Depuis plusieurs mois, un petit bus rouge de 34 places sillonne les rues d’Alep et y apporte l’espoir. Ce « bus de la vie », c’est celui de notre partenaire Pro Terra Sancta. Transformé en centre mobile, il offre aux enfants des quartiers dévastés de la ville un refuge où ils peuvent apprendre, jouer, recevoir un soutien émotionnel. La semaine, il vient chercher les enfants dans la rue et les emmène, pour quelques heures, dans l’un des trois centres où ils peuvent suivre des cours et recevoir un accompagnement psychologique personnalisé.
Le week-end, psychologues et éducateurs mènent des activités à bord pour les enfants qui travaillent la semaine et ne peuvent se déplacer. Ateliers résilience en groupe, apprentissage des notions de base en calcul, lecture, écriture, initiations à des compétences sociales (comme gérer son argent, travailler en équipe, etc.), sensibilisation aux droits des enfants… Et, tout cela, de manière ludique pour créer des instants de sérénité dans un contexte particulièrement difficile.
Une situation humanitaire désastreuse
La Syrie, déchirée par plus de 12 ans de guerre, fait face à une situation humanitaire désastreuse. Les répercussions combinées du conflit prolongé, de l’épidémie de covid-19, de la crise financière au Liban voisin et de la guerre en Ukraine ont plongé le pays dans une crise économique et sociale sans précédent, avec des taux d’inflation et de chômage records.
Plus de 90 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Et, selon la Banque mondiale, près de 9,5 millions de Syriens, soit 44 % des habitants, sont en situation d’insécurité alimentaire grave. Dans ce climat déjà désespéré, les tremblements de terre de février 2023 ont exacerbé les souffrances, coûtant la vie à plus de 6 000 personnes, en blessant 12 000, et provoquant des destructions massives.
Le travail des enfants très répandu
Les enfants sont les premiers à payer les conséquences de cette instabilité. 2,4 millions d’entre eux souffrent de malnutrition et ont besoin de soins médicaux. 6,4 millions ont besoin d’un soutien éducatif, selon un rapport sur la Syrie du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA, 2022), dont environ un demi-million sont en situation de handicap. Pour faire face à cette situation alarmante, les familles syriennes ont souvent recours à des mécanismes d’adaptation négatifs. Tels que le travail des enfants et les mariages précoces, qui accroissent les risques d’abandon scolaire et le besoin de protection sociale.
Le bus de la vie : des opportunités de rêver
Ahmed, 8 ans, est l’un de ces enfants obligés de travailler pour aider sa famille. Cordonnier la semaine, il attend chaque week-end l’arrivée du bus avec impatience. « Ici, je m’amuse et j’apprends quelque chose. J’espère faire un bon travail quand je serai grand pour être plus utile à ma famille. »
En dépit des défis persistants, le bus de la vie représente une lueur d’espoir pour ces enfants, leur offrant des opportunités de rêver au-delà des ruines et de la désolation. Un lieu de rencontres, de chants, de jeux, où ils peuvent enfin redevenir des enfants !