Dans les rues animées d’Abidjan, derrière les façades d’un quartier de Yopougon Toits-rouges, un centre accueille chaque jour des enfants trop souvent oubliés des politiques publiques* : les enfants en situation de handicap. Porté par l’ONG Dignité et Droits pour les Enfants en Côte d’Ivoire (DDE-CI), ce lieu ambitionne de redonner à ces enfants leur juste place dans la société.
Une réalité marquée par l’exclusion et les stigmatisations
Près de 500 000 personnes vivent avec un handicap en Côte d’Ivoire, dont une part importante d’enfants. Victimes de stigmatisation, souvent perçus comme des « enfants maudits », ils sont fréquemment exclus de la vie communautaire, privés d’école, de soins médicaux, de loisirs. Et parfois même cachés par leurs familles. Dans la grande majorité des cas, ce sont les mères qui assument seules leur prise en charge, au prix d’importants sacrifices économiques et sociaux. Un coût difficile à supporter pour les foyers en situation de pauvreté.
Le CESEH, un centre pilier pour la prise en charge des enfants porteurs de handicap
Face à cette réalité, DDE-CI a décidé de créer en 2011 le CESEH, qui s’attache, depuis son ouverture, à restaurer la dignité des enfants en situation de handicap, à renforcer leurs droits et à soutenir leurs familles. Rénové** en 2024, le lieu comporte désormais quatre salles éducatives, une salle de rééducation, une salle informatique, des bureaux et une cour intérieure. Une avancée importante qui a permis d’améliorer la prise en charge des enfants.
Des activités éducatives
Aujourd’hui, DDE-CI, soutenu par le BICE dans le cadre d’un projet de trois ans (2025-2027), accueille 105 enfants, âgés entre 5 et 17 ans, qui bénéficient quatre jours par semaine d’activités socio-éducatives centrées sur le développement des capacités cognitives, langagières, motrices, sur l’autonomie à la vie quotidienne et sur la socialisation. 12 autres suivent aussi des séances de rééducation fonctionnelle. Et 6 sont scolarisés en parallèle dans des écoles ordinaires.
Des séances de rééducation fonctionnelles
« La rééducation fonctionnelle est assurée à raison de trois séances par semaine par un kinésithérapeute épaulé par une assistante sociale. Ces séances permettent aux enfants n’ayant pas encore acquis la marche de travailler leur mobilité afin d’y parvenir progressivement si cela est possible. Dans le cas contraire, cela est tout de même important pour qu’ils accèdent à une meilleur santé physique et musculaire », explique Nicaise N’Dia, responsable du CESEH.
Des activités sportives
En plus de leur prise en charge pédagogique, le centre propose aux enfants trois fois par semaine des activités sportives conçues pour favoriser leur développement et leur bien-être. « Le sport est très bénéfique. Le renforcement de la masse musculaire permet de mieux maitriser les gestes du quotidien. Il améliore aussi la motricité fine et la coordination, favorise une meilleure gestion des émotions et encourage les interactions sociales. »
En parallèle, le centre offre un accompagnement psychoaffectif et social à près de 250 parents, pleinement intégrés dans le processus d’éducation et de soin. Des sessions de guidance parentale et des groupes de parole leur sont notamment proposés afin de libérer la parole, rompre l’isolement et renforcer leurs capacités de résilience.
Acquisition de nouveaux matériels
Tout au long du projet soutenu par le BICE, l’acquisition de matériel médico-pédagogique essentiel au bon déroulement des activités est également programmée. Sont ainsi mis à disposition, au fur et à mesure, de nouveaux outils éducatifs (pictogrammes, livrets d’images et de contes, jeux sonores, matériel de dessin et peinture, etc.) et équipements sportifs (plots, ballons de football et de basketball, boules de pétanque, poteaux de but, paniers, sifflets, etc.). Ainsi que du matériel de rééducation fonctionnelle (verticalisateurs, cadres de marche, espalier, stimulateurs électriques, etc.).
Une dynamique collective au service de l’inclusion durable
Enfin, pour assurer la pérennité du projet, le BICE et son partenaire DDE-CI s’attachent à renforcer les liens avec les partenaires locaux et nationaux. Parmi eux, les ministères de tutelle, l’Association des parents d’enfants handicapés de Yopougon (APEH-YOP) et des ONG. L’objectif étant de construire une action concertée et durable en faveur des enfants en situation de handicap.
Le CESEH, un des seuls centres pluridisciplinaire dédié à leur prise en charge et au soutien des familles dans le district autonome d’Abidjan, s’impose ainsi comme un modèle inspirant pour d’autres initiatives en Côte d’Ivoire. À travers un plaidoyer, le BICE et DDE-CI entendent mobiliser davantage les autorités et les bailleurs locaux afin de garantir un soutien financier pérenne, essentiel à la continuité des activités.
* Et ce, malgré l’adoption des conventions et autres textes par la Côte d’Ivoire notamment, la loi dite d’orientation de 1998 en faveur de personnes handicapées et la ratification de la convention internationale relative aux droits des personnes handicapées en 2006.
** Grâce au soutien du Rotary Club Abidjan Atlantis et de la fondation suisse Erb Aloïs.