La pandémie de Covid-19, en plus du million de décès dans le monde, cause dans toute la population des niveaux élevés de stress ; frappant particulièrement les groupes les plus vulnérables, dont les enfants et les adolescents. Les mesures de confinement, et notamment la fermeture des écoles encore en cours dans plusieurs pays d’Amérique latine, ont entraîné un changement radical des modes de vie. Une situation anxiogène. Elles ont aussi aggravé l’exposition à la violence intrafamiliale des sujets déjà victimes, obligés de rester toute la journée avec leurs agresseurs.
Important apport de la résilience
Face à cette réalité, il était important que les partenaires locaux du programme de lutte contre la violence* adaptent leurs méthodes de travail. Et l’apport de la résilience est ici indéniable. Chaque enfant possède en effet en lui d’importantes ressources. Des ressources qui peuvent l’aider à se reconstruire, à faire face aux traumatismes vécus, mais aussi à venir. Encore faut-il les révéler pour que l’enfant puisse y recourir. Transmettre aux partenaires les outils qui permettent cela et aident à développer la résilience apparaissait donc essentiel.
Comme le soulignent Anna Forés, Jordi Grané et Rosa Maria Ollé : « Les organisations qui travaillent à partir du paradigme de la résilience ont la capacité de générer des possibilités, de rendre possible l’impossible car elles parviennent à apporter des changements avant qu’ils ne deviennent une nécessité. » (in Generando posibilidades. Organizaciones resilientes. Organizaciones con futuro dans l’ouvrage collectif Nuevas miradas sobre la resiliencia, 2014)
Présentation théorique, études de cas, exemples d’ateliers « résilience », activités de groupe… La formatrice Veronica Hurtubia de l’Université catholique de Milan, partenaire du BICE, a réussi lors de ces trois journées en distanciel à conserver l’interactivité et le dynamisme de ses interventions en présentiel. Les retours des 30 professionnels participants sont en effet unanimes. Quelques exemples : « J’ai aimé les présentations, les activités de groupe, la manière de transmettre… J’ai beaucoup appris… Un grand merci pour cette formation qui va nous permettre d’adapter au mieux nos activités de lutte contre la violence dans le contexte actuel. »
De nouveaux outils pour lutter contre la violence
Des vidéos pédagogiques sur la résilience
Cette formation est également accompagnée de la création par les partenaires de matériaux adaptés au contexte actuel. Et qui leur permettront de surcroît d’intégrer l’approche de la résilience dans leurs activités. En Uruguay, JPC (Juventud para Cristo) s’est engagé à réaliser six vidéos pédagogiques sur la résilience. Elles viendront compléter les courts-métrages déjà utilisés lors des ateliers de prévention de la violence « Grain de sable ». Des ateliers proposés aux enfants, adolescents et familles.
Des bandes dessinées et un livret sur le développement de la résilience
Au Paraguay, Beca (Base educativa y comunitaria de apoyo) se propose de concevoir deux bandes dessinées. Une pour les éducateurs et enseignants, une autre pour les enfants. Créées avec la participation du mouvement Pytyvõhára, des jeunes très actifs dans la défense des droits de l’homme au Paraguay, elles se concentreront sur la façon d’identifier les facteurs de protection afin de faire face à la violence et aux traumatismes causés par la pandémie.
Au Chili, VPSC (Vicaria Pastoral Social Caritas) souhaite éditer un livret sur le développement de la résilience. Et ajouter une saynète aux vidéos Grain de sable dans laquelle seront abordées les problématiques liées à la crise sanitaire et économique actuelle. Telles que l’augmentation des violences intrafamiliales, mais aussi l’isolement, l’aggravation de la pauvreté ou encore la recrudescence du travail des enfants.
Un service de soins à distance via un site web
Au Pérou, Cedapp (Centro de desarrollo y asesoría psicosocial) a l’intention de développer un site web sur la résilience des enfants, adolescents et familles en situation de pauvreté et exposés à la violence. Équipé d’un tchat, ce site disposera donc d’un service de soins psychologiques à distance. Il sera également régulièrement alimenté d’informations sur la résilience, la prévention de la violence, l’éducation bienveillante, etc.
Intégrés par les partenaires dans leurs projets de lutte contre la violence, ces nouveaux outils et connaissances permettront à plus de 1 000 enfants et adolescents de développer leurs capacités de résilience ; et à plus de 350 adultes d’être formés pour une prise en charge résiliente des enfants. Près de 22 700 enfants et adolescents bénéficieront aussi indirectement de cette formation.
*Vicaria Pastoral Social Caritas (VPSC) au Chili ; Base Educativa y Comunitaria de Apoyo (Beca) au Paraguay ; Centro de desarrollo y asesoría psicosocial (Cedapp) au Pérou ; Centro de estudios sociales y publicaciones (Cesip) au Pérou ; et Juventud para Cristo (JPC) en Uruguay. Ces organisations locales participent au programme de lutte contre la violence initié par le BICE.