Le chômage frappe durement les jeunes Péruviens, une situation qui pèse particulièrement sur les adolescents qui ont été en conflit avec la loi. Marginalisés et stigmatisés, ces derniers peinent à trouver des opportunités éducatives ou professionnelles. La précarité des conditions de travail dans les secteurs informels ne fait qu’accentuer leur vulnérabilité, rendant leur réinsertion sociale d’autant plus complexe. Confrontés à ces obstacles, beaucoup se retrouvent piégés dans des environnements instables, augmentant le risque de récidive.
C’est dans ce contexte qu’OPA Niños Libres, en partenariat avec le BICE, a développé une initiative originale : former ces jeunes à la gestion d’une activité génératrice de revenus, la vente d’une boisson traditionnelle locale, l’emoliente. Cette infusion à base de diverses plantes, pour s’adapter au goût de chacun, peut être consommée froide ou chaude. Très à la mode au Pérou, y compris auprès de la jeunesse, elle est notamment réalisée dans la rue par des emolienteros postés derrière de grands chariots remplis de casseroles, de bouteilles et d’herbes en tout genre.
Formés à la gestion d’une micro-entreprise
« Notre projet repose sur une approche structurée en plusieurs étapes. Tout d’abord, les adolescents participent à une série de cinq formations, où ils apprennent à comprendre les besoins des clients, à gérer les coûts liés à leur activité et à résoudre les problèmes rencontrés dans un commerce. Le but est qu’ils acquièrent les compétences de base nécessaires pour être autonomes, explique Roberto Cervantes, président de l’associationOPA Niños Libres. Nous les accompagnons ensuite dans l’élaboration de leur plan de développement incluant une analyse du marché, des techniques marketing et de vente, et des prévisions financières. Des connaissances que nos équipes ont pu développer lors d’un cours sur l’accompagnement d’activités génératrices de revenus organisé par le BICE. Et, bien sûr, nous apprenons aux jeunes comment produire cette boisson, quelles herbes associer, etc. »
Une fois formés, les bénéficiaires sont soutenus sur les plans logistique et financier pour pouvoir lancer leur activité. Enfin, l’équipe de notre partenaire local assure un suivi régulier pendant six mois avec, dans les premières semaines, des visites bihebdomadaires. Des échanges qui permettent d’aider les jeunes à adapter leurs pratiques commerciales si nécessaire. À cela, s’ajoutent des réunions de groupe, au cours desquelles ils partagent leurs expériences et réussites. Autant de rendez-vous qui les motivent et les poussent à s’investir.
Réinsertion, autonomie et valorisation
Ce projet poursuit plusieurs objectifs. Il vise à améliorer la qualité de vie des adolescents et de leurs familles en leur offrant la possibilité de générer des revenus stables à travers une activité respectueuse de leurs droits. « Une initiative qui constitue une alternative durable à un environnement criminogène, contribuant ainsi à réduire les risques de récidive », explique Roberto Cervantes. Formés et soutenus, les jeunes développent également des compétences techniques et renforcent leur confiance en eux, des atouts essentiels pour construire leur avenir.
Enfin, le projet ambitionne de changer le regard porté sur les jeunes en rupture sociale. « En devenant des acteurs économiques actifs, ils regagnent une place au sein de la communauté. La diffusion de leur expérience via les réseaux sociaux et les médias locaux y participera, tout en inspirant d’autres jeunes à suivre cette voie. »