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Arménie : atelier de résilience pour les enfants déplacés et affectés par le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan
Atelier organisé pour les enfants. © Gurgen Ginosyan, Arevamanuk
Publié le

Tuteurs de résilience. Un appui crucial pour les enfants victimes de traumatismes

Une récente étude, menée en Arménie par le partenaire du BICE, Arevamanuk, a mis en lumière l'efficacité des tuteurs de résilience dans l'accompagnement des enfants confrontés à des événements traumatisants. Rappelant ainsi l’importance de mener des projets de soutien psychosocial en parallèle des actions d’aide humanitaire. Explications.

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Le BICE forme depuis 2015 des tuteurs de résilience pour accompagner les enfants victimes de traumatismes. Ainsi, plus de 2 500 éducateurs, travailleurs sociaux, psychologues… ont déjà été formés et plus de 100 000 enfants ont pu être épaulés par un tuteur dans une vingtaine de pays. En parallèle de ce travail de terrain, le BICE et son réseau de membres mènent régulièrement des recherches autour de leurs actions afin de s’assurer de leurs pertinence et efficacité, et, si nécessaire, de faire évoluer les outils mis en place.

L’étude expérimentale réalisée pendant deux ans en Arménie (2022-2023), à l’aide d’un outil d’analyse fourni par l’Université catholique de Milan*, avait pour objectif d’évaluer l’apport de la résilience dans le processus de rétablissement des enfants déplacés et affectés par le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Conduite auprès de 295 enfants âgés entre 6 et 17 ans, divisés en deux groupes, l’étude s’est appuyée sur la comparaison de ces deux groupes, un témoin (sans soutien psychosocial)** et un bénéficiant de l’accompagnement des tuteurs de résilience. Les conclusions sont significatives, établissant ainsi le rôle crucial de ces professionnels formés.

Les effets positifs de l’accompagnement résilience

Tout d’abord, une augmentation notable du sentiment d’auto-efficacité*** et de l’optimisme a été observée chez les enfants bénéficiant des sessions avec les tuteurs de résilience. Contrairement aux enfants du groupe témoin, leur image de soi s’est améliorée et ils sont passés d’une position de victime à celle de survivant. Les enfants appartenant au groupe témoin font de surcroît état d’une baisse constante de leur optimisme, tandis que ceux du groupe expérimental démontrent un changement durable et positif de leur point de vue sur la vie, caractérisé par l’espoir d’un avenir plus radieux.

L’analyse des données a également conclu à une diminution du stress en lien avec les préoccupations du quotidien chez les enfants accompagnés par les tuteurs de résilience. Ce stress a en revanche augmenté de manière significative chez les membres de l’autre groupe. Ainsi, alors que les enfants bénéficiant des activités de résilience ont montré un niveau de bien-être plus élevé à la fin de l’intervention, le bien-être des enfants appartenant au panel témoin a diminué.

Les capacités d’autorégulation et de résolution de problèmes ont également été évaluées au début et à la fin de l’expérimentation. Dans les deux groupes, ces capacités ont augmenté à la fin de l’étude chez des enfants de 6 à 12 ans. Cependant, cette amélioration a été plus marquée chez ceux bénéficiant de l’accompagnement des tuteurs de résilience.

Les défis à relever

La recherche a également permis d’identifier les principaux défis auxquels les enfants continuent à être confrontés. Ces résultats importants nous permettent de savoir comment adapter nos méthodes d’intervention en vue d’accroître leur efficacité.

La perception que les enfants du groupe expérimental ont des soutiens sociaux qu’ils sont susceptibles d’avoir (famille, ami, école, centre…) n’a pas connu de changement significatif. Elle a diminué dans le groupe témoin. Ce résultat souligne la nécessité de travailler davantage sur les ressources externes des enfants afin de renforcer leur réseau social. Rappelons que ce dernier est considéré comme une force fondamentale dans le processus de rétablissement des enfants exposés à des événements traumatiques.

Un traumatisme interpersonnel notamment (expérience néfaste qui se produit à l’intérieur d’un contexte relationnel) affecte souvent la capacité de l’enfant à faire confiance aux autres. Par conséquent, un travail spécifique doit être entrepris afin d’aider les enfants à retrouver confiance dans le rapport à l’autre, et donc à s’impliquer dans la vie sociale avec une attitude et des attentes positives.

L’étude a également relevé que l’autorégulation chez les enfants doit continuer à être développée en établissant un cadre physique et émotionnel sûr où les réponses sont cohérentes, prévisibles et respectueuses. Ce travail est encore plus important lorsqu’il s’agit d’adolescents, dont le monde intérieur est souvent caractérisé par une tempête émotionnelle.

L’impact du suivi des parents sur le bien-être des enfants

Un autre point déterminant est ressorti de l’expérimentation : l’importance d’accompagner aussi sur le plan psychologique les parents. Il s’avère en effet que chez les enfants (du groupe expérimental) dont les parents ont bénéficié de séances de soutien psychologique, la résilience personnelle et la résilience sociale ont augmenté de manière plus nette que chez les enfants dont les parents n’ont pas bénéficié d’un tel soutien.

Ce résultat souligne la nécessité de prendre en compte le rôle clé de la famille dans les programmes destinés aux enfants ayant été exposés à des événements traumatisants. Fournir aux parents un soutien psychologique renforce leur processus de résilience mais aussi celui de leurs enfants. Le processus de résilience serait ainsi facilité par des relations protectrices qui rendent les ressources internes et externes disponibles et accessibles, atténuant ainsi les risques dans la vie des enfants.

*L’Université catholique de Milan collabore avec le BICE dans la formation des partenaires à la résilience et au rôle de tuteur de résilience.

**Les enfants du groupe témoin ont reçu un soutien psychosocial à la fin de l’étude.

***Le sentiment d’auto-efficacité constitue la perception qu’a un individu en sa capacité de réaliser une tâche. Plus grand est le sentiment d’auto-efficacité, plus élevés sont les objectifs qu’il s’impose et son engagement dans leur poursuite.

Découvrir notre projet en cours en Arménie.

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