Février 2021. Le BICE et son partenaire Ghovodi lancent un projet de soutien aux familles mises à terre par la crise sécuritaire et économique. Déjà fragiles, certaines vivant du travail informel se sont retrouvées sans revenu en plein cœur de la pandémie. Difficile ensuite pour elles de reprendre pied. Après un soutien alimentaire et sanitaire d’urgence, le BICE et Ghovodi ont accompagné 77 mamans dans la création ou l’optimisation d’une activité génératrice de revenu (AGR) dans la région de Goma au Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC).
L’éruption du volcan Nyiragongo a ralenti l’avancée du projet
Malheureusement, 4 mois après le lancement du projet, la ville de Goma et le territoire de Nyiragongo sont victimes de l’éruption du volcan Nyiragongo. Les habitants doivent évacuer pendant plusieurs jours. Cette catastrophe aggrave encore la situation économique et sociale des familles (plus d’infos ici). Et ralentit fortement le développement des AGR. Plusieurs actions sont ainsi initiées, sans pouvoir pour autant être consolidées. Dans ce contexte, le BICE décide en mars 2022 de renforcer son soutien par un nouveau projet de dix mois. Et de l’adapter aux besoins et demandes des bénéficiaires.
Un projet axé sur les AGR prolongé et renforcé
Ainsi de mars à décembre, 180 personnes vulnérables* sont soutenues. Parmi elles : 132 parents, soit 66 parents du projet précédent et 66 nouveaux parents (dont 4 hommes), et 48 jeunes filles.
Plusieurs activités sont programmées pendant cette période. Six réunions préparatoires organisées au début du projet, puis des réunions de suivi. Ainsi qu’une formation de cinq jours sur l’entreprenariat féminin ouverte aux 180 bénéficiaires. Cette formation complète celle donnée lors de la première phase du projet sur l’éducation financière. Qui a débouché il y a quelques mois sur la création de trois associations villageoises d’épargne et de crédit d’une vingtaine de membres chacune. « Ce projet prévoit que les femmes déjà formées accompagnent les nouvelles bénéficiaires. Notre approche est donc basée sur du mentorat communautaire », explique Ghovodi.
Des associations villageoises d’épargne et de crédit au cœur du projet
Il est aussi prévu de créer un collectif d’Associations villageoises d’épargne et de crédit. Une demande des bénéficiaires pour renforcer ces structures dont l’impact sur leur vie est essentiel. « Cela permettra de consolider le soutien aux initiatives entrepreneuriales des femmes et les épargnes de chacun. Lors de la première phase, nous avons également pu observer que la stabilité économique avait bien, comme prévu, un impact sur la participation des familles à la scolarisation des enfants. La plupart ont en effet pu payer les fournitures scolaires, les frais d’inscription et autres… Sans lesquels les enfants sont privés d’école », précise Ghovodi.
Notre partenaire a également constaté que la stabilité économique des familles a renforcé la protection de l’enfance au sein des familles. Quelques parents qui étaient en rupture avec leurs enfants (gardés par d’autres membres de la famille) s’en occupent de nouveau. En vue de consolider ces premiers acquis, le projet prévoit de sensibiliser les parents aux droits de l’enfant et à la bientraitance. Des échanges réguliers sur les notions de protection des enfants, sur l’importance du dialogue et d’une éducation positive sont menés.
Une nouvelle formation pilote : la pâtisserie
Enfin, Ghovodi en réponse aux demandes des bénéficiaires a proposé la création d’une boulangerie Bethléem. Et organise une formation en boulangerie et pâtisserie, à Turunga, un quartier de Goma. 54 personnes (39 filles et 13 femmes) ont déjà été formées. Certaines se concentrent aujourd’hui sur la production, d’autres ont choisi la commercialisation. Les bénéfices sont équitablement répartis entre elles.
« Nous avons aussi comme volonté d’analyser les outils et méthodes utilisées tout au long du projet pour faciliter la création ou l’optimisation d’AGR afin de faire émerger les bonnes pratiques dans ce domaine et systématiser notre approche. L’objectif est d’améliorer encore notre accompagnement dans ce domaine », conclut Ghovodi.
*Les parents accompagnés dans le cadre de ce projet sont ceux des jeunes filles intégrées au projet Écoles sans murs (lien vers l’article). 21 parents ont également été repérées lors des séances d’éducation à la masculinité positive. Parmi les jeunes filles, 33 ont bénéficié précédemment du projet Écoles sans murs. Et 15 participaient aux groupes de discussion sur la masculinité positive.