Depuis le 27 mars*, parents et intervenants bénévoles ne pouvaient plus rendre visite aux enfants et adultes en situation de handicap hébergés en internat. Une mesure prise afin d’endiguer la propagation du virus. Mais cette interdiction a surtout eu pour effet que des milliers de personnes dont des enfants se retrouvent totalement isolées. Privées de relations sociales, de sorties, d’activités motrices. Et même si les associations ont su s’adapter vite en proposant aux enfants des échanges, des ateliers via Internet (lire l’article), le manque de contacts et l’arrêt d’activités sont particulièrement néfastes pour ces enfants.
« Nous avons demandé l’annulation de cette interdiction pour les ONG qui travaillent habituellement dans les internats et pour les familles. Nous avons eu gain de cause mi-avril », souligne Anna Bitova, présidente du conseil d’administration du CPC. Les bénévoles et les familles peuvent de nouveau voir les enfants mais ils ne peuvent rentrer dans l’internat. Ils se voient donc à l’extérieur, discutent, se promènent… Un bol d’air pour les enfants.
Évacuation des enfants les plus vulnérables
Autre action des deux partenaires du BICE, CPC et Perspektivy : ils ont demandé à pouvoir évacuer temporairement les personnes en situation de handicap les plus vulnérables vers des logements adaptés, dans leurs familles ou chez des bénévoles. « Actuellement, la situation dans les institutions est très difficile et à risque. Le personnel, déjà trop peu nombreux habituellement, manque cruellement. Certains sont malades, d’autres préfèrent ne pas prendre le risque de venir. Et les bénévoles ne rentrent pas, souligne Diana Filatova, chargée de programme au BICE. Des cas de coronavirus ont de surcroît été enregistrés dans certains internats. Ce qui est dramatique, certaines de ces structures accueillent jusqu’à 1000 pensionnaires. »
Plus de 30 enfants et jeunes adultes ont déjà été sortis des internats. « Cela nous a demandé beaucoup de travail, de nombreuses formalités à remplir. Mais ça y est ; les premiers à avoir été évacués sont heureux et mieux protégés. Nous continuons à chercher des solutions pour pouvoir déménager temporairement le plus grand nombre d’entre eux », ajoute Maria Ostrovskaya de Perspektivy.
Une aide pour les enfants qui vivent en famille
En Russie, depuis le début du confinement, les enfants en situation de handicap qui vivent dans leur famille ne peuvent suivre les ateliers au Centre de pédagogie curative (CPC). Une situation difficile à supporter pour ces enfants fragiles. Afin de garder un lien, les pédagogues s’attachent à continuer certains ateliers via Internet. Et les bénévoles, amis des enfants, échangent aussi en ligne avec eux. Mais toutes les familles n’ont pas l’équipement informatique nécessaire. Le CPC, soutenu par le BICE, a donc décidé de financer des ordinateurs pour permettre à tous de bénéficier de la continuité pédagogique. Le centre doit également financer des gants, gels hydroalcooliques et masques pour ses équipes. Certaines vont en effet à domicile de temps en temps pour apporter des médicaments notamment et épauler les familles.
*Le confinement initialement prévu jusqu’à fin avril a été prolongé.