Alors que les besoins alimentaires mondiaux ne cessent de croître, les coupes budgétaires drastiques dont celles, en premier lieu, de l’USAID — principal bailleur de fonds pour la sécurité alimentaire — font craindre des conséquences dramatiques sur les populations les plus vulnérables.
En 2023, entre 713 et 765 millions de personnes restaient sous-alimentées, soit 152 millions de plus qu’en 2019, selon les Nations unies. Face à une telle régression, l’objectif « Faim Zéro » de l’Agenda 2030 semble de plus en plus hors de portée.
« Nous voyons chaque jour, à travers les témoignages de nos partenaires, l’ampleur de la crise alimentaire qui frappe des populations qui vivaient déjà dans des conditions très précaires, confirme Alessandra Aula, secrétaire générale du BICE. Depuis la pandémie de covid-19, les conflits en Ukraine, en RDC, au Proche Orient et l’inflation galopante dans plusieurs pays, les carences même en nourriture/produits alimentaires de base sont devenues criantes. Face à cette urgence, le BICE a d’ailleurs dû repenser un certain nombre de ses actions pour y ajouter un volet humanitaire. Nous avons également dû lancer des projets uniquement centrés sur l’aide alimentaire. Faire reculer la faim est primordial. Durant les premières années de la vie, la malnutrition peut entraîner des carences irréversibles, affectant durablement la santé, le développement cognitif et l’avenir des enfants. »
Ces derniers mois, le BICE a ainsi développé plusieurs nouvelles actions axées sur le soutien alimentaire. En réponse aux alertes lancées par son réseau de partenaires locaux. Parmi elles :
Soutien alimentaire auprès de familles en situation d’extrême pauvreté
Pérou
Au Pérou, les familles vulnérables souffrent de la crise économique persistante. Le chômage de masse et la généralisation de l’emploi informel compliquent chaque jour un peu plus leur accès à une alimentation suffisante. Cette insécurité devient particulièrement aiguë pendant les grandes vacances scolaires, en début d’année, lorsque l’activité économique ralentit et que les enfants ne bénéficient plus des repas distribués à l’école.
Dans ce contexte difficile, les cantines communautaires représentent souvent la seule source de repas équilibrés pour de nombreuses familles. Aux côtés de son partenaire local OPA Niños Libres, le BICE soutient ces cantines depuis novembre 2023 dans quatre bidonvilles d’Arequipa, en apportant une aide alimentaire régulière, en finançant l’achat de matériel de cuisine et en formant les femmes qui les font vivre. « Nous apportons également un soutien direct aux familles en cas de grandes difficultés », précise Roberto Cervantes, président de l’association OPA.
Colombie
En Colombie, le volet distribution alimentaire organisé avec notre partenaire les Religieux Tertiaires Capucins (RTC) permet d’aider 250 familles entre décembre et avril à travers cinq journées solidaires. Cette initiative s’appuie sur le travail réalisé avec des jeunes en rupture sociale au sein de la boulangerie Bethléem (la maison du pain), autre projet des RTC avec le BICE. Ce sont en effet principalement les produits élaborés dans la boulangerie qui sont distribués aux familles démunies.
Collations ou repas dans des établissements éducatifs
Haïti
À Haïti, l’aide alimentaire est fournie au sein de l’école Champagnat des Maristes à Jérémie au sud-ouest du pays. Ce programme de cantine scolaire (nov.2024 – avril 2025), associé à des actions de sensibilisation des familles sur la nutrition et l’éducation, est essentiel pour la santé des enfants et participe à favoriser l’accès à l’éducation des plus vulnérables. Victor, 8 ans, fait partie des 125 élèves âgés entre 6 et 16 ans à bénéficier du projet : « Chaque jour, j’attends avec impatience l’heure du déjeuner. J’arrive souvent le ventre vide le matin. Manger m’aide à écouter en classe. Cela me rend l’école plus agréable. J’ai appris à lire, à écrire. Je me sens bien pris en charge. Je suis content. »
Liban
Au Liban, alors que la crise humanitaire s’est encore aggravée en septembre 2024, le BICE apporte son aide, pour le volet alimentaire, aux frères Maristes et Lassalliens du centre Fratelli, situé au sud de Beyrouth. Ce centre offre chaque jour un espace éducatif sécurisant à des enfants et adolescents issus de familles en grande vulnérabilité.
Depuis octobre dernier, et pour une durée d’un an, le BICE y soutient donc un programme de d’aide alimentaire quotidienne. Chaque jour, 600 collations nutritives sont préparées et distribuées, apportant une stabilité essentielle à ces jeunes durement affectés par la précarité et les violences récentes. « Leur enthousiasme et leur détermination nous inspirent chaque jour », témoignent nos partenaires sur place.
Syrie
De janvier à juillet 2025, le BICE soutient l’appui alimentaire mis en place à Alep par son partenaire Pro Terra Sancta pour faire face à la grave crise en Syrie. Chaque jour, les frères franciscains distribuent des repas chauds dans la cantine au sein du collège Terra Sancta et fournissent du pain aux habitants privés de tout. Plus de 2 000 familles sont ainsi accompagnées. Un apport essentiel d’autant que les pénuries d’eau, de nourriture, d’essence… sont immenses.
Le volet alimentaire renforcé dans plusieurs projets
En parallèle, le BICE a renforcé l’aide alimentaire dans plusieurs de ses projets ces dernières années. Dans le cadre d’Écoles dans murs 2, par exemple, des collations sont désormais servies dans tous les pays d’intervention (Cambodge, Guatemala, Paraguay, RDC) au sein des différents espaces éducatifs. Dans les crèches communautaires en Inde, la distribution d’un repas nutritif chaque jour d’accueil a été systématisée. Au Bénin comme en Côte d’Ivoire, cet aspect a été développé dans les écoles que nous accompagnons.
Autre exemple : en Moldavie, le centre Regina Pacis qui héberge les enfants à risque d’être placés a fait de la sécurité alimentaire un axe clé du projet soutenu par le BICE. Et ce, en raison de l’augmentation de la malnutrition due à la hausse des prix. En plus de repas équilibrés, les enfants bénéficient d’un suivi nutritionnel et d’un accès aux soins de santé.
Enfin, notons qu’au-delà de l’aide immédiate, le BICE s’engage dans des projets permettant aux familles de retrouver leur autonomie économique et de subvenir ainsi aux besoins alimentaires de leurs enfants. Cela passe notamment par l’apprentissage d’une activité génératrice de revenus et de la gestion d’une micro-entreprise, par l’aide à sa création et son suivi.
* Le Sommet Nutrition for Growth est organisé tous les quatre ans par le pays hôte des derniers Jeux olympiques et paralympiques.