« Lorsque je suis arrivé à l’école, j’étais nerveux, un peu inquiet. J’avais l’habitude de passer mes journées à travailler, à m’occuper des tâches ménagères au lieu d’aller à l’école. L’éducation me semblait être un rêve lointain, mais j’étais déterminé à apprendre. » Victor a 8 ans. Il est, ce qu’on appelle à Haïti, un enfant Restavek. Ces enfants effectuent, dans des conditions très souvent proches de l’esclavage, des tâches domestiques pour une famille en échange d’un toit.
« Il reste courant à Haïti que des parents très pauvres envoient leurs enfants, âgés entre 5 et 16 ans, dans des familles aisées, avec l’espoir qu’ils recevront nourriture, soins et éducation, explique l’équipe de l’établissement scolaire située à Jérémie. Malheureusement, les enfants se retrouvent fréquemment victimes des pires formes d’exploitation. Sans rémunération et privés d’éducation. »
Un repas pour favoriser l’éducation
C’est notamment pour lutter contre ce fléau que le projet soutenu par le BICE a été pensé. En proposant un repas consistant chaque midi, l’école incite les parents en situation de grande pauvreté à garder leurs enfants auprès d’eux et à les scolariser. « Cela pousse aussi les familles employant un enfant Restavek à le laisser aller à l’école. Comme c’est le cas pour Victor. »
Ainsi, 125 élèves*, âgés de 6 à 16 ans, bénéficient chaque jour au sein de l’école Champagnat des Maristes d’un repas nutritif essentiel pour leur santé. Et qui favorise leur accès à l’éducation. Une action dont les effets sur l’assiduité et les performances scolaires des enfants ont pu être observés rapidement.
Des premiers résultats encourageants
Au cours de la première période du projet, débuté en octobre 2024, le taux de fréquentation a atteint 90 %. La fourniture d’un déjeuner apparaît ainsi représenter une mesure efficace pour combattre l’absentéisme et la déscolarisation. Autre impact positif : les résultats scolaires ont progressé de 7 % en moyenne, notamment en mathématiques, en sciences, en lecture et écriture.
« Grâce au repas servi à l’école, j’arrive mieux à me concentrer, je suis moins fatigué, explique Victor. J’ai aussi le sentiment d’être pris en charge, valorisé, ce qui me motive beaucoup. J’ai appris à lire et écrire. Et mes professeurs me soutiennent beaucoup. Ils savent combien notre vie est difficile en dehors de l’école. »
Des sessions de sensibilisation en direction des parents pour une action durable
En complément de cette action, les Frères Maristes ont mis en place des ateliers éducatifs pour les élèves, couvrant des thématiques essentielles comme l’alimentation, la santé dont la santé mentale, l’agronomie et la protection de l’environnement.
Les familles sont également impliquées à travers des sessions de sensibilisation sur la nutrition, l’éducation et le bien-être des enfants, en particulier ceux du système Restavek. En parallèle, des formations sont dispensées aux volontaires sur les bonnes pratiques de préparation des repas et les normes d’hygiène. Ces ateliers et rencontres sont prévus tout au long du projet dont la fin est prévue en mars 2025.
*52 % de filles, 48 % de garçons
