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Enfants en conflit avec la loi dans les médias au Pérou
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Quel traitement pour les enfants en conflit avec la loi dans les médias ?

Les médias jouent un rôle essentiel dans la situation des enfants en conflit avec la loi (ECL) dans un pays. Qu’ils diffusent d’eux une image dangereuse et stigmatisante, et toutes les avancées vers une justice juvénile réparatrice s’en trouvent grippées.

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Maria Consuelo Barletta et Roberto Cervantes, représentants de COMETA et de l’OPA, s’attachent à modifier l’image des enfants en conflit avec la loi dans les médias au Pérou.

Quelle est la situation des enfants en conflit avec la loi au Pérou ?

Maria Consuelo : Nombre d’enfants en conflit avec la loi sont encore incarcérés car les juges n’ont pas intégré l’intérêt des mesures non privatives de liberté. Les infractions les plus fréquemment commises sont des vols et sont souvent le fruit d’un manque d’intégration sociale. Pour ces jeunes, il s’agit souvent de survivre dans un contexte qui ne leur offre aucune opportunité.
Roberto : Depuis toujours, ces jeunes ont été abandonnés par l’État. Ils ne vont pas à l’école, n’ont accès ni à la santé, ni au logement et sont privés de tout droit à vivre dans la dignité. Mais, lorsque ces jeunes commettent un délit, la réponse de l’État est très dure. Ce même État, qui a négligé leurs droits, leur dit : « Maintenant, je vais m’occuper de toi, et je vais t’appliquer une justice sévère ». Cela nous paraît quelque peu illogique. Ainsi, les juges infligent des peines punitives lourdes, sans garantir aucun processus de réinsertion sociale pendant l’incarcération. Ce qui fait communément dire que « les prisons des jeunes sont devenues des écoles du crime. »

Quel est le traitement des enfants en conflit avec la loi dans les médias ?

Roberto : Les médias au Pérou donnent une image négative et dangereuse des ECL. Cette stigmatisation des enfants en conflit avec la loi dans les médias a un impact très fort sur l’imaginaire social de la communauté. Elle crée un climat de suspicion et d’insécurité par rapport aux jeunes. Les journalistes qui traitent du sujet ne sont, le plus souvent, absolument pas formés dans le domaine et diffusent de ce fait des informations erronées. A partir de ces informations, le jeune se crée également une image autodestructive de lui-même. Il acquiert le sentiment d’être irrécupérable.

Comment faire évoluer l’image des enfants en conflit avec la loi dans les médias ?

Maria Consuelo : Au sein du programme Enfance sans barreaux, nous avons réalisé une enquête sur la façon dont les ECL étaient traités dans les médias péruviens. Nous avons ainsi démontré que les médias utilisaient des termes comme « délinquants », « délits », … et qu’ils diffusaient une image très péjorative des adolescents. A partir de là, nous avons construit un module de formation pour les journalistes. Ce module doit leur permettre, à partir d’exemples, de faire évoluer la façon dont ils traitent les informations sur les ECL, en réfléchissant à la terminologie utilisée et en abordant de manière plus technique les infractions commises.
Lors d’interviews dans les médias, nous défendons, avec force, le fait de traiter les ECL non comme des délinquants, mais comme des sujets en développement, toujours titulaires de droits fondamentaux et à réinsérer dans la société.

Roberto : Il existe au Pérou de nombreuses lois pour réguler les moyens de communication. Mais les médias n’en connaissent qu’une : la loi du marché. Ils répondent à une seule logique : vendre plus, quel qu’en soit le coût. C’est pourquoi, à Arequipa, nous travaillons sur 3 axes :

  • Au niveau de l’organisation. Nous avons constitué, avec quelques radios locales, un réseau de journalistes qui promeut la justice réparatrice pour les ECL.
  • Au niveau de la sensibilisation. A partir de campagnes, de spots, nous utilisons les médias pour atteindre la communauté et effacer l’image négative de l’ECL.
  • Au niveau de la formation, en lien avec des universités locales et nationales. Il s’agit ici de diffuser la Charte de communication élaborée lors des rencontres latino-américaines dans le cadre du BICE. Cette charte contient des éléments liés aux droits des ECL dans les médias : choix du vocabulaire, nécessité de ne pas condamner sans preuves, valorisation de la réinsertion…
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