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ukraine ecole retour des enfants à l'école près de Kiev
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Retour en classe en Ukraine. « Une priorité, nous ne voulions pas qu’une génération entière soit condamnée »

Onze écoles ont rouvert le 1er septembre dans les régions de Boutcha et de Vishorod dans l’oblast de Kiev grâce au travail de notre partenaire local Women’s Consortium of Ukraine (WCU) soutenu par le BICE. Une action primordiale pour les enfants et les adolescents sur place.

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« Ce fut un long travail, souvent éprouvant. Mais ça a été tellement incroyable, il y a quelques jours, de voir à quel point les enfants étaient heureux de retourner à l’école, de retrouver des camarades de classe, des enseignants. D’éprouver un sentiment de normalité », souligne Larisa de WCU. Un long travail, oui. Car ces écoles, situées dans des zones occupées jusqu’au 2 avril par les militaires russes, ont été saccagées, pillées. Et nécessitaient d’être réhabilitées et rééquipées.

« Il a fallu nettoyer, faire divers travaux de réhabilitation, racheter tout le mobilier mais aussi le matériel éducatif, didactique, artistique, sportif… pour les enseignants. Il n’y avait plus rien d’utilisable. L’une des écoles, dans le village de Katiujanka, nous a demandé beaucoup plus de travail. Elle avait servi d’état-major aux occupants. Près de 600 militaires russes… »

« Nous devons apprendre aux enfants à ne pas se promener n’importe où »

Avant d’être remises en état, les écoles ont également dû être inspectées de fond en comble pour y retirer les engins explosifs. L’un d’entre eux a d’ailleurs explosé alors qu’un démineur tentait de le désamorcer. « Tout lieu non sécurisé est potentiellement dangereux, s’inquiète Larisa, présente lors de l’explosion. Nous devons donc apprendre aux enfants, aux adolescents à ne pas se promener n’importe où, à emprunter toujours les mêmes trajets. Les rivières, les étangs, les prairies, les forêts… sont interdits. Dans ces régions qui ont été occupées, les gens ne sont pas libres de leurs mouvements. » Ainsi, les écoles réhabilitées servent aussi de lieux de rencontres pour les enfants et les familles. D’espaces où les réunions, les activités sportives, culturelles, de loisirs peuvent se pratiquer en toute sécurité.

« Il fallait rouvrir les écoles. Nous ne voulions pas qu’une génération entière soit condamnée »

Le jour de la rentrée, le 1er septembre, le plaisir d’être là se lisait sur les visages des enfants de 6 à 17 ans, scolarisés dans l’un des établissements réhabilités par WCU. « La plus petite école de 9 classes accueille 75 élèves, la plus grande un peu moins de 300. Le nombre d’élèves scolarisés dépend du nombre de familles qui sont rentrées ou ont pu rentrer chez elles*, précise Larisa de WCU, contente d’avoir pu rouvrir rapidement pour ces enfants. Nous ne voulions pas qu’une génération entière soit condamnée, perdue à cause de la guerre. Pour cela, l’éducation joue un rôle primordial. Et le distanciel, même s’il permet de garder le lien un temps, ne suffit pas. Les situations sont très différentes selon les régions. Alors que dans les territoires occupés ou sous les bombes, les enfants sont totalement privés de l’école, à Kiev, beaucoup d’écoles ont rouvert. Là où nous intervenons, c’est plus mitigé en raison notamment des réhabilitations à faire avant d’accueillir les élèves. »

Des enseignants formés pour accueillir des enfants ayant vécu des traumatismes

Afin que la reprise se passe dans les meilleures conditions possibles, les enseignants ont tous été formés pour travailler avec des enfants ayant vécu des situations traumatisantes. Ils bénéficient également s’ils en ressentent le besoin de consultations psychologiques individuelles ou en groupe. Du matériel spécifique leur a été fourni afin qu’ils puissent mener des ateliers de résilience avec les enfants et les adolescents. « Cela aide les jeunes à faire ressortir leurs émotions sans passer par des entretiens trop douloureux, mais plutôt par le dessin, le jeu. » Ce matériel sera notamment complété en octobre par des livres silencieux. Ces livres illustrés, adaptés à la situation actuelle, offrent un regard différent sur le monde, sur ce que les enfants ont vécu, un regard positif… En discuter ensuite en groupe les aide à sortir de leurs pensées angoissées, parfois violentes. Les aide à avancer.

*« Certaines familles ne peuvent pas rentrer chez elles car leurs logements ont été entièrement démolis. De nombreux bénévoles sont présents pour aider à reconstruire dans ces zones mais c’est beaucoup de travail. »

Soutien économique et social

Parallèlement aux actions menées pour favoriser l’éducation dans ces deux régions près de Kiev, WCU et le BICE soutiennent sur le plan alimentaire 200 familles en situation de grande vulnérabilité vivant dans cette même zone géographique. WCU forme également des mamans afin qu’elles développent des activités génératrices de revenus.

« Beaucoup de mamans ont perdu leur travail. Certaines par exemple parce qu’elles travaillaient à Kiev. Nous les aidons donc pour l’instant à apprendre à voir leur vie autrement, à regarder quelles compétences, quels savoir-faire, elles pourraient valoriser. Après ce temps de réflexion, nous les aiderons à construire leur projet et à le concrétiser. »

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