Dans les villes rurales de Sidlaghatta et Chickballapur, situées dans le district de Chikkaballapur, le taux de pauvreté demeure élevé. Pour les mères seules, notamment, et leurs enfants, le quotidien est souvent éprouvant. Dans cette région, pourtant réputée pour sa production de soie, l’usage des emplois journaliers mal rémunérés et instables est répandu ; les emplois réguliers se faisant rares. Et les femmes sont particulièrement touchées par cette réalité.
« Autre difficulté dans les familles pauvres notamment : l’alcool fait des ravages chez les hommes, précise Mary Chelladurai, fondatrice de l’association Aina Trust. Certains finissent par abandonner femme et enfants, ceux qui restent sont la plupart du temps en incapacité d’aider le foyer. »
Une approche holistique pour plus d’efficacité
Face à cette situation, Aina Trust, soutenue par le BICE, déploie depuis 2022 des projets intégrés qui combinent garde d’enfants, accompagnement à la parentalité responsable et soutien à la création de revenus durables. La nouvelle phase d’un an débutée en janvier 2025 continue le travail déjà mené, tout en renforçant certains axes d’intervention.
« Nous prévoyons avec le BICE d’améliorer encore l’accueil des 150 enfants de moins de 4 ans au sein de nos crèches communautaires. Pour cela, des formations régulières sont mises en place en direction des assistantes maternelles qui prennent en charge les enfants. Nous travaillons sur la variété des activités proposées (jeux d’éveil, de motricité, d’adresse, relationnels, jeux à manipuler…), et sur le renforcement des compétences en matière d’éducation bienveillante et adaptée, précise May Chelladurai. Des visites médicales régulières sont organisées. Et chaque enfant bénéficie d’un suivi de croissance individualisé. »
Favoriser un climat familial protecteur
Toujours dans l’optique d’offrir un environnement favorable aux enfants, Aina Trust et le BICE se mobilisent aussi auprès des parents, principalement les mamans. Des rencontres régulières autour de la relation parent-enfant, du jeu, de l’éducation responsable, de l’hygiène… sont organisées. Des échanges très appréciées : « Je participe aux réunions de sensibilisation. J’y apprends plein de choses sur les soins à apporter à mes enfants et à moi-même. Je suis profondément reconnaissante pour cela. Notre quotidien est plus positif et je crois désormais pouvoir offrir un avenir meilleur à mes enfants grâce aussi au soutien économique que je reçois », explique l’une des mamans bénéficiaires.
Le soutien à la création d’un petit commerce ou d’une micro-entreprise pour les familles les plus vulnérables est un volet important du projet. « Permettre aux mamans de nourrir chaque jour leurs enfants, de payer les fournitures et uniformes nécessaires à leur scolarisation, d’acheter des médicaments en cas de besoin… a un impact fort sur le bien-être des enfants et leur avenir. Les résultats que nous obtenons depuis 2022 sont très positifs », explique Mary.
Autonomie financière et reconnaissance sociale
Au cours de l’année 2025, 70 femmes seront ainsi formées à la gestion d’un projet générateur de revenus, à l’épargne. Puis accompagnées dans le lancement de l’activité de leur choix. En parallèle, les 80 femmes déjà engagées dans le processus continuent à bénéficier d’un suivi et de conseils d’Aina Trust. « Nous souhaitons mettre en place des groupes de femmes entrepreneures par zone géographique afin qu’elles se soutiennent entre elles, tant sur les défis professionnels que personnels. Nous allons également renforcer le système de prêt rotatif* afin de pouvoir proposer à celles qui en ont besoin des petits prêts complémentaires. »
En structurant des réseaux de solidarité locaux et en rendant les familles actrices du changement, ce projet inscrit son action dans la durée. Permettre aux enfants de grandir dans un environnement protecteur et stimulant est une condition essentielle à leur développement physique et psychologique.
* Un prêt rotatif (ou fonds de prêt rotatif) désigne un mécanisme où une somme initiale est prêtée à un bénéficiaire. Une fois remboursée, cette même somme est de nouveau prêtée à un autre bénéficiaire, et ainsi de suite. Cela permet à un même capital de financer plusieurs projets successivement, sur un modèle durable.
