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Aide apporté aux enfants déplacés du Haut-Karabakh
© Gurgen Ginosyan, Arevamanuk
Publié le

Arménie. « Les enfants se retrouvent souvent seuls avec leurs angoisses, leurs questions »

Arevamanuk, notre partenaire en Arménie, accompagne de nombreuses familles arméniennes du Haut-Karabakh obligées de fuir leur terre suite à l’attaque éclair de l’Azerbaïdjan. Une action d’urgence soutenue par le BICE.

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Pour Venera, Georgi et leurs six enfants, le départ forcé du Haut-Karabakh fin septembre, la perte de tous leurs biens, de leur maison, de leur vie passée est un nouveau traumatisme difficile à surmonter. « La famille a déjà dû, pendant la guerre dévastatrice de 2020, quitter sa ville, Hadrut, désormais sous le contrôle de l’Azerbaïdjan, explique notre partenaire. Elle s’était alors réinstallée dans un village du Haut-Karabakh. Ce nouveau déplacement forcé, fait en urgence, dans la peur et l’angoisse est vraiment terrible. Il survient, en plus, après neuf mois de blocus du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan. Neuf mois pendant lesquels la population a manqué de nourriture, de médicaments, de fuel, d’électricité, mais a tenu dans l’espoir de conserver sa terre. »

Une aide humanitaire et un appui aux démarches administratives

Lors d’une première rencontre avec les professionnels d’Arevamanuk, partenaire du BICE en Arménie, Venera a raconté l’anxiété de ses enfants, la peur qui se lit dans leurs yeux au moindre bruit, leurs pleurs, leurs cauchemars, leur envie profonde de rentrer chez eux… « Les enfants s’accrochent à l’idée de retrouver leur maison, leur école. C’est dur quand on voit comment la situation évolue depuis un peu plus d’un mois, laissant peu de place à l’espoir. »

Plus de 100 000 Arméniens du Haut-Karabakh, dont 30 000 enfants, ont dû, comme cette famille, fuir leur terre, suite à l’offensive éclair de l’Azerbaïdjan le 19 septembre. Arrivées péniblement en Arménie par le corridor de Latchine, la seule voie ouverte, après avoir parfois passé plusieurs jours sur la route, elles ont été orientées vers différentes régions afin de faciliter leur accueil et rescolariser rapidement les enfants. Mobilisés dans le secteur de Gyumri au nord, les psychologues et éducateurs d’Arevamanuk reçoivent ainsi sans cesse depuis quelques semaines des familles meurtries par le conflit. Les besoins humanitaires (nourriture, vêtements, produits d’hygiène, chauffage…) sont immenses. Les familles sont souvent hébergées dans des conditions précaires. Il est également indispensable de les soutenir sur le plan psychologique.

Un soutien psychologique indispensable

« Avec l’appui du BICE*, nous aidons les familles au cas par cas, dans les différents domaines, selon leur situation. Nous les accompagnons aussi pour les démarches administratives. Le soutien psychologique, notamment des enfants, reste notre priorité. Nous avons en effet constaté que les parents, eux-mêmes fragilisés par ce qu’ils vivent et occupés à trouver des solutions pour améliorer leur quotidien, ne peuvent être à l’écoute de leurs enfants qui se retrouvent ainsi très seuls avec leurs angoisses, leurs questions. »

Dans ce contexte, Arevamanuk organise des ateliers de résilience au cours desquels les enfants et adolescents sont encouragés, par le biais de jeux, de dessins, à exprimer ce qu’ils ressentent, à partager leur histoire, leurs inquiétudes, leurs espoirs.

« Nombreux sont les enfants du Haut-Karabakh qui ont perdu un parent, un proche dans les conflits avec l’Azerbaïdjan, notamment lors des six semaines de guerre fin 2020 qui avaient fait 6 500 morts. Nous travaillons donc beaucoup sur le deuil, en plus des questions d’exil, de séparation… Les enfants que nous accompagnons sont très silencieux au début de nos rencontres. La colère, le sentiment d’injustice et la peur se lisent dans leurs yeux. Les ateliers les aident à mettre des mots sur ce qu’ils ressentent, à prendre conscience de leurs ressources internes, à avancer », explique notre partenaire. Un accompagnement d’urgence essentiel. Intervenir rapidement après les traumatismes vécus favorise en effet la reconstruction de la personne.

*En plus de cette action d’urgence, un accompagnement familial multiple et sur le long terme est programmé, en continuité du projet précédent qui se termine en décembre 2023.

Les Arméniens inquiets d’une nouvelle attaque de l’Azerbaïdjan

« Nous sommes tous inquiets d’une nouvelle attaque de l’Azerbaïdjan, confie notre partenaire. C’est très difficile. » Depuis la prise de contrôle du Haut-Karabakh fin septembre par l’Azerbaïdjan, les Arméniens vivent dans la peur que l’armée de Bakou tente d’envahir leur pays. « Nous sommes tout petits entre l’Azerbaïdjan et la Turquie », qui ont accentué ces dernières semaines leur pression sur l’Arménie. Ils réclament, en effet, la création du « corridor de Zanguezour » dans le sud-ouest de l’Arménie, qui permettrait d’ouvrir une voie terrestre entre leurs deux pays. La pression s’est encore accentuée le 23 octobre avec l’organisation d’exercices militaires conjoints par l’Azerbaïdjan et la Turquie aux portes de l’Arménie. Une situation qui ravive les craintes.

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