Forts d’une longue expérience dans ce domaine, le BICE et trois de ses organisations partenaires du programme Enfance sans Barreaux sont intervenus, aux côtés de 12 autres experts, lors du colloque international « Justice réparatrice, résilience et sport en jeu » organisé avec l’Université catholique le 17 octobre à Milan.
Le cas des enfants en conflit avec la loi
Devant plus de 300 étudiants (en droit et psychologie notamment), enseignants et représentants d’ONG, plusieurs intervenants se sont concentrés sur le cas des enfants en conflit avec la loi et sur les atouts de la justice juvénile réparatrice. Un modèle qui, contrairement à la privation de liberté, respecte les droits des enfants et des adolescents en conflit avec la loi. Un modèle qui permet aux jeunes concernés de se reconstruire, de recréer des liens sociaux, tout en étant, bien sûr, tenus responsables de leurs actes.
Bruno Van der Maat, membre de OPA Niños Libres* et professeur à l’université catholique Santa Maria à Arequipa au Pérou, a notamment insisté sur le droit de l’enfant d’être entendu et sur l’importance de favoriser la parole dans les processus de justice juvénile réparatrice. Une conclusion reprise par Irene Gallego de la fondation Amigó (Religieux Tertiaires Capucins- RTC) en Espagne qui a également insisté sur la nécessité de développer les actions de prévention. « Au sein même des familles, dans le cas de l’Espagne, puisque dans ce pays, la violence filioparentale est le crime le plus répandu chez les mineurs. » Ces missions de prévention peuvent passer, entre autres, par des activités sportives.
Le sport, facteur de socialisation
Dans le cadre des initiatives portant sur la justice réparatrice mises en place par les partenaires du BICE, le sport et le jeu libre jouent en effet un rôle important. En Colombie, l’expérience de la Coupe de football Niñez sin Rejas* est remarquable. « Cet outil pédagogique renforce la capacité réparatrice des adolescents qui vivent des mesures non carcérales. Il leur permet notamment de développer des relations fortes dans un environnement de saine compétition. Les jeunes se retrouvent ainsi une place au sein d’un groupe », explique Diana Herreño des RTC en Colombie.
Eric Digbé de Dignité et Droits pour les Enfants en Côte d’Ivoire a, lui, insisté sur les bienfaits du sport chez les enfants et adolescents détenus dans les prisons de son pays : « Ils sont soumis à la promiscuité, la précarité, la faim, l’arbitraire et à un contrôle fort. Dans le cadre de notre projet, nous leur proposons des exercices en plein air. Des moments où ils peuvent s’amuser, tout en suivant les règles du jeu, du vivre ensemble, et en participant à un projet commun. Ça leur fait du bien. »
Le cas des enfants en situation d’urgence
Le témoignage de Reem Bazzal, coach de l’école de sport du projet Fratelli au Liban soutenu par le BICE à travers ses formations Tuteurs de résilience, va dans le même sens. « Victimes de discrimination et de ségrégation, les enfants réfugiés que nous accueillons entrent dans le processus de résilience, grandissent, guérissent, en partie grâce au sport. Ce dernier nous a permis de réduire les situations de conflit, d’accroître le bien-être émotionnel des enfants, d’ouvrir le dialogue interculturel, de créer un environnement plus sûr et d’augmenter la participation de filles. »
Enfin, Chantal Paisant, représentante du BICE auprès de l’Unesco, s’est arrêté sur le drame des adolescentes kidnappées au Nigeria en 2014 par le groupe Boko Haram. Elle a insisté sur le droit des filles à l’intégrité du corps, la protection, l’éducation. Et a souligné l’urgence de travailler de manière globale la résilience de ces adolescentes blessées, afin de les réconcilier avec la vie. « Le sport pourrait en effet contribuer à ce processus », a-t-elle conclu.
Ce partage de connaissances et d’expériences concrètes autour d’enfants vivant dans les périphéries, d’enfants en conflit avec la loi et d’enfants déplacés notamment à cause des conflits armés a permis de mieux identifier les instruments utiles à leur accompagnement dont le sport et autres activités récréatives. Ce colloque, en mettant en avant les articles 31, 37 et 40 de la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE*), a célébré aussi le 30e anniversaire de cette convention. Et a été l’occasion d’une rencontre enrichissante entre chercheurs, professionnels et étudiants engagés dans la défense des droits des enfants et adolescents.
*Enfants libres
Enfance sans barreaux
CDE (aussi appelée CIDE en France)