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Cedapp soutien psychologique aux enfants et parents - Enfance sans violences
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Pérou. « Ce travail améliore la prise en charge des enfants »

Au Pérou, le Cedapp* est le partenaire du BICE dans le cadre du projet multi-pays Enfance sans violences (2022-2024). Sa directrice générale, Maria Emilia Filomeno, fait un point dans cette interview sur les actions en cours, les réussites et les améliorations à apporter.

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Quelques mots sur votre partenariat avec le BICE ?

Nous travaillons avec le BICE dans la lutte contre les violences, en particulier les violences sexuelles, depuis 1996. Le Cedapp, lui, a été créé en 1976 autour de l’accompagnement des enfants et adolescents en souffrance psychologique.

Quelles actions menez-vous avec le BICE ?

Cela fait plusieurs années que nous formons, avec le BICE, des acteurs du système judiciaire, des psychologues, des travailleurs sociaux afin que les enfants victimes soient mieux pris en charge tout au long de la procédure. Et que les cas de violence soient jugés à leur juste mesure.

Maria Emilia Filomeno, directrice générale du Cedapp au Pérou. Interview

En parallèle, nous sensibilisons les leaders communautaires de nos zones d’intervention, notamment à la périphérie Lima**, à l’importance de lutter contre toutes les formes de violence. Un point essentiel pour faire évoluer les mentalités. Aujourd’hui, dans le cadre du projet Enfance sans violences du BICE, nous mettons plus particulièrement l’accent sur la formation de la communauté enseignante, dans le primaire et le secondaire.

Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous apprenons aux enseignants du primaire et du secondaire d’un établissement de la zone défavorisée de Ate à repérer, soutenir et orienter les enfants victimes de violences. Nous les conseillons aussi dans la façon dont ils doivent aborder les familles en cas de suspicion de violences. Et bien sûr nous les accompagnons dès qu’un cas nous est signalé. Ce travail améliore de manière efficace la prise en charge des enfants. Il présente aussi un autre avantage : grâce à la formation, les enseignants changent leur regard sur les élèves et ils saisissent l’importance de prendre davantage en compte leur santé mentale. En classe, le comportement difficile d’un enfant n’est plus seulement perçu comme un élément perturbateur, mais davantage comme l’expression d’un problème, d’un mal-être qu’il n’arrive pas à verbaliser. L’enseignant va donc réagir plutôt avec empathie qu’avec agacement. Cela participe au développement d’un environnement bientraitant.

Des cas ont-ils été détectés ?

Oui. Une vingtaine. Et certains cas de violences graves. De plus, les deux espaces d’écoute, gérés par des enseignants et mis en place dans le primaire et le secondaire, sont appréciés par les élèves. Et semblent répondre à un réel besoin de dialogue, d’espace pour libérer la parole. De notre côté, nous organisons une réunion avec les enseignants tous les 15 jours pour les écouter – ils peuvent eux aussi avoir besoin de verbaliser – les conseiller et prendre le relais si nécessaire. Il est important d’être aux côtés des enseignants pour que ce système fonctionne.

En matière d’écoute, de prise en charge des enfants et adolescents en souffrance psychologique, vous gérez également un espace web et une ligne téléphonique…

En effet. Un espace web depuis quelques mois, avec un tchat ouvert trois fois par semaine, et une ligne téléphonique depuis plusieurs années. Mais nous ne sommes pas totalement satisfaits. Nous sommes en train de chercher une solution mieux adaptée à la population que nous souhaitons aider. Une population en situation de grande pauvreté, qui vit dans des logements exigus et où il n’y a souvent qu’un téléphone disponible pour toute la famille. Nous avons déjà établi que le tchat semble être une meilleure option car il permet aux enfants et adolescents d’échanger avec un psychologue sans être entendu par toute la famille. Mais nous réfléchissons à la manière de mieux l’organiser. Nous aimerions également développer des partenariats avec des structures péruviennes qui œuvrent comme nous auprès d’enfants en situation précaire… Tout ceci est en réflexion afin d’optimiser ce service d’accompagnement à distance.

Qu’en est-il de vos actions en matière de prévention ?

Nous continuons notre émission bimensuelle sur la radio locale Emmanuel de Huaycán sur la parentalité positive, la bientraitance, la santé mentale, etc. Nous communiquons régulièrement sur les réseaux sociaux de même que lors d’événements en présentiel. Et puis, nous rouvrons très prochainement la Maison du jeu (Casita del juego) à Huaycán, mais dans un nouveau local. L’ancien étant désormais utilisé pour un projet de l’État. Dans cet espace, qui sera ouvert aux familles les lundis, mercredis et vendredis de 15h à 18h, seront favorisés le jeu et le dialogue. En toute liberté. Un créneau sera aussi réservé aux adolescents. Nous nous appuyons sur le travail de la psychanalyste Bibiana Maza*** pour organiser cet accueil.

Pouvez-vous nous donner des précisions ?

Les familles viennent quand elles veulent, le temps qu’elles veulent. Elles n’ont pas besoin de s’inscrire ou de prévenir. Ce fonctionnement est particulièrement adapté à leur situation précaire, au fait qu’elles vivent du travail informel. Respecter un rendez-vous fixe est difficile pour elles car elles privilégient jusqu’à la dernière minute l’opportunité de réaliser une tâche rémunérée, de gagner un peu d’argent. Et c’est bien normal. Ces familles, ayant peu d’accès aux soins, sont aussi souvent confrontées à la maladie. Dans notre Maison du jeu, elles peuvent ainsi rencontrer un psychologue de manière informelle, jouer avec leurs enfants dans un lieu apaisé, échanger avec d’autres parents sur ce qu’elles vivent, les solutions possibles… Et ce quand elles le souhaitent. Dans l’ancien local, cet espace était très apprécié des familles qui revenaient d’elles-mêmes souvent. Nous sommes donc ravis de pouvoir le rouvrir d’ici le mois de mai.

*Centro de Desarrollo y Asesoria Psicosocial – Centre de prise en charge psychosociale

** Dans le cadre du projet Enfance sans violences, le Cedapp intervient à Huaycán et Monterrey dans le district de Ate près de Lima, et dans la ville de Arequipa.

*** Psychanalyste péruvienne, Bibiana Maza travaille sur la méthodologie de l’accueil. Elle a notamment fondé la Casa de la familia dont l’organisation a inspiré le travail du Cedapp autour de la Maison du jeu.

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