Une nouvelle étape vers l’inclusion socio-professionnelle des jeunes en situation de handicap mental est franchie au Tadjikistan avec l’ouverture d’un café social unique en son genre début juillet. Cette initiative, menée par l’association IRODA en partenariat avec le Bureau International Catholique de l’Enfance (BICE), vise à offrir des opportunités professionnelles à ces jeunes tout en sensibilisant la société à l’importance de la diversité et de l’égalité des chances.
Une acceptation de la différence encore difficile au Tadjikistan
Le Tadjikistan, confronté à un taux de chômage élevé et à une forte migration de sa population active, fait face à des défis socio-économiques importants. Pour les jeunes en situation de handicap mental, ces obstacles sont aggravés par des préjugés sociaux et des barrières architecturales, rendant leur intégration professionnelle particulièrement difficile. Le projet du café social répond à ces défis et s’inscrit dans le cadre de l’Objectif de développement durable n° 1, visant à réduire la pauvreté et à promouvoir l’inclusion.
L’ambition principale de ce projet est de développer l’emploi inclusif pour les jeunes en situation de handicap mental. Plus spécifiquement, il s’agit de créer un café inclusif fonctionnel à Douchanbé, la capitale, favorisant l’emploi de ces jeunes et leur permettant de se former et de pratiquer leurs compétences professionnelles dans un environnement adapté.
Un lieu pensé pour que chacun se sente à l’aise
Aménagé dans un quartier accessible et attractif de la capitale tadjike, ce lieu, accessible à tous, y compris aux personnes en fauteuil roulant, peut accueillir une trentaine de clients. La conception inclusive du café respecte les standards du Autism Friendly Environment.
Il offre ainsi des zones sensorielles adaptées : un espace avec une lumière moins vive, un autre avec des coussins, et un troisième avec des formes des tables et des chaises variées. Des systèmes de communication alternatifs pour faciliter l’interaction avec les clients ayant des troubles du spectre autistique sont aussi employés. Les serveurs sont formés à l’utilisation de ces systèmes*. Et le menu est disponible en pictogrammes.
Les enfants en bas âge ont aussi leur coin jeu afin de permettre aux parents de profiter plus longuement de leur sortie. L’objectif étant que chacun se sente à l’aise dans ce café à l’environnement agréable et accueillant.
Formation des jeunes en situation de handicap et sensibilisation du grand public
Le recrutement et la formation des employés sont des éléments essentiels du projet. L’équipe du café comprend un coordinateur, deux cuisiniers** et quatre assistants en situation de handicap. Ces derniers sont formés au travail en cuisine et en service de salle, sous la supervision de professionnels expérimentés. Une fois le café opérationnel, il servira de plateforme de formation et de stage d’une durée de 3 à 6 mois pour d’autres jeunes en situation de handicap, leur permettant d’acquérir des compétences professionnelles précieuses.
Notre partenaire a également prévu d’y organiser des visites d’étude pour les professionnels et des événements de sensibilisation pour le grand public. Ces actions visent à promouvoir l’inclusion socio-professionnelle et à sensibiliser la société aux compétences et aux contributions des personnes en situation de handicap.
Quels impacts pour les bénéficiaires
Jusqu’en 2026, le projet bénéficiera directement à 44 jeunes en situation de handicap, leur offrant une opportunité unique de formation professionnelle et de développement personnel dans un environnement adapté. Ils pourront acquérir des compétences pratiques en cuisine et en service, ainsi que des compétences de vie quotidienne, telles que l’utilisation des transports en commun pour arriver et quitter le travail, la gestion de leur temps pour être à l’heure et réaliser les tâches dans les délais, la communication avec les collègues et les clients, la compréhension et la mise en œuvre des instructions, etc. Des aptitudes essentielles pour leur intégration sur le marché du travail et leur autonomie.
Pour la société tadjike, le café social est un puissant outil de sensibilisation. En fréquentant le café, le grand public – 4 000 clients attendus au cours des deux premières années – sera davantage sensibilisé à l’inclusion des personnes en situation de handicap***. Ce qui contribuera à réduire les préjugés et à favoriser une meilleure acceptation des différences. Les événements de sensibilisation organisés au café renforceront cette dynamique, en permettant des échanges et des réflexions sur la place de l’inclusion socioprofessionnelle dans la société.
Une initiative vouée à perdurer et à se reproduire
Le soutien du BICE pour le développement de ce projet est prévu pour une durée de 24 mois. Car l’objectif est que le café social s’autofinance sur le long terme. Les bénéfices futurs seront ainsi réinvestis pour améliorer les infrastructures et garantir la pérennité de l’initiative. À terme, ce modèle d’emploi inclusif pourrait également être reproduit dans d’autres régions du Tadjikistan, contribuant ainsi à une société plus équitable et inclusive.
En ouvrant ses portes, le café social de Douchanbé ouvre également la voie à une inclusion réelle et durable, démontrant que chaque individu, indépendamment de ses capacités, peut apporter une contribution précieuse à la communauté.
* PECS (images et pictogrammes) et application ROBITA (application développée par IRODA pour faciliter la communication des personnes non verbales).
** Les cuisiniers sont formés à l’encadrement de personnes en situation de handicap.
*** Afin d’impliquer les clients dans une interaction inclusive avec le personnel en situation de handicap, le café offre la possibilité aux clients de choisir les ingrédients de leurs salades, leurs jus et leurs gaufres. Par ailleurs, le café propose à la vente des produits artisanaux issus d’autres projets d’IRODA et élaborés par des personnes en situation de handicap, comme des bijoux, des tabliers, des tee-shirts, des sacs, des cartes postales, etc.