Dans l’est du pays, les nombreuses attaques à la machette et aux armes lourdes ont obligé la population à fuir. Des familles entières ont été tuées à l’arme blanche, des villages réduits en cendre, des centres de santé et des écoles saccagés.
« La population est en effet confrontée à une augmentation de l’insécurité dans la province du Nord-Kivu et notamment dans les territoires de Nyiragongo, Rutshuru, Masisi, Lubero et Beni, souligne le partenaire du BICE, Ghovodi, actif dans le Nord-Kivu. Il y a des affrontements entre les groupes armés eux-mêmes mais aussi entre ces groupes et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). » Selon l’Unicef, l’armée congolaise tente en effet de freiner l’action des milices et de réaffirmer l’autorité de l’État dans cette région.
Aujourd’hui, il y aurait ainsi en RDC, d’après les Nations unies, 5,2 millions de personnes déplacées, soit plus que dans tout autre pays à l’exception de la Syrie. « Et la moitié d’entre elles ont été déplacées au cours des 12 derniers mois. Les familles déplacées vivent dans des camps surpeuplés sans accès à de l’eau propre, aux soins de santé et à d’autres services élémentaires. D’autres sont hébergées par des communautés locales pauvres. »
Le rapport indique également que dans les provinces les plus touchées par la violence (Ituri, Nord-Kivu, Sud-Kivu et Tanganyika), plus de huit millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aiguë.
Les jeunes filles et les femmes ne peuvent plus accéder aux champs
Ghovodi a en effet observé une aggravation de la pauvreté dans sa zone d’intervention. « La fermeture de la frontière avec le Rwanda, pour enrayer la 2e vague de la Covid-19, a privé de nouveau de nombreux habitants de travail et de ressources. Et les petits commerçants, confrontés de surcroît à une hausse du taux de change suite à la dévaluation de la monnaie locale, n’arrivent plus à s’en sortir. Parmi les familles que nous accompagnons, deux tiers nous ont confié avoir réduit le nombre de repas par jour. »
Dans les milieux ruraux, les jeunes filles et les femmes n’arrivent plus à accéder aux terres agricoles en raison de la présence des groupes armés et des violences perpétrées sur elles. « Et puis, les personnes déplacées forcées d’abandonner leur terre, leurs épargnes et leurs récoltes vivent difficilement dans les zones d’asile. »
Autre source d’inquiétude : l’éducation. Ghovodi a constaté que dans les 20 écoles avec lesquelles il travaille, dans le cadre du projet Écoles sans murs développé avec le BICE, les effectifs avaient diminué de 10% à 55% à la rentrée d’octobre dernier. « Cela s’explique par l’augmentation de la pauvreté. Mais aussi par le fait que plusieurs jeunes filles sont tombées enceintes pendant le confinement. Nous en avons compté 60 parmi les adolescentes scolarisées dans les 20 écoles que nous accompagnons. Leurs familles ne les autorisent pas à retourner à l’école. »
Actions du BICE et de ses partenaires
locaux au Kivu
Le BICE travaille actuellement avec trois partenaires locaux au Nord et au Sud Kivu, Ghovodi, Cœur sans frontières et Peder.
– Deux projets avec le Groupe des hommes voués au développement intercommunautaire (Ghovodi) : l’un dans le cadre du programme Écoles sans murs autour de la réinsertion sociale et professionnelle de jeunes filles victimes de violence dans le Nord-Kivu ; l’autre mis en place début février pour aider les familles vulnérables à faire face à la crise sanitaire et socio-économique. Parmi les actions menées, un soutien alimentaire d’urgence et une aide à la création d‘activités génératrices de revenus.
– Un projet avec le Programme d’encadrement des enfants de la rue (Peder) dans le cadre d’Écoles sans murs avec la réinsertion d’enfants et adolescents en situation de rue dans le Sud-Kivu.
– Un projet avec Cœur sans frontières mis en place en décembre 2020 pour aider des jeunes filles du Nord-Kivu, déjà accompagnées par CSF et dont plusieurs sont déjà mères, à faire face à la pandémie. Parmi les actions menées, un soutien alimentaire d’urgence à leurs jeunes enfants et une aide au développement d’activités agricoles génératrices de revenus.