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Enfants déplacés Burkina Faso
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Burkina Faso. Des tuteurs de résilience pour accompagner les enfants traumatisés par les violences

Le BICE, en partenariat avec son partenaire l’Université catholique de Milan, a organisé une formation Tuteurs de résilience en ligne fin mai pour des acteurs sociaux du nord du Burkina Faso en proie depuis quelques années à l’augmentation des attaques terroristes. Cette formation fait partie d’un projet plus large d’un an pour soutenir un espace Ami des enfants créé en 2021 par la CICM* et la CEMPR* à Bourzanga.

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« La formation insistait sur l’importance de prendre le temps d’observer l’enfant accompagné, de l’écouter, de prendre en compte ce qu’il est. Afin d’identifier clairement ses besoins pour l’aider à reconstruire son estime de soi et à être acteur de son processus de résilience. Chaque accompagnement est donc spécifique à chaque bénéficiaire. Pour cela, nous avons appris à réaliser plusieurs types d’ateliers résilience adaptés aux enfants. Cette formation a renforcé nos connaissances et compétences. C’était très positif. »

Quinze personnes (aumôniers, prêtres, travailleurs sociaux et coordinateurs de projet) du nord du Burkina Faso ont participé à une formation Tuteurs de résilience organisée en ligne fin mai-début juin dans le cadre d’un projet d’accompagnement des enfants déplacés mené sur place par la CICM et la CEPMR. Et soutenu pendant l’année 2022 par le BICE.

Montée de la violence au Burkina Faso : crise humanitaire et déplacements internes

La violence et l’insécurité présentes au Mali et au Niger depuis une décennie en raison des attaques régulières des groupes armés, dont beaucoup sont affiliés à des groupes terroristes, ont en effet débordé ces dernières années sur le Burkina Faso. Provoquant une crise humanitaire et des déplacements internes massifs dans le pays. Au cours des trois dernières années, le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays a été multiplié par 45. Pour atteindre près de 1,4 million. Dans ce contexte, l’accès à la nourriture, à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène, à l’éducation et aux services sociaux de base est de plus en plus difficile pour les communautés déplacées. Dont beaucoup ont vécu de multiples événements traumatiques.

De nombreux enfants parmi les personnes déplacées : un espace ami des enfants à Bourzanga

Dans la ville de Bourzanga, au nord du pays, on estime que 70 % des quelque 45 000 personnes déplacées ont moins de 18 ans. La paroisse y abrite environ 1 200 déplacés internes, dont 36 enfants devenus orphelins suite à des attaques terroristes. Face à cette triste réalité, la CICM et la CEPMR ont ouvert en 2021 un espace ami des enfants au sein de la paroisse. Ce lieu fournit une protection, une éducation informelle et des activités récréatives à une centaine d’enfants. Il accompagne aussi les parents vers une éducation positive et les oriente sur le plan social.

Depuis début 2022, avec l’appui du BICE, l’espace ami des enfants renforce ses actions. Il met notamment en place un soutien psychosocial pour les enfants déplacés qui en ressentent le besoin. Les recherches sur la santé mentale des enfants et des adultes exposés aux conflits armés et aux déplacements ont en effet révélé une forte présence de troubles de stress post-traumatique. Proposer un soutien psychosocial immédiat aux personnes fragilisées les aide alors à se reconstruire et à se projeter de nouveau dans l’avenir. Pour agir vite, l’implication des éducateurs et des travailleurs sociaux au contact chaque jour des enfants déplacés est primordial.

Apport de la formation Tuteurs de résilience dans l’accompagnement psychosocial des enfants

La formation Tuteurs de résilience animée par Francesca Giordano de l’Université catholique de Milan, partenaire du BICE, se propose donc de fournir aux acteurs sociaux des méthodes, des outils pratiques et des orientations axés sur la résilience. La première partie de la formation était consacrée à la transmission du modèle de tuteur de résilience : Qu’est-ce que la résilience assistée ? Quel est le rôle du tuteur de résilience ? Comment intervenir auprès des bénéficiaires ? Comment définir le traumatisme psychologique ?

« Notre approche est basée sur l’hypothèse qu’au lieu de se concentrer uniquement sur les faiblesses du bénéficiaire et les moyens de les compenser, qu’au lieu de diagnostiquer les problèmes et d’offrir des solutions toutes faites, il est plus constructif de rechercher avec le bénéficiaire ses forces internes et externes (entourage, environnement) afin qu’il les mobilise pour mener son processus de résilience. Il est donc important de ne pas considérer la personne aidée comme une victime, mais comme un acteur de sa propre vie », explique la psychologue Francesca Giordano. Pour travailler avec les enfants sur l’identification de leurs ressources et des difficultés rencontrées, il existe ainsi plusieurs ateliers enseignés pendant la formation.

formation resilience burkina faso

Reconnaître les symptômes du traumatisme et offrir un accompagnement d’urgence aux enfants

 Les acteurs sociaux ont ensuite appris à reconnaître les différents symptômes du traumatisme et quel est le rôle du tuteur de résilience. « Le traumatisme brise trois croyances chez une personne : le monde a du sens, les autres sont bienveillants et le soi a une valeur. Le tuteur de résilience, grâce à une écoute et une communication active, est là pour aider l’enfant à reconstruire ces trois valeurs… Et donc à se reconstruire. Pour cela, il doit en premier lieu créer une relation de confiance avec le bénéficiaire ce qui n’est pas toujours évident, dans un contexte de guerre, de violences, de migration forcée car souvent l’enfant ne croit plus en l’autre. »

La deuxième partie de la formation portait donc sur la rédaction par les participants d’un plan d’actions du tuteur de résilience. C’est-à-dire une liste détaillée d’actions, d’ateliers qu’ils prévoient de mettre en œuvre sur le terrain pour accompagner les enfants souffrant de traumatismes. Une deuxième partie très concrète. Qui a permis aux acteurs sociaux de mettre en pratique leurs nouveaux apprentissages dès le retour de formation.

*CICM : Commission internationale catholique pour les migrations ; CEPMR : Commission épiscopale pour la pastorale des migrants et des réfugiés

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