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Grain de sable contre la violence
© T. Louapre
Publié le

Publication. Partage d’expériences dans la lutte contre la violence

L’ouvrage "Experiencia y perspectivas de la implementación del método Grano de arena : desde America latina 2015-2021"* vient d’être publié par le BICE. Il s’appuie sur le travail mené par quatre de nos partenaires locaux dans la lutte contre la violence faite aux enfants. Rencontre avec le coordinateur du livre, Diego Muñoz, consultant externe recherche et développement pour le BICE.

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Quel est l’objectif de cet ouvrage ?

Diego Muñoz : Cette publication offre un panorama de ce qui peut se faire en matière de prévention de la violence à l’égard des enfants. Quatre de nos partenaires en Amérique latine – BECA au Paraguay, JPC en Uruguay, Vicaría de Pastoral Social Caritas au Chili et CESIP au Pérou – y décrivent les actions qu’ils ont développées autour de la méthode Grain de sable. Ils expliquent ainsi comment ils se sont appropriés cet outil et comment ils l’ont adapté à leur réalité.

Qu’est-ce que la méthode Grain de sable ?

D.M. : Cette méthode, que leur a transmise le BICE, a été mise au point par l’association française Accompagnement, Lieux d’accueil, Carrefour éducatif et social (ALC). Elle a pour but de permettre aux enfants et aux adolescents d’identifier les situations de violence. Ce n’est pas toujours simple car certaines violences sont totalement banalisées. Lors des ateliers, les éducateurs leur donnent aussi des clés pour réagir, soit grâce au développement de capacités internes, soit en se tournant vers une personne de confiance.

Et comment se déroulent ces ateliers ?

D.M. : Ils reposent sur la projection vidéo de saynètes dans lesquelles des jeunes se retrouvent dans des situations de violence (intimidation, humiliation, racket, abus, …) et où leur intégrité et leur capacité à dire « non » sont en péril. Les enfants et adolescents s’expriment ensuite sur ce qu’ils ont vu et essayent de trouver ensemble des solutions alternatives afin d’aboutir à un dénouement positif.

L’application de cette méthode semble très précise. Comment vos partenaires locaux ont-ils pu l’adapter à leur réalité ?

D.M. : Tout d’abord lors de la réalisation des saynètes. Après avoir été formé, chaque partenaire a créé ses propres films afin que les situations de violence montrées soient adaptées à ce qui se passe dans leurs pays. Parmi les sujets abordés, il y a par exemple le contrôle excessif et la violence dans les jeunes couples, le grooming* (Chili et Uruguay), le harcèlement ou encore la violence intrafamiliale. Et les angles choisis pour traiter ces thématiques varient.

La covid-19 a aussi obligé les associations à s’adapter ?

D.M. : Oui. Nos partenaires ont dû faire preuve d’une grande créativité pour rester au contact des communautés ; pour continuer à mener des actions de prévention. L’ancrage de la violence dans la société est un réel problème en Amérique latine. Elle est omniprésente, normalisée. Une habitude dans l’éducation des enfants, dans les relations sociales… La sensibilisation à la bientraitance est donc primordiale pour changer les mentalités. Et cela l’était d’autant plus pendant le confinement où les actes de violence envers les enfants ont augmenté, comme partout dans le monde d’ailleurs.

Comment ont-ils fait ?

D.M. : Les partenaires ont été remarquables par leur adaptation. BECA au Paraguay s’est appuyé sur les réseaux communautaires. Et notamment sur certaines femmes particulièrement écoutées. Lors des distributions des repas pour les familles les plus démunies, ces femmes parlaient bientraitance. Des tracts étaient donnés. Et des ateliers ont été menés au sein même des communautés.

Au Pérou, notre partenaire a choisi de travailler avec les enseignants malgré la fermeture des écoles. Il les a ainsi formés pour qu’ils deviennent des tuteurs de référence. Pendant le confinement, ces enseignants sont restés en contact avec les enfants par téléphone, notamment via WhatsApp quand cela était possible, et lors de rencontres pour donner les devoirs par exemple. Notre partenaire a également créé une bande dessinée sur les violences.

En Uruguay comme au Chili, deux pays plus développés sur le plan économique, les partenaires ont privilégié les actions en ligne réalisées par et pour des jeunes. Des vidéos, des chansons, des émissions ont ainsi été créées en lien avec la méthode Grain de sable et diffusées. Et les jeunes étaient les premiers ambassadeurs de la bientraitance.

Avez-vous des retours sur cette méthode ?

D.M. : Oui. Nous savons que ces actions de sensibilisation ont des effets positifs et qu’elles permettent de faire évoluer les mentalités. Les retours de terrain sont très bons. Je peux aussi vous donner quelques chiffres. Entre 2015 et 2021 : 65 400 enfants et adolescents ont été bénéficiaires de l’activité ainsi que 800 adultes ; 223 ateliers et 116 formations ont été menés ; et 342 jeunes sont devenus des ambassadeurs de la bientraitance.

* Expérience et perspectives de la mise en œuvre de la méthode Grain de sable : Amérique latine 2015-2021

** Le grooming est le fait qu’un adulte malveillant utilise les réseaux sociaux, les forums de discussion, les sites de jeux vidéo pour entrer en contact avec des enfants et les abuser, en prétendant être lui-même un enfant.

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