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Centre pour les enfants des rues de Bukavu
Des enfants accompagnés par Peder jouent dans l'un de ses centres.
Publié le

Deux histoires d’enfants sortis de la rue par Peder

Pascaline et Lumière font partie des milliers d’enfants des rues accompagnés par Peder, partenaire du BICE dans le cadre du programme Écoles sans murs, à Bukavu à l’est de la République démocratique du Congo.

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Accompagnés sur le plan psycho-affectif, scolaire, administratif, ils ont réussi à se réinsérer socialement, à retrouver le chemin de l’école, à dépasser leur histoire difficile. Pascaline fréquentait les maisons de tolérance et se prostituait quand Peder* lui a proposé de l’aider. Elle avait 13 ans.  « Elle voyait encore ses parents mais ces derniers, séparés depuis quelques années, sans domicile fixe, en situation de grande pauvreté, ne s’occupaient pas d’elle. Elle avait arrêté l’école en 2e année de primaire faute de moyens. Cette situation instable l’avait menée jusqu’aux maisons de tolérance », explique un éducateur de Peder.

Dans la rue entre ses 4 et 6 ans

Lumière, lui, s’est enfui de chez son père alors qu’il avait 4 ans parce qu’il était maltraité par sa belle-mère. Il passait ses nuits sous les étalages du grand marché de Bukavu et dans les parkings. Il se nourrissait avec ce qu’il trouvait dans les poubelles. Pendant deux ans, il a survécu ainsi dans la rue.

Ce sont lors de maraudes que des éducateurs ont rencontré Pascaline et Lumière. « Nous allons régulièrement au-devant des enfants lors de sorties à pied dans la ville, d’actions de prévention en extérieur. Nous avons aussi installé plusieurs points d’écoute, et l’un des quatre centres dePeder se trouve en plein cœur de Bukavu, près du marché et des animations qui attirent les enfants et les adolescents des rues. Cette proximité nous rend accessibles. Et facilite le contact, la confiance. »

« Ces bébés, nés dans la rue, n’ont quu’ne infime chance de s’en sortir »

Actuellement, ils sont plus de 10 000 enfants à vivre seuls dans les rues de Buvaku, selon Peder. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter depuis quelques années ; en raison notamment de la dégradation des conditions de vie de la population (chômage, pauvreté, non scolarisation des enfants) et d’un exode rural important dû à l’insécurité dans les villages. Les populations fuient en effet les conflits armés. « Nous observons également un nouveau phénomène. De nombreux jeunes des rues de Bukavu commencent à avoir des enfants. Ces bébés, nés dans la rue, n’ont qu’une infime chance de s’en sortir. C’est vraiment alarmant. »

Soutenus, rescolarisés, formés…

Par ses actions (écoute, prévention, formation…), Peder soutient chaque année plus de 1 000 enfants ; 600 sont pris en charge dans l’un de ses quatre centres. Ils bénéficient alors d’un accompagnement psychologique, de cours d’alphabétisation ou de remise à niveau. Ils participent à des ateliers résilience, à des groupes de discussion ou encore à des activités sportives et créatives. En parallèle, les éducateurs tentent de retrouver leurs familles et de renouer des relations, quand c’est possible. Ensuite, les enfants sont soit « rescolarisés », s’ils en ont encore l’âge et la motivation, soit formés à un métier.

Médiation familiale

Pascaline a ainsi suivi une formation de couture et s’est spécialisée en broderie. Soutenue sur le plan matériel par Peder, elle a ouvert son atelier et s’en sort bien aujourd’hui. Lumière, lui, qui n’avait jamais été à l’école, a suivi des cours d’alphabétisation avant d’être inscrit en primaire. Les éducateurs ont aussi repris contact avec son père. « Lumière est retourné vivre avec lui mais cela ne s’est pas bien passé. Une médiation familiale a alors débuté avec sa grand-mère maternelle. Il vit depuis chez elle et s’est parfaitement intégré. Actuellement en 3e année du secondaire, il a de bons résultats. De tels parcours nous encouragent, nous motivent. »

*Programme d’encadrement des enfants des rues de la congrégation des sœurs de Sainte Gemma

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