Zinenani est l’ainée d’une famille de trois enfants. À la mort de son père, sa mère est rattrapée par la pauvreté. Alors qu’elle arrive à peine à nourrir toute la famille, elle ne peut plus payer les frais de scolarité de ses enfants. Une situation désespérée qui la pousse à accepter de marier sa fille de 13 ans à un homme de 30 ans. « Il me faisait des cadeaux et nous aidait à payer des choses pour la maison… Ma mère a donc pensé que c’était le seul moyen d’échapper à la pauvreté et je l’ai crue, explique Zinenani. Aujourd’hui, je sais qu’on a eu tort. »
Seule pour élever ses deux enfants, elle est perdue
L’adolescente est obligée d’abandonner l’école. Fini pour elle les sciences, les mathématiques, la lecture à voix haute, des matières qu’elle adore. Fini aussi son rêve de devenir infirmière. « J’étais très triste, mais je savais que je n’avais pas le choix. » Grâce à ce mariage, sa famille peut vivre correctement, et ses frère et sœur aller à l’école. En revanche, pour Zinenani, les années qui suivent sont particulièrement difficiles. Son mari n’est jamais là ; il ne cesse d’aller voir d’autres femmes. Et il la laisse élever seule leurs deux enfants. Trop jeune, elle est perdue… Et malheureuse. En 2015, il part travailler à l’étranger. Elle ne l’a jamais revu et il n’a jamais pris de nouvelles des enfants.
« Une battante et d’un grand optimisme »
Peu après le départ de son mari, Zinenani rencontre notre partenaire local, ANPPCAN* qui lui propose son soutien. Elle rêve de retourner à l’école. Il paye donc sa scolarité et ses fournitures scolaires jusqu’à la fin de ses études secondaires (pendant 4 ans). Puis l’aide à entrer en école de couture où elle obtient d’excellents résultats. « Pendant tout ce temps, elle s’est battue pour nourrir ses deux enfants et sa mère chez qui elle était retournée vivre. Elle est d’un grand optimisme et c’est une battante », souligne notre partenaire.
Aujourd’hui, Zinenani a 26 ans. Elle va bien, travaille. Et s’occupe de sa maman âgée de 67 ans et de ses deux enfants de 10 et 12 ans, tous les deux scolarisés.
*African Network for Protection and Prevention Against Child Abuse and Neglect Malawi Chapter (ANPPCAN)
Actions de notre partenaire ANPPCAN
En moyenne, notre partenaire accompagne une cinquantaine de jeunes filles par an (scolarité, santé, alimentation…). De plus, après le premier confinement, qui a vu le nombre de mariages et de grossesses précoces exploser, le BICE a mené avec lui un projet spécifique. Grâce à des cliniques mobiles, il a pu informer sur le plan médical et nutritionnel plus de 250 jeunes filles tombées enceintes pendant cette période de fermeture des écoles. Il a également réussi à convaincre 186 familles de l’importance pour leur fille de retourner en classe.
Changer les mentalités grâce à des actions de sensibilisation
En parallèle, ANPPCAN organise des actions de sensibilisation, essentielles pour faire changer les mentalités. « Plusieurs facteurs expliquent les mariages d’enfants au Malawi, précise notre partenaire. Le plus important, selon nous, est la pauvreté. Beaucoup pensent en effet que le mariage d’une fille réduit les dépenses familiales et augmente temporairement le revenu familial. Autre facteur, la tradition et le fait que les filles et jeunes femmes continuent à être identifiées sur le plan social exclusivement comme des épouses et des mères. »
Signaler les mariages précoces aux autorités
Notre partenaire sensibilise ainsi les parents, mais aussi les chefs traditionnels et les éducateurs locaux, aux dangers des mariages précoces et forcés. Mariages interdits dans ce pays avant l’âge de 18 ans. Pour enrayer cette pratique, il demande d’ailleurs à ces derniers de les signaler aux autorités. Notre partenaire intervient aussi dans les écoles. Et il plaide pour que les adolescents aient davantage accès à l’éducation et aux services de planification familiale. Les jeunes manquent en effet cruellement d’informations.