Formation et supervision pour un accompagnement des enfants libérés et de leurs familles
Une formation – comprenant un suivi de la mise en œuvre – a été organisée à l’attention des assistants sociaux, leaders communautaires et responsables de structures d’accueil transitoires (SAT). Elle couvre des thématiques telles que les groupe de parole et de psychoéducation sur la justice réparatrice, la parentalité responsable, la masculinité positive et la résilience. L’objectif est de renforcer les compétences des acteurs sociaux, d’améliorer leur approche envers les enfants libérés. « Les acteurs sont très ouverts et impliqués à relayer les actions. Ils reçoivent nos formations et conseils avec enthousiasme, malgré les défis rencontrés », souligne Béatrice Bitenda, juriste du BNCE-RDC.
Des ateliers de parentalité et de psychoéducation réunissant parents et enfants sont organisés avec les agents sociaux formés précédemment. Ils permettent d’une part d’aider les parents à mieux comprendre et soutenir les enfants et d’autre part de guider les enfants qui doivent reprendre une place dans la société après la détention. « Les parents, au début réticents, intègrent progressivement l’importance de dialoguer avec leurs enfants et de les associer aux prises de décision », témoigne Béatrice Bitenda. Cette approche holistique vise à créer un environnement favorable à la réinsertion des jeunes
Mise en œuvre des travaux d’intérêt général (TIG)
Bien que la législation congolaise prévoie les travaux d’intérêt général depuis 15 ans (article 134(8) de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009), leur application reste limitée. EsB3 s’efforce de promouvoir cette alternative à la détention en collaborant avec les tribunaux pour enfants. Actuellement, deux expériences pilotes sont menées avec ceux de Kinshasa/Matete et Kinshasa/Kalamu où les enfants participent à des activités telles que le nettoyage des locaux des tribunaux pour enfants ainsi que l’espace extérieur. L’ambition est d’étendre les lieux de réalisation de TIG aux communes et autres structures publiques pour éviter la détention. Mais aussi diversifier l’offre et favoriser la réinsertion des jeunes, tout en sensibilisant les communautés à son importance.
Comme Béatrice le précise : « Il est indispensable d’établir une cartographie sérieuse des structures qui accompagnent effectivement les enfants, afin de valoriser et renforcer celles qui contribuent efficacement à leur réinsertion ; y compris les postes de TIG. »
Défis et perspectives
Malgré les avancées – innovations autour du suivi social après la libération et des TIG, collaboration favorisée entre les services –, des défis subsistent. Le programme EsB3 est limité dans le temps et dans l’espace et les ressources ne couvrent pas tous les besoins. La rotation fréquente des professionnels de la justice (en général les juges pour enfants) complique la pérennisation des acquis. Il est donc essentiel que l’État et les autres acteurs s’approprient pleinement ces initiatives pour assurer une réinsertion durable, respectueuse des droits de l’enfant. Les résultats probants enregistrés y contribueront. « Ces enfants sont une richesse pour le pays, leur talent ne devrait pas être enfermé mais valorisé », conclut Béatrice Bitenda.
*Le programme EsB3 est soutenu par l’Agence française de développement. Description de ce projet par pays : RDC, Togo et Côte d’Ivoire.
Je pense à un jeune qui était en conflit avec la loi et qui a été accompagné par le BNCE-RDC. Il a bénéficié d’un soutien psycho-social basé sur la résilience et a été formé à un métier. Aujourd’hui, cet enfant a grandi et travaille dans un atelier d’ajustage. Il vit de cette activité. Quand j’ai eu besoin de faire construire un barbecue, c’est à lui que je me suis adressée. Il est sérieux et travaille très bien. Je peux le conseiller les yeux fermés à mes amis et à ma famille. C’est tellement gratifiant de voir ces jeunes s’en sortir et réussir à se réintégrer sur les plans social et professionnel.
Béatrice Bitenda, juriste au BNCE-RDC