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réchauffement climatique effets
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Laissons une planète vivable à nos enfants

Le Giec* vient de publier un nouveau rapport alarmant sur les effets du réchauffement climatique. Le BICE s'est intéressé à l’impact des changements environnementaux sur les enfants, qui en paient le prix fort, en France comme partout ailleurs, et en premier lieu les plus pauvres d’entre eux.

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Le 28 février, les 270 scientifiques du Giec publiaient un nouveau rapport sur les effets de la crise climatique. Le constat est douloureux, car ce sont nos biens vitaux qui sont affectés. Réduction de la disponibilité des ressources en eau et en nourriture, augmentation du stress thermique, dégradation de la qualité de l’air… Ces conséquences des dérèglements climatiques concernent tout le monde et toutes les régions du globe. « Mais ce sont les enfants qui en paient le prix fort », alerte l’Unicef**. Et en premier lieu les enfants les plus pauvres. En effet, « 99 % des décès déjà attribués aux changements climatiques surviennent dans des pays en développement, et il s’agit pour 80 % de décès d’enfants. »

L’eau, un bien de plus en plus rare et pollué

Toujours selon l’Unicef, 700 millions d’enfants vivent actuellement dans des régions soumises à de graves sécheresses ou à un risque extrêmement élevé d’inondations, deux phénomènes qui, tout comme la hausse des températures, ont pour conséquence d’affecter la quantité et la qualité de l’eau. Les maladies liées à l’eau et à son assainissement (choléra, typhoïde, maladies diarrhéiques) sont aujourd’hui parmi les principales causes de décès chez les enfants de moins de 5 ans. À elles seules, les maladies diarrhéiques tuent 700 d’entre eux chaque jour. Dans les pays occidentaux, la qualité de l’eau est affectée par les pollutions chimiques.

C’est en effet le constat du Dr Pierre Souvet, cardiologue et président fondateur de l’Association Santé Environnement France. « Nos stations d’épurations sont efficaces pour filtrer les agents infectieux comme les bactéries, mais elles laissent passer les micropolluants. On trouve dans l’eau des résidus de médicaments (antiépileptiques, paracétamol, etc.), certains hydrocarbures, des perturbateurs endocriniens et des pesticides. Les dangers de chacun sont connus. Les pesticides augmentent le risque de cancers comme la leucémie ou les tumeurs cérébrales chez l’enfant, lorsque la mère est exposée pendant la grossesse. Certains sont neurotoxiques et risquent d’entraîner des difficultés d’apprentissage et des troubles cognitifs. Selon une étude récente du CNRS***, un mélange de perturbateurs endocriniens peut provoquer des retards de langage chez l’enfant. »

Un air irrespirable

En septembre 2021, s’appuyant sur les conclusions d’études récentes, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publiait de nouvelles normes relatives à la qualité de l’air extérieur, des seuils que des villes comme Paris ou Lyon dépassent largement.

« Toutes les formes de combustion (véhicules à moteur, usines, systèmes de chauffage) rejettent des particules dans l’atmosphère. Celles-ci, extrêmement fines près des sources de combustion, de l’ordre de la nanoparticule, s’agglomèrent, formant des particules plus importantes. Les plus grosses, de l’ordre de 10mg/m3, ne vont pas plus loin que l’arbre ORL. Mais les plus fines pénètrent l’arbre respiratoire, le système cardiovasculaire et même le cerveau. Cette pollution, à laquelle personne n’échappe, a des conséquences importantes sur les enfants. Sur le fœtus d’abord, avec des risques accrus d’accouchement prématuré, de poids trop bas à la naissance et d’altération pulmonaire. Puis sur les jeunes enfants qui, très actifs, ventilent davantage et de ce fait absorbent plus de polluants. Or des liens ont aussi été établis entre pollution de l’air et baisse du quotient intellectuel, dépression, obésité et même diabète. »

79% des décès attribués aux changements climatiques sont des décès d’enfants dans des pays en développement.

La triple peine, sanitaire, environnementale et sociale

La pollution de l’air ne fait pas de distinction entre riches et pauvres, mais elle touche davantage les enfants qui vivent en ville, à proximité d’un trafic routier important. Et ceux dans la précarité risquent d’être davantage impactés, car ils sont souvent fragilisés par d’autres nuisances de leur environnement : logement précaire, exposition accrue au stress, alimentation de faible qualité, moindre accès aux soins de santé. De plus, les espaces verts, parcs, aires de jeux et de loisirs qui pourraient contrebalancer ces conditions de vie sont généralement plus rares dans les quartiers défavorisés. Ainsi à Paris, selon une étude du Laboratoire sur les inégalités mondiales, les habitants les plus pauvres risquent trois fois plus de mourir d’un épisode de pollution grave que les habitants les plus riches. « C’est la triple peine, comme le constate le Dr Pierre Souvet, sanitaire, environnementale et sociale. »

Changer nos modes de vie

Mais des solutions existent pour lutter contre la dégradation de l’environnement. « En 2000, la ville de Tokyo a interdit les véhicules diesel, ce qui a entraîné une diminution de 44 % des particules de 2,5mg/m3 et une baisse de la mortalité pulmonaire de 22 % », raconte le Dr Pierre Souvet. Dans ses recommandations, le Giec préconise la transition énergétique pour réduire les émissions de CO2, une meilleure gestion de l’eau et de l’irrigation mais aussi une meilleure adaptation des cultures aux conditions climatiques, via l’agroécologie et la préservation du milieu naturel (restauration des forêts et des écosystèmes naturels, arrêt de l’urbanisation dans les zones côtières, végétalisation des villes…).

Une prise de conscience au niveau collectif et individuel est nécessaire. Les jeunes le savent bien, eux qui se montrent souvent plus mûrs que leurs aînés face aux enjeux climatiques (Voir l’interview de Melati). L’enjeu est de taille : laisser une planète vivable à nos enfants, et un monde plus juste. Car comme le résume le Dr Pierre Souvet : « Lutter contre les changements environnementaux, c’est lutter contre les inégalités sociales. »

* Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
**Le changement climatique et les enfants. Vu sur: https://www.unicef.fr/dossier/climat-et-environnement
***Centre national de la recherche scientifique

« À Bali, la pollution plastique était partout. »

Melati sur le changement climatique
© World of me Marie

Melati a 12 ans quand elle décide avec sa sœur de 10 ans de lutter contre la pollution plastique qui envahit leur île de Bali. Elles créent Bye Bye Plastic Bags, une association animée par des enfants que le film Bigger than Us a fait connaître dans le monde entier.

Comment votre lutte contre la pollution plastique a-t-elle commencé ?

« Ma sœur et moi avons grandi sur l’île de Bali. La pollution plastique avait envahi les plages, les rivières, les rizières… On observait partout la même scène : des tas de plastique qui brûlaient sur le bord de la route et des enfants qui jouaient à côté. Or on sait que l’inhalation de ces fumées est dangereuse pour la santé. Nous ne pouvions pas rester sans rien faire face à un tel problème. C’est ainsi que Bye Bye Plastic Bags est né. »

Quels progrès avez-vous observés depuis le début de votre action ?

« En 2013, lorsque nous avons lancé l’association, nous nous sommes beaucoup concentrés sur la sensibilisation et l’éducation, parce que rien n’était fait dans ce domaine, ou du moins bien trop peu. Aujourd’hui, de plus en plus de personnes sont conscientes de l’impact de la pollution plastique. Nous commençons à obtenir des résultats en termes de réduction des plastiques à usage unique. En 2019, les autorités de Bali ont par exemple interdit l’usage des sacs en plastique. »

Avez-vous un message pour nos lecteurs ?

« Nous sommes convaincus que les jeunes peuvent initier le changement et faire bouger les choses. Bye Bye Plastic Bags en est la preuve. À vos lecteurs j’ai envie de dire : passez le message, il n’est pas besoin d’attendre d’être adultes pour agir. »

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