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Plaidoyer international
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Plaidoyer international. Exemple d’actions concernant l’accès à l’éducation en RDC

Dans le cadre du plaidoyer mené avec ses partenaires, le BICE agit sur le plan international notamment au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, dont la 50e session est en cours*. Son objectif : faire progresser, dans ses pays d’intervention, le respect des droits de l’enfant, tels qu’ils sont énoncés dans la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE). Exemple concret avec le plaidoyer sur l’éducation en République démocratique du Congo (RDC) mené au sein du projet Écoles sans murs (2020-2023).

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Jeudi 23 juin, 12h59, Bénédiction Kimathe, chargé de projet auprès de Ghovodi, partenaire du BICE au Nord-Kivu, apparaît sur les deux écrans géants de la salle du Conseil des droits de l’homme (CDH) des Nations unies. Il a une minute et trente secondes pour évoquer les difficultés qui mettent à mal le droit à l’éducation dans sa zone d’action à l’est de la RDC. Une intervention menée dans le cadre du dialogue sur le numérique dans l’enseignement qui fait suite à la publication d’un rapport (A/HRC/50/32) sur ce thème de la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur le droit à l’éducation, Koumbou Boly Barry.

Débats interactifs : l’occasion pour les ONG accréditées de mettre en lumière les difficultés observées sur le terrain

« Lors de chaque session du Conseil des droits de l’homme, des débats interactifs sont organisés sur divers thématiques ou pays. Ils se déroulent en 4 temps : présentation liminaire de l’expert, auteur du rapport ; interventions courtes des pays, y compris le pays concerné par le rapport, et des agences de l’ONU qui le souhaitent ; communication des institutions nationales des droits de l’homme et des ONG accréditées ; puis conclusion du Rapporteur, explique Yao Agbetse, coordinateur du plaidoyer international au BICE. Ces débats sont l’occasion pour les pays d’évoquer leurs bonnes pratiques sur le thème traité ; de demander des précisions pour la mise en application d’éléments du rapport ; ou de solliciter le soutien de la communauté internationale. Pour les associations comme la nôtre, cela nous permet de mettre en lumière les difficultés observées sur le terrain et qui font obstacles au respect des droits de l’homme ; et de formuler des recommandations concrètes »

Une communication orale qui souligne l’impact de la violence sur l’accès à l’éducation

Bénédiction Kimathe, qui représente ici le BICE**, commence sa communication en évoquant les limites du système éducatif à l’est de la RDC, exacerbées par la crise de la covid-19. « Beaucoup d’écoliers ont été privés des cours donnés en ligne ; car ils n’ont ni l’électricité ni le matériel informatique approprié moins encore la connexion internet », précise-t-il. Avant d’évoquer les autres freins à l’éducation : les conflits armés ; la violence sous toutes ses formes à l’école ; les mariages précoces et forcés ; la non-effectivité de la gratuité de l’éducation primaire…

« Nos organisations [le BICE conjointement à Ghovodi et Peder, partenaire au Sud-Kivu] appellent ainsi la RDC à mettre en œuvre les recommandations formulées par la Rapporteuse spéciale. Et appellent l’experte à visiter la RDC et à engager un rapport thématique sur l’impact de la violence sur l’accès à l’éducation. La RDC pourrait servir de cas pratique. » Fin de la communication orale, mais le travail de plaidoyer ne s’arrête pas là. De nombreuses actions ont précédé cette prise de parole.

Zoom sur les conséquences des mariages précoces et forcés encore courants en RDC

Un exposé écrit (A/HRC/50/NGO/1), axé plus spécifiquement sur le mariage précoce et forcé, a été transmis début mai au CDH. Plus détaillé, il permet de donner des précisions sur ce manquement au droit. « Les mariages précoces et forcés sont une forme de violence à l’égard des enfants et ont de fortes conséquences sur l’accès à l’éducation. Nous voulions donc insister sur ce fléau dans cet écrit, précise Yao Agbetse. Car malgré son interdiction sur le plan juridique, il reste courant en RDC. Et a même augmenté pendant la crise de la covid-19. Avec, comme effet immédiat, l’arrêt des études pour la jeune fille victime. Sans oublier toutes les autres violences auxquelles elle peut être confrontée dans le mariage : rejet et discrimination, maltraitance de la belle-famille, violence sexuelle… »

Informer régulièrement la Rapporteuse spéciale sur le droit à l’éducation des difficultés sur le terrain

Enfin, depuis le début du projet Écoles sans murs, le plaidoyer international concernant la RDC passe aussi par l’envoi d’Appels urgents, de Lettres d’allégations, de déclarations d’incidents à la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur le droit à l’éducation notamment. « Notre objectif est de porter à sa connaissance les difficultés observées sur le terrain par nos partenaires locaux. Fin mai, nous lui avons envoyé un Appel urgent sur l’impact de la résurgence du conflit dans la province du Nord-Kivu sur l’accès à l’éducation : fermeture fréquente des écoles pour des raisons de sécurité ; classes détruites ou endommagées par des obus ; examens annulés ; établissements scolaires occupés par des familles forcées de fuir les attaques et cours perturbés… Mi-juin, nous lui avons de nouveau fait part du non-respect de la protection des écoles dans les conflits en cours, suite à la mort de deux enfants touchés par un obus dans une cours d’école le 10 juin », précise Yao Agbetse.

« Un travail de longue haleine afin qu’un jour les droits des enfants ne soient plus bafoués… »

En décembre 2020, le BICE, Peder et Ghovodi lui avaient déjà transmis une Lettre d’allégations portant sur les attaques des écoles, la déstabilisation du système scolaire, la destruction des écoles, les violences sexuelles commises sur des élèves et l’assassinat d’enseignants dans le Nord et le Sud-Kivu.

« Nous avons également pu rencontrer l’une des membres de l’équipe de la Rapporteuse spéciale la semaine dernière pour échanger avec elle sur la situation et lui faire part de nos inquiétudes. Plus la situation catastrophique à l’est de la RDC est observée, relayée et fait l’objet de recommandations, plus nous avons de chances de faire évoluer les choses sur le plan du droit, de sa mise en application et des moyens pour y arriver. C’est un travail de longue haleine qu’il est nécessaire de mener parallèlement à nos actions sur le terrain d’aide aux enfants en situation de vulnérabilité afin qu’un jour leurs droits ne soient plus bafoués. »

* Le CDH tient trois sessions ordinaires par an, à l’automne, à la fin de l’hiver et au début de l’été. Il est la principale institution des droits de l’homme du système des Nations unies (ONU). Plus d’infos, ici. La 50e session a lieu du 13 juin au 8 juillet 2022.

**Le BICE s’attache à former ses partenaires au plaidoyer qu’il soit local, national ou international.

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