Premier bilan de la salle d’accueil psycho-judiciaire
En septembre 2014, le BICE et ses partenaires, le Centre Otradnoye et La Voix de l’Enfant, ont mis en place à Moscou, une salle d’accueil psycho-judiciaire où les enfants victimes bénéficient d’un environnement bienveillant qui facilite leur audition par les services judiciaires.
L’objectif ? Recueillir la parole de l’enfant victime dans un lieu paisible, sécurisant et aménagé à cet effet, car l’enfant victime est un enfant souffrant avant d’être un enfant plaignant. Enregistrer son témoignage également, pour que l’enfant ne soit pas obligé de le répéter plusieurs fois dans des contextes intimidants (devant témoins, au tribunal…) qui peuvent encore ajouter à son traumatisme.
Suivant l’exemple de lieux d’accueil de ce type existant en France, cette salle a été la première mise en place à Moscou. Aujourd’hui, trois autres salles sont opérationnelles dans des centres municipaux à travers la ville.
Cependant, après quelques mois, ce développement positif s’est tempéré d’un constat : cette salle est encore trop peu utilisée. Seulement cinq auditions avaient été menées dans le cadre d’une procédure judiciaire.
Des professionnels sensibilisés à l’utilisation de la salle d’accueil psycho-judiciaire
C’est pourquoi, dans le cadre du programme « Lutter contre les abus sexuels à l’encontre des enfants », le BICE et le Centre Otradnoye ont organisé, du 26 au 28 octobre 2015, une formation spécifique à destination d’enquêteurs et de psychologues russes.
Nous souhaitions renforcer les compétences des enquêteurs et des psychologues dans le domaine de l’audition de l’enfant victime et les sensibiliser à la nécessité d’utiliser les salles d’audition dédiées. 50 personnes ont suivi les 3 jours de séminaire pratique, qui aura un impact concret sur la manière dont ils exercent leur métier à l’avenir.
Cette formation a été animée par Luc Méchin, Chef à la Brigade de Prévention de la Délinquance Juvénile de Meurthe et Moselle.
Durant la formation, ce dernier a souligné : « En France, lorsqu’en 1998, la loi sur l’audition des mineurs victimes a été adoptée, nous avons commis des erreurs. Il a fallu du temps pour mettre en place de bonnes pratiques et mieux accompagner les enfants. Des journées de formation comme celle organisée aujourd’hui sont importantes afin de permettre un échange de bonnes pratiques entre tous les professionnels concernés pour qu’ils se connaissent. Nous devons tous faire un pas vers l’autre car nous sommes conscients que notre préoccupation commune est la reconstruction de la victime. Nous devons faire nos métiers en fonction de ce qui est important et dans le domaine des violences sexuelles : c’est la victime ».