Enfants, éducateurs, familles… Tous témoignent des effets positifs du projet pilote « Pour une prise en charge résiliente et individualisée des enfants en grande vulnérabilité ». Un projet mis en place depuis 2018 dans le Kivu à l’est de la RDC par le BICE. « Ça marche, confie un éducateur. Je crois que je ne suis plus le même. Avant la formation, je pensais que la nourriture, les habits les chaussures et les études étaient seulement ce dont les enfants vulnérables avaient besoin. Désormais, je me rends compte qu’en parlant et en les écoutant, les résultats sont importants. Je commence à comprendre quelque chose qui était caché en eux. Chose que je ne voyais pas, par manque de techniques. »
Six structures bénéficiaires du projet
Composé de deux formations Tuteurs de résilience, ce projet puise sa particularité dans l’intensité du suivi et l’échange de conseils. Des interactions qui se font entre les organisations bénéficiaires et la formatrice, la psychologue Alda Segnagnon Segla. Et entre les structures elles-mêmes. Elles sont six à participer au projet : Ghovodi, Gewevuca, Cœur sans frontières, Peder, Groupe Jérémie et Don Bosco. Toutes œuvrent dans la région du Kivu auprès d’enfants en situation de grande vulnérabilité. Des enfants vivant ou travaillant dans les rues, d’ex-enfants soldats et/ou des enfants victimes de violences.
« Après la première formation, où une vingtaine de professionnels des six associations étaient présents, un plan d’actions adapté à chaque structure a été élaboré. Ce plan est leur feuille de route. Il a bien sûr évolué pour être au plus proche de la réalité. Mais il se base sur une prise en charge individualisée et résiliente de chaque enfant », explique Alda Segla. Formatrice et consultante pour le Bice, elle les guide depuis deux ans.
Le projet prévoit ainsi le suivi de 300 enfants de 9 à 17 ans, 50 par association. « Une fiche par enfant a été remplie avec des informations essentielles pour un bon accompagnement : son histoire, ses besoins, ses forces et ressources… » Et les éducateurs présents à la formation mettent en place au sein des organisations des activités socio-récréatives. Des ateliers qui favorisent le dialogue, l’expression des émotions, la détente, le respect de l’autre, la confiance en soi. Les effets positifs ont rapidement été ressentis.
Des retours très encourageants : deux exemples
Deux exemples. Richard, âgé de 12 ans, s’est mis à travailler à l’école et à avoir de bons résultats suite à l’atelier de résilience 5 doigts 5 qualités, au cours duquel un camarade a écrit qu’il était intelligent. « Une reconnaissance, un déclic pour cet enfant », note Alda Segla. Et puis, il y a Mussa et Gédéon, 9 ans, tous deux orphelins et dont l’un est en situation de handicap. Ils sont devenus amis suite à l’atelier Yeux bandés-pieds liés. « Devant compter l’un sur l’autre pendant le jeu, ils ont pris conscience qu’ils pouvaient aussi se soutenir dans le quotidien. »
Des visites et contacts réguliers entre la formatrice et les six structures participent à la réussite de ce programme. Tout comme les rencontres trimestrielles entre les organisations pour partager leurs expériences et s’entraider. Les nouvelles méthodes de travail s’implantent ainsi petit à petit dans les structures. Et les bénéfices sont significatifs. « C’est très encourageant. Je suis vraiment contente de la façon dont les partenaires du BICE se sont approprié ce projet. »
Une formation est prévue en juillet 2020 pour renforcer encore les compétences des personnes ressources de chacune des associations. L’objectif est qu’elles deviennent autonomes dans l’application de cette méthode d’accompagnement des enfants. Et puissent diffuser cette approche au sein de leur réseau.