Géorgie
La Géorgie, souvent présentée comme le pays de la zone le plus avancé sur le chemin des réformes a encore un travail important à mener sur le plan de leur mise en application. La violence à l’égard des enfants, notamment, y est encore courante.
Situation géographique et politique
La Géorgie est un pays du Caucase, indépendant de l’Union soviétique depuis 1991. À l’ouest du territoire, se trouve la mer Noire ; au nord, nord-est la Russie ; au sud-est, l’Azerbaïdjan ; et au sud, l’Arménie et la Turquie. Sa capitale est Tbilissi.
Le centre du pays composé de vallées profondes est délimité au nord par la chaîne du Grand Caucase et au sud par le Petit Caucase. Le pays connait une importante activité sismique.
République de type parlementaire, la Géorgie est présidée par Salomé Zourabichvili depuis novembre 2018. Irakli Garibachvili en est le Premier ministre depuis le 22 février 2021. Depuis 2020, la Géorgie fait face à une profonde crise politique. Les discordes entre les partis bloquent le pays* et mettent à mal la démocratie.
Situation économique et sociale
L’implantation géographique du pays étant favorable, Tbilissi, qui concentre près de la moitié du PIB national, tient le rôle de « capitale du Caucase ». Cela permet également à la Géorgie de bénéficier de sa situation de transit notamment pour les hydrocarbures du bassin caspien vers l’Europe.
Avec son ouverture maritime, la présence de sources thermales, son histoire ou ses espaces protégés, le pays peut compter sur le développement du tourisme. Grâce à ses zones forestières et hauts pâturages en altitude, l’agriculture y est variée : cultures vivrières et fourragères des plaines ; sériciculture et cultures spécialisées (tabac, thés, fruits et légumes méditerranéens) ; production de vin.
Malgré la croissance de près de 5 % pendant les dernières années, 21,7 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et un enfant sur cinq dans un ménage dont les besoins minimums ne sont pas satisfaits. La pandémie de Covid-19 aggrave encore cette situation, avec une augmentation estimée à au moins 15 % du nombre d’enfants vivant dans une pauvreté multidimensionnelle**. L’indice de développement humain de la Géorgie (0.812) la place ainsi au 80e rang mondial.
Conditions de vie des enfants
La Géorgie est régulièrement présentée comme le pays le plus avancé sur le chemin des réformes dans la zone. Y compris dans le domaine de la protection de l’enfance. Elle a ratifié en 2014 la Convention du Conseil de l’Europe sur la protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels. Et rejoint, en tant que pays pionnier en 2017, le Partenariat mondial pour mettre fin à la violence envers les enfants. En 2019, la Géorgie adopte le Code des droits de l’enfant. Toutefois, faute de budgets et de professionnels formés, les avancées en matière de protection de l’enfant sont insuffisantes.
Il existe notamment de grandes disparités dans l’accès aux prestations sociales de base. Elles sont ethniques (minorités azerbaidjanaise et arménienne) ; et/ou géographiques (entre la capitale et les régions reculées). De plus, la dernière enquête à indicateurs multiples (MICS) de 2018-2019 réalisée par l’Unicef sur 14 000 foyers géorgiens a révélé que 69 % des enfants ont été soumis à des méthodes de discipline violentes. 31 % des enfants ont subi des châtiments physiques. 66 % ont été exposés à des agressions psychologiques. Et ce, alors que les châtiments corporels ont été interdits en 2019. Toujours selon l’Unicef, près de la moitié de la population géorgienne considère que la violence envers les enfants est acceptable.
Concernant la question du handicap, la Géorgie, avec le soutien d’USAID et de l’Unicef, a été le premier pays de l’ex-Union soviétique à mettre en œuvre le processus de désinstitutionalisation depuis 2005. La réforme a conduit à la fermeture de 39 institutions sur 41 existantes et le nombre d’enfants en institution est passé de 4600 à 78. Les deux institutions restantes accueillent les enfants en situation de handicap mental profond et les enfants polyhandicapés. Les enfants désinstitutionalisés sont retournés dans leur famille ou ont été placés dans des petits foyers ou en familles d’accueil. Une étude d’Unicef datant de 2011 a toutefois noté que les familles et les professionnels qui les accueillent ne sont pas suffisamment formés et rencontrent des difficultés dans la communication et la socialisation des enfants.
Le BICE en Géorgie
Le BICE travaille avec deux partenaires locaux en Géorgie. En 2014, il débute un partenariat avec l’association Public Health Foundation of Georgia pour lutter contre les violences. Depuis, ils travaillent main dans la main sur la sensibilisation des enfants et de leur entourage pour prévenir la violence ; et sur l’amélioration de l’accompagnement des enfants victimes de violence.
Women’s Union RHEA est l’autre partenaire du BICE en Géorgie. Avec cette association, le BICE œuvre à améliorer l’accompagnement des enfants en situation de handicap dans les zones multi-ethniques de Samtskhe-Djavakheti et de Kvemo Kartli. Depuis décembre 2020, un programme a été mis en place pour aider les enfants en situation de handicap et leurs familles à faire face à la crise sanitaire et sociale (distribution alimentaire, activités d’éveil adaptées, etc.).
*L’opposition accuse le parti au pouvoir de fraude aux élections législatives d’octobre 2020. Et refuse de siéger au Parlement.
**Ces enfants sont entièrement ou partiellement privés d’un accès adéquat à la santé, au logement, à la nourriture et à l’éducation (Save the Children et Unicef, septembre 2020).