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La résilience assistée pour les enfants victimes de maltraitance
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La résilience assistée pour les enfants victimes de maltraitance

Comment aider un enfant victime de maltraitances à trouver en lui les ressources nécessaires pour surmonter son traumatisme ? C’est tout l’enjeu de la résilience assistée.

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Francesca Giordano est docteure en psychologie du développement et membre de l’Unité de recherche sur la résilience à l’Université catholique de Milan. Dans le cadre du Programme Abus, elle participe au projet de Résilience assistée auprès des enfants victimes de maltraitance en Lituanie. Pour nous, elle revient sur les principes de cette méthode.

Francesca, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste la méthode de Résilience Assistée ?
La résilience est un processus selon lequel l’enfant fait face aux difficultés en s’appuyant sur ses propres ressources. Ces ressources peuvent être très variées : internes (confiance en soi, capacité à résoudre une situation, à socialiser…) ou externes (liens familiaux, contexte socio-économique…).
La résilience peut se développer naturellement, mais peut aussi être accompagnée par des professionnels qui travaillent dans l’univers de l’enfant (enseignants, psychologues, assistants sociaux…). Ces professionnels vont pouvoir, à travers leurs actions, promouvoir, amplifier et soutenir la résilience chez l’enfant : on les appelle des tuteurs de résilience.

Pour ce faire, ils vont devoir identifier, parmi tous les facteurs qui interagissent dans le processus de résilience, ceux qui, en fonction d’une typologie de traumatismes et d’un contexte donné, sont particulièrement efficaces (facteurs de protection) ou, au contraire, particulièrement nocifs (facteurs de risque). Ils vont ensuite chercher à développer ou à combattre plus spécifiquement ces facteurs décisifs. On parle alors de Résilience Assistée.

Comment isole-t-on ces facteurs décisifs ?
Il s’agit d’un véritable travail scientifique, avec des études quantitatives et qualitatives. Nous nous appuyons sur plusieurs échelles cliniques pour mesurer le poids des différents facteurs (échelles sociodémographique, Strenghts and Difficulties Questionnaire (questionnaire sur les forces et les difficultés), échelle d’évaluation du syndrome post traumatique…) ainsi que sur le Child and Youth Resilience Measure (CYRM – Mesure de la résilience chez l’enfant et le jeune), un questionnaire internationalement utilisé pour évaluer le degré de résilience.
Chaque enfant est bien sûr unique, mais ce procédé permet de repérer les facteurs de protection essentiels communs.

Par exemple, en Lituanie, nous avons noté que la perception que les enfants victimes de maltraitance ont de leur efficacité (capacité à rebondir, à aller de l’avant) est une ressource centrale dans le processus de résilience. Avec ce type de traumatisme, les enfants développent souvent des sentiments de culpabilité et de honte, qui les empêchent de se confier. Leur capacité intérieure à faire face est alors une vraie force qui doit être recherchée et favorisée.

Vos outils permettent-ils de mesurer quand un enfant est devenu résilient ?
Je n’aime pas l’adjectif résilient : on n’est pas résilient. La résilience est un processus et n’est en rien définitive. C’est un travail dynamique qui continue tout au long de la vie, et qui peut, à certaines étapes de son histoire, être plus ou moins facile à mettre en œuvre. C’est pourquoi je trouve ce concept très utile pour un opérateur qui doit travailler auprès des enfants, qui sont par définition, en plein développement. Le thérapeute ne cherche pas à guérir l’enfant mais à lui permettre de renforcer, valoriser et stimuler cette typologie de ressources qui lui sont propres et que l’on sait essentielles. L’enfant est acteur, c’est lui-même qui répare et construit son parcours de vie.

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