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Mamadou répare une climatisation dans les locaux d'une entreprise.
Mamadou répare une climatisation dans les locaux d'une entreprise ©DDE-CI

Offrir une seconde chance aux jeunes en situation de rupture

En Côte d’Ivoire, le BICE et son partenaire local, soutenus par l’Agence française de développement (AFD), accompagnent des adolescents ayant été en conflit avec la loi vers une réinsertion durable. Mamadou est l’un d’entre eux. Il nous raconte son parcours.

L’équipe de rédacteurs. Publié le
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Tout s’est dégradé très vite, pour Mamadou, après sa décision d’abandonner l’école. « Un enchaînement de choix malheureux », affirme-t-il aujourd’hui. Il avait alors 15 ans. « Je me suis mis à trainer dans la rue, à fréquenter les mauvaises personnes. J’avais besoin d’argent et j’ai volé. Je me suis retrouvé en prison. » Près de six mois dans la section pour mineurs de la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) en Côte d’Ivoire. « Les premiers jours ont été très durs, se souvient l’adoles­cent. La nourriture était horrible, des vers grouillaient dans la sauce… L’enfermement… C’était effrayant. »

À sa sortie, Mamadou est orienté par un juge vers l’association DDE-CI*, partenaire ivoirien du BICE. « Il est impératif d’accompagner la réin­sertion des enfants ayant été en conflit avec la loi et libérés de prison pour renouer une communication constructive avec leurs parents, les guider dans leur projet de vie et éviter toute récidive, explique Marie-Laure Joliveau, chargée de projets au BICE. L’aide fournie doit être multiple – psychologique, sociale, éducative, professionnelle – et adaptée.** »

Un accompagnement complet pour se reconstruire

Le parcours mis en place est structuré en plusieurs étapes. Des ateliers de résilience appliquée aident les parti­cipants à identifier leurs ressources internes et externes de protection, et à repenser leur avenir. Des groupes de parole et de psycho-éducation permettent aux jeunes de partager leur histoire avec d’autres ayant vécu des expériences similaires et de comprendre les causes et les consé­quences de leur infraction. « Écouter m’a beaucoup appris. J’ai compris que je n’étais pas seul et que, même si la vie est difficile, il ne faut pas prendre de raccourcis et bien réfléchir à nos choix, confie Mamadou. Et puis, raconter mon histoire a été un soulagement. J’ai regardé mes erreurs en face et j’ai réalisé que je pouvais m’améliorer. »

Une activité rémunérée pour un avenir stable

Après cette phase de reconstruction personnelle, Mamadou a appris le métier de technicien en froid et cli­matisation auprès d’un maître arti­san. Et a suivi en février 2024 une courte formation complémentaire sur la gestion d’une activité généra­trice de revenus et sur l’épargne. Un dispositif important pour aider les jeunes, souhaitant se mettre à leur compte, à stabiliser leur activité pro­fessionnelle.

« Ce renforcement peut être pro­posé quel que soit l’apprentissage choisi – soudure, ferronnerie, menui­serie…- mais il faut que les jeunes soient motivés et fassent preuve d’une certaine maturité pour gérer une micro-entreprise, explique Thérèse Bassolé, assistante de projet au sein de DDE-CI. Nous les aidons ensuite à lancer leur activité en leur fournissant les outils dont ils ont besoin et en les intégrant à une association villageoise d’épargne et de crédit. Et puis, nous les suivons pendant plusieurs mois. »

Une relation familiale apaisée

Mamadou a saisi cette opportunité avec enthousiasme. Depuis, son travail porte ses fruits. « J’ai des demandes de particuliers. Et mon ancien maître formateur fait de temps en temps appel à mes services. Je m’en sors de mieux en mieux, j’ai envie de réussir. Pour moi, mais aussi pour mes parents. Ils ont dû rembourser la personne victime de mon vol et se sont beaucoup inquiétés. Aujourd’hui, ils me refont confiance. Grâce aussi à l’ac­compagnement parental proposé par DDE-CI. Je suis content et reconnais­sant… », conclut le jeune homme de 17 ans.


*Dignité et Droits pour les Enfants en Côte d’Ivoire

**En Côte d’Ivoire, Enfance sans Barreaux (EsB) 3 (2023- 2026) et certaines actions d’Enfance sans Violences (EsV) (2022-2024), deux projets soutenus par l’AFD, ont été pensés pour répondre de manière complémentaire aux besoins de soutien psychosocial et de réinsertion de jeunes ayant été en conflit avec la loi. EsB3 prévoit l’accompagnement de 230 enfants (environ 10 % de filles). Dont 30 formés à la gestion d’activités génératrices de revenus.

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