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conférence en ligne pendant la crise
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« Se réinventer ensemble en période de crise »

Depuis le début de la pandémie, le BICE a organisé plusieurs conférences et discussions en espagnol via Internet. Et ce, avec ses partenaires hispanophones et d’autres structures impliquées dans l’accompagnement d’enfants vulnérables. La rencontre du 15 mai donné lieu à des échanges croisés. Ce partage d’expériences, d’inquiétudes et de réflexions, dans le contexte actuel de crise sanitaire mondiale, a permis l’émergence d’idées et orientations intéressantes. Tour d’horizon.

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Quelles sont les difficultés, les limites mais aussi les opportunités que cette crise mondiale a fait émerger ? De cette question placée au cœur du débat mené par Diego Muñoz, consultant Recherche et Développement pour le BICE, trois thématiques sont ressorties : le rôle de la sphère familiale et du groupe communautaire, l’enseignement et le métier d’enseignant, et la nécessité de développer de nouvelles pratiques.

De nouveaux temps de partage créés

Giuliana Gal’Lino, directrice de Cometa, partenaire du programme Enfance sans Barreaux du BICE, a notamment relevé que le confinement et la fermeture des écoles ont été l’occasion de revaloriser les fonctions éducatives et protectrices de la famille. Parents et enfants ont en effet vécu ensemble de nouvelles expériences avec la scolarisation à distance. Et des nouveaux temps de partage se sont créés. « Il est essentiel que nous, institutions partenaires du BICE, soyons plus que jamais présents aujourd’hui dans la vie des bénéficiaires de nos projets. Car nous devons accompagner ce processus, accompagner les familles afin que ces nouveaux moments de partage se passent bien et perdurent. Et ce, toujours dans une optique de résilience. »  

Et Rosa Agama Goñi, responsable de l’association Tarpusinchis La Salle au Pérou, de compléter cette réflexion : « C’est en effet l’occasion de réfléchir aux possibilités de rapprocher les parents de l’école afin qu’ils s’investissent davantage ou autrement dans la scolarité de leurs enfants. Les parents eux-mêmes, qui ont pu entrevoir ces derniers temps comme il est difficile d’enseigner, souhaitent peut-être revoir leur implication au sein de l’école. » 

Revalorisation du métier d’enseignant

Autre aspect positif relevé par plusieurs participants dont Giuliana Gal’Lino et Rosa Agama Goñi : la revalorisation du métier d’enseignant. « Plus d’un milliard et demi d’enfants sont ou ont été scolarisés à distance. Cette expérience mondiale permet de rendre visible le travail quotidien des professeurs… et leur patience. Leur métier est revalorisé. C’est un point positif. »

De nouveaux enseignements ou façon d’apprendre ont également été mis en avant lors de la discussion. Geraldina Guédez, directrice d’Ateneo Empresarial, a insisté sur la nécessité de travailler sur l’apprentissage social et émotionnel (SEL). Comment comprendre et gérer ses émotions ? Mais aussi comment apprendre à faire preuve d’empathie, à maintenir des relations saines, à établir et atteindre des objectifs positifs.

Les nouvelles technologies, un atout

Et bien sûr les atouts des nouvelles technologies ont été soulignés. « Nous continuons à être surpris par toutes les possibilités que nous offre la technologie. C’est en effet un réel allié pour rester en contact avec ceux que nous accompagnons », s’enthousiasme Giuliana Gal’Lino. Au Paraguay, Julia Cardozo de l’association Callescuela témoigne aussi des avantages d’Internet. « Les enfants et les adolescents eux-mêmes nous ont appris à mieux utiliser ce moyen de communication. Grâce à des ateliers et rencontres virtuels, nous sommes restés proches de la communauté. Et les échanges sont restés conviviaux, plein de tendresse. Cette solidarité à laquelle nous avons assisté sur les réseaux a également été très présente dans les zones de grande pauvreté où nous intervenons. Les familles se sont par exemple organisées pour que personne ne souffre trop de la faim en préparant des repas collectifs. »

Toujours concernant l’enseignement à distance, Alfredo Molina de l’Université La Salle de Chihuahua au Mexique, a insisté sur le fait qu’il est primordial de garantir l’accès à l’éducation pour tous. « Nous devons trouver des alternatives et des méthodes de communication qui peuvent réellement être adaptées aux situations de vulnérabilité de nombreux enfants et adolescents dans les zones rurales et/ou urbaines précaires. Si pour certains, le télétravail et l’enseignement à distance sont une réalité, pour beaucoup d’autres, ce scénario est impossible, en raison du manque de matériels et d’infrastructures. C’est là que nous devons redoubler d’efforts pour éviter que les effets secondaires de la pandémie ne déclenchent une crise éducative et sociale plus grave que celle que nous vivons déjà dans des pays comme le Mexique. Des pays où les inégalités sont encore aujourd’hui importantes. »

Dialoguer, écouter les nouvelles propositions, innover, travailler en équipe

Enfin, pour conclure, Veronica Hurtubia de l’université catholique du Sacré-Cœur de Milan a mis en avant que le partage de connaissances et d’expériences permet de transformer ses intuitions en actions et stratégies de réponse à la crise. Autres réflexions que la conversation lui a inspirées :

– La fragilité fait partie de l’être humain et nous devons lui donner de l’espace. C’est grâce à elle que nous pouvons notamment découvrir la résilience. N’ayons pas peur de dialoguer, d’assumer notre fragilité, de demander de l’aide, de travailler en équipe.

– Ne fuyons pas la douleur, prenons notre temps dans le deuil.

– N’abandonnons pas notre vocation ou notre passion pour le travail. Il est simplement temps de nous interroger sur nos pratiques et voir ce qui doit être changé ou adapté. Cette crise sanitaire nous a transportés vers de nouveaux scénarios, nous incite à nous poser de nouvelles questions. Y répondrons-nous en utilisant les anciennes méthodes ?

– La certitude est une illusion. Faisons de l’incertitude notre alliée. Pour ce faire, il est important de cultiver la créativité et la flexibilité.

– Laissons-nous surprendre par les capacités des enfants, des adolescents et des familles avec lesquels nous travaillons. Pendant cette période inédite, ils ont pu développer certaines compétences. Croyons au potentiel de l’autre.

– Il est temps de donner la voix aux enfants, aux adolescents et aux familles. Les stratégies en période de crise naissent souvent du terrain. Il est important de leur donner de l’espace, de les accompagner avec respect.

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