Demandée par Kinshasa, avec le soutien de 29 États membres (sur 47) dont la France et 21 pays observateurs, cette session spéciale du Conseil des droits de l’homme s’est tenue suite à la prise de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, par le M23 et des troupes rwandaises.
Après l’intervention du haut-commissaire aux droits de l’homme et des deux pays concernés, la RDC et le Rwanda, une soixantaine de pays se sont exprimés et 12 associations, dont le Bureau international catholique de l’enfance.
À l’issue de la session, le projet de résolution présenté par la RDC a été adopté sans vote par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU qui a donné son accord à l’ouverture d’une enquête sur les exactions commises dans l’est du pays.
Notons que depuis le 7 février, le M23 et les troupes rwandaises ont poursuivi leur avancée vers le sud, longeant le lac Kivu. Le vendredi 14 février, ils ont fait leur entrée à Bukavu, capitale du Sud-Kivu et ville de plus d’un million d’habitants, qui est tombée sans résistance. Face à cette situation préoccupante, les Nations unies ont exprimé leur inquiétude quant aux graves violations des droits humains et aux exactions commises, en particulier contre les enfants. L’Union africaine exhorte le M23 à un retrait immédiat. Pendant ce temps, des milliers de Congolais ont trouvé refuge au Burundi voisin.
Communication du BICE
Monsieur le Président,
Le Bureau International Catholique de l’Enfance (BICE) et les organisations congolaises membres de son réseau remercient le Conseil pour la tenue de la présente session spéciale sur la situation des droits de l’homme à l’est de la République démocratique du Congo.
Le 23 janvier 2025, sentant la menace proche, l’autorité éducative du Nord-Kivu 1 a ordonné la fermeture des écoles et espaces d’apprentissage des sites de déplacés de Nyiragongo et Goma. Les populations se sont calfeutrées chez elles pour échapper aux massacres annoncés.
Le 27 janvier, les éléments du M23 et du Rwanda sont entrés dans la ville de Goma, capitale du Nord Kivu. Les hostilités dans cette ville de 2 millions d’habitants auxquels se sont ajoutés plus de 700 000 déplacés fuyant les combats, a fait, selon l’ONU, près de 3 000 morts. Les parties au conflit n’ont pas respecté le droit de la guerre. Des cibles non militaires comme les écoles, les centres de santé ont été visées, des violences sexuelles ont été commises et des attaques contre les populations perpétrées. L’accès à l’eau potable et à l’électricité est compromis et la pénurie alimentaire est préoccupante. La crainte de maladies comme le choléra, la rougeole, le mpox voire ébola est vive.
À la date du 30 janvier, au Nord-Kivu, 1 483 écoles étaient toujours fermées, dont 1 235 à Goma. 493 461 élèves sont privés du droit à l’éducation. Au Sud-Kivu, à Minova, 201 écoles ont cessé leurs activités, privant plus de 42 000 élèves d’accès à l’éducation. Au total, plus d’un demi-million d’enfants sont contraints d’abandonner leur cursus scolaire.
Aujourd’hui, les rebelles du M23 et l’armée rwandaise continuent leurs attaques sur le Sud-Kivu et sa capitale Bukavu suscitant angoisse et psychose au sein des populations ainsi que la fermeture d’établissements scolaires et la cessation des activités commerciales. Les violations ont trop duré à l’est de la RDC et doivent cesser maintenant.
Nos organisations recommandent au Conseil des droits de l’homme de :
- Diligenter promptement des enquêtes impartiales sur les violations des droits de l’homme perpétrées par toutes les parties avant, pendant et après la prise de Goma ; et favoriser l’enregistrement, l’écoute et la reconnaissance des victimes notamment de violences sexuelles
- Sanctuariser les cibles non militaires, procéder à l’évaluation de l’impact du conflit sur l’accès à l’éducation et à la santé et prendre les mesures appropriées ;
- Créer un mandat spécifique sur la RDC pour une meilleure supervision de la situation des droits de l’homme à l’Est du pays.
Je vous remercie Monsieur le Président.