« Le problème le plus important pour ma famille est d’avoir assez d’argent pour payer à la fois le loyer et la nourriture. Et je ne parle pas des frais de santé ou d’éducation. C’est vraiment une immense douleur pour une mère de savoir que ses enfants ont faim. » Eliana habite avec son mari et ses cinq filles dans un logement doté d’une pièce et d’une cuisine dans un quartier défavorisé de la ville de Sacaba. Travailleur informel (réparateur plomberie, électricité…), son mari vit de petits emplois, sans garantie de revenu stable. « Certains jours, il ne gagne rien. Ces jours-là étaient terribles quand nous n’étions pas encore épaulés par la fondation Bolivia Digna », confie Eliana.
Des déjeuners et goûters servis à 90 enfants et personnes âgées
Soutenue par le BICE, la fondation Bolivia Digna aide près de 100 familles Quechua, en situation de grande vulnérabilité, installées près du marché paysan d’Arocagüa. Pour beaucoup déplacées du territoire rural du Tropique de Cochabamba envahi aujourd’hui par la culture de coca, ces familles vivent à Sacaba dans des conditions précaires, sans travail régulier et avec un accès limité aux services de base (eau, électricité, assainissement…). Dans ce contexte, nous avons identifié deux axes d’intervention primordiaux : assurer la sécurité alimentaire des enfants et de leurs familles de manière pérenne ; former les mères et les aider à s’engager dans une activité génératrice de revenus.
Ainsi, après avoir créé un potager communautaire, géré en grande partie par les bénéficiaires, la fondation a aménagé mi-2022 une cantine. Elle fournit des repas quotidiens, déjeuners et goûters, à 75 enfants, adolescents et 15 personnes âgées de la communauté. « Ce projet est une grande fierté car il permet de lutter efficacement contre la malnutrition qui frappait beaucoup d’enfants. Les repas sont confectionnés par cinq mamans, formées puis aidées si nécessaire par des bénévoles et des éducateurs de Bolivia Digna. Ce système fonctionne très bien. Et le fait d’apprendre à ces mères à cuisiner un repas nutritif, à organiser une salle à manger, à servir des convives, à gérer des stocks est un vrai plus », explique Dante Gonzalez, directeur de la fondation. Et Eliana de confirmer : « Depuis que je participe à la réalisation de ces repas, j’ai beaucoup appris. Notamment le travail en équipe, la solidarité, le fonctionnement d’une petite entreprise. Et puis, je suis tellement soulagée que mes filles y mangent tous les jours. »
Deux micro-entreprises gérées par 10 mères bénéficiaires
Parallèlement à ce groupe de femmes formées à travailler dans la restauration, cinq autres ont appris à réaliser des soins esthétiques afin de gérer ensemble un institut de beauté. Et toutes ont été sensibilisées à leurs droits et à la protection de l’enfant. « Ces deux micro-entreprises leur permettent d’améliorer leur revenu de manière durable. Et les aident à trouver ou retrouver leur indépendance économique, explique Dante. Les sensibiliser à leurs droits et aux droits de leurs enfants leur apporte de surcroît des connaissances essentielles pour leur épanouissement. Elles gagnent en confiance, osent davantage prendre leur place dans la communauté et transmettent des valeurs positives. »
Les enfants, eux, se sentent rassurés. De voir les spectres de la faim et de la pauvreté s’éloigner et de participer à cet élan, à cette mobilisation de la communauté autour de ce projet. « Outre l’importance de ces actions sur leur santé, cela leur libère aussi l’esprit afin qu’ils se concentrent sur des activités d’enfants : l’école et les loisirs. La fondation est d’ailleurs attentive à ces deux points en leur proposant du soutien scolaire et des loisirs sportifs et culturels. »