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Goma enfant

Crise humanitaire à Goma. enfants et civils victimes de graves violations

Depuis la prise de Goma par les rebelles du M23 fin janvier 2025, les enfants figurent parmi les premières victimes d’une crise marquée par la peur, les violences, la pauvreté, le manque d’accès aux services essentiels.

L’équipe de rédacteurs. Publié le
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« Ici tout le monde fait de son mieux pour survivre… Les gens sont terrifiés. On a peur car, chaque jour, des personnes sont tuées. Aucune nuit ne passe sans qu’il y ait des morts, confie un acteur associatif local. Tout le monde se méfie de tout le monde, les gens se replient sur eux-mêmes. »

Depuis fin janvier 2025, date de la prise de contrôle de Goma par les rebelles du M23*, la capitale du Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo, et ses environs sont plongés dans une crise humanitaire et sécuritaire d’une ampleur alarmante. Les femmes et les enfants, en première ligne face aux violences et à la précarité, paient le plus lourd tribut.

Recrutement forcé d’enfants soldats

« Nous sommes très inquiets de voir que le M23 continue encore et encore à recruter de force des enfants pour renforcer ses effectifs (armés). La semaine dernière, des camions ont quitté Goma avec plus de 250 enfants et adolescents emmenés dans des camps de formation. Les mineurs isolés ou séparés de leurs familles lors des conflits ou des déplacements forcés sont particulièrement vulnérables et deviennent des cibles faciles. Nous mettons ceux que nous pouvons à l’abri, mais la situation est critique. Dans ce climat de peur, des milliers d’enfants ont également cessé de fréquenter l’école, craignant d’être enlevés. »

Augmentation des violences sexuelles

Autres crimes perpétrés : les violences sexuelles. Les femmes et les filles déplacées, vivant dans des conditions précaires dans des centres collectifs improvisés, sont particulièrement exposées. Dans la semaine suivant la chute de Goma, 572 cas de viols ont été enregistrés dans 42 établissements de santé de la ville, dont 170 concernaient des enfants, selon les Nations unies. Plus récemment, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme** a alerté sur une augmentation de 152 % des violences basées sur le genre entre les mois de janvier et février en RDC, notamment dans les zones de conflit de l’est du pays. Même constat alarmant pour les violations affectant les enfants, qui ont crû de 137 %.

Maladies et malnutrition en hausse

Dans ce contexte marqué par l’insécurité, l’activité économique et les transports sont fortement perturbés. L’inflation est galopante et touche tous les secteurs, y compris l’approvisionnement en eau potable. Seule 40 % de la population y a accès, sachant qu’un bidon de 20 litres peut coûter jusqu’à 1 000 francs congolais (le prix variait entre 100 et 500 selon les quartiers en mars 2024). Cette situation aggrave la précarité des populations, avec pour conséquences le développement de maladies (choléra, typhoïde, diarrhée, gale, teigne) et des risques accrus de violences pour ceux qui doivent parcourir de longues distances pour puiser de l’eau.

« Les cas de maladies liées à la consommation d’eau insalubre ne cessent d’augmenter tout comme la malnutrition. N’ayant pas accès aux soins, certains enfants meurent… Toutes ces atrocités, ces violences, ces tueries… C’est très dur. Je pense qu’après toutes les guerres vécues, celle-ci me fait traverser le plus dur moment de ma vie. »

Initiatives locales pour soutenir les enfants en souffrance

Face à cette situation dramatique, le BICE soutient des initiatives locales d’accompagnement médico-sanitaire de jeunes filles victimes de violences sexuelles et d’enfants souffrant de maladie ou de malnutrition. Nous appuyons aussi des actions de réunification familiale hors de Goma afin de mettre en sécurité les enfants isolés, menacés de recrutement forcé.

Notre association appelle également, tout comme d’autres organisations humanitaires et l’ONU, à une réponse immédiate et coordonnée pour protéger les civils, en particulier les femmes et les enfants. Il est urgent de mettre fin aux violations des droits humains et de fournir une assistance adéquate aux populations affectées.


*Après la prise Goma, le M23 a continué vers le sud et l’ouest. Il contrôle notamment la ville de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, depuis le 16 février. Le 24 avril, un accord de cessez-le-feu a été signé à Doha entre le gouvernement congolais et le M23, sous médiation qatarie. Les deux parties se sont engagées à cesser les hostilités et à rejeter les discours de haine.

** Le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme a été créé en février 2008. Il intègre la Division des Droits de l’Homme (HRD) de la MONUSCO et l’ancien bureau du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme en République démocratique du Congo (HCDH-RDC).

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