Les enfants en situation de rue constituent une problématique internationale croissante. Selon la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE, aussi appelée CIDE en France), adoptée le 20 novembre 1989 par l’Assemblée générale des Nations unies et ratifiée par 197 États, chaque enfant a le droit fondamental d’avoir un refuge, d’être secouru et de vivre dans des conditions décentes (Retrouvez les articles de la CDE ici). Toutefois, en 2024, c’est loin d’être le cas. Des millions d’enfants à travers le monde continuent de vivre dans les rues, exposés quotidiennement à une multitude de dangers, tels que la violence urbaine, l’exploitation économique et sexuelle, la malnutrition, l’absence d’accès aux soins de santé adéquats.
Des chiffres alarmants et sous-estimés
Les enfants des rues dans le monde
En 2021, l’Unicef a recensé environ 120 millions d’enfants vivant dans la rue, dont 60 millions rien qu’en Amérique du Sud et 30 millions en Afrique*. Certains pays sont particulièrement touchés. L’Inde compte environ 11 millions d’enfants des rues, le Bangladesh 445 000, le Kenya 250 000, le Maroc 25 000 et Kinshasa 200 000. Toutefois, selon les Nations unies, la véritable ampleur du problème serait sous-estimée dans de nombreuses régions. Notons par ailleurs qu’environ un enfant sur trois souffre d’une privation grave, incluant le logement.**
Les enfants des rues en France
La France n’échappe pas à cette réalité. En 2023, le nombre d’enfants à la rue a atteint un niveau record, avec 1 990 enfants sans solution de logement, soit une augmentation de 20 % par rapport à l’année précédente, selon les données de l’Unicef France et de la Fédération des acteurs de la solidarité. Ce chiffre, 2,5 fois plus élevé qu’en janvier 2022, met en évidence la nécessité d’une action urgente et efficace des pouvoirs publics.***
Qu’entend-on exactement par enfant en situation de rue ?
Selon le comité des droits de l’enfant des Nations unies, les enfants en situation de rue sont des enfants qui dépendent de la rue pour vivre ou travailler, seuls, avec des pairs ou avec leur famille. Pour ces enfants, la rue est une partie intégrante de leur identité et de leur vie quotidienne.
Il peut ainsi s’agir :
- d’enfants seuls vivant dans la rue
- d’enfants vivant dans la rue avec leurs familles, voire leurs communautés
- d’enfants travaillant dans la rue, mais ayant un foyer
- d’enfants, ayant un foyer, mais passant l’essentiel de leurs journées dans la rue
- d’enfants passant de lieux d’accueil en lieux d’accueil avec des séjours intermittents dans la rue.
Les causes débouchant sur ce phénomène sont complexes. Si la pauvreté est un facteur pouvant conduire un enfant dans la rue, ce n’est pas le seul facteur explicatif. Cette réalité s’explique également par les discriminations, l’exclusion, les violences et maltraitances dont sont victimes ces enfants. De plus, le nombre d’enfants en situation de rue a tendance à augmenter parallèlement à l’exode rural et au développement des villes.
Quelles répercussions pour un enfant en situation de rue ?
Violences et exploitations
Le développement et la protection des enfants des rues sont constamment menacés. Leurs conditions de vie les exposent à de nombreuses violations de leurs droits, notamment le trafic d’enfants, la violence physique et psychologique, ainsi que l’exploitation économique et sexuelle. Une fois dans la rue, le travail forcé devient en effet une réalité pour beaucoup, les plaçant dans des situations où ils sont exploités et maltraités sans recours ni protection. Souvent privés de documents d’identité et de soutien parental, ces enfants deviennent des cibles faciles pour les trafiquants et les réseaux de prostitution, ainsi que pour les groupes armés.
Santé et éducation
En outre, ces enfants n’ont souvent pas accès aux services essentiels tels que les soins de santé et l’éducation. Leur santé est constamment compromise, avec des taux élevés de maladies graves telles que le VIH/SIDA et autres maladies sexuellement transmissibles. L’asthme et la malnutrition représentent également des défis sanitaires majeurs pour ces jeunes, tout comme l’accès à l’eau potable ou encore la dépendance à la drogue. Notons que la crise sanitaire mondiale a encore exacerbé ces difficultés.
Enfin, l’accès à l’éducation est entravé par plusieurs obstacles, qui peuvent être le manque d’adresse permanente, les frais associés à la scolarisation, les discriminations de genre…
Les actions du BICE : le cas des enfants en situation de rue en RDC
Le BICE s’engage auprès d’organisations telles que le Programme d’encadrement des enfants de la rue (Peder) en République démocratique du Congo (RDC) pour assurer la protection de ces enfants sans refuge. Dans le cadre du programme Écoles sans murs, Peder intervient dans la réinsertion sociale et professionnelle des enfants des rues à Bukavu, à l’est de la RDC.
Les actions de Peder sont variées. Elles comprennent la récupération et l’encadrement des enfants des rues dans des centres éducatifs et de formation, la recherche des parents, la médiation et la réunification familiale des enfants en rupture de liens familiaux quand cela est possible, ainsi que l’accompagnement et le soutien au mouvement associatif des enfants et jeunes travailleurs. De plus, Peder s’attache à soutenir les parents vulnérables en les aidant à trouver ou retrouver leur indépendance économique. Ceci permet de créer un environnement propice à la réintégration sociale et à la stabilité de ces enfants. Découvrez l”histoire de Lumière et Pascaline, deux enfants sortis de la rue par Peder.
*africanews.fr, Afrique : le recensement, gage des politiques de gestion des enfants de la rue, 7 mars 2020
**Unicef, Child Poverty
***Communiqué de presse, Enfant à la rue : l’été des tristes records, 30 août 2023