnik (Ed.), Nuevas miradas sobre la resiliencia. Gedisa. Mettre les pubications BICE de Stéphane

Vanistendael S. (2005). La resiliencia: desde una inspiración hacia cambios prácticos. 2 Congreso Internacional de Los Transtornos Del Comportamiento En Niños y Adolescentes, pagina 8, 1–13.

Vanistendael S. (2015). La Résilience ou le réalisme de l’espérance : Blessé, mais pas vaincu. Ed. actualisée, Les Cahiers du BICE.

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