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comportement sexuel préjudiciable
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Accompagner les enfants ayant des comportements sexuels préjudiciables

Le BICE soutient depuis deux ans son partenaire géorgien Public Health Foundation dans l’accompagnement d’enfants de 4 à 18 ans ayant des comportements sexuels préjudiciables. Explications.

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« Les enfants ayant des comportements sexuels problématiques sont des enfants dont le comportement est inapproprié au regard de son âge et de son développement. Ses actes peuvent être préjudiciables pour lui-même ou pour autrui. Ils peuvent être abusifs à l’égard d’un autre enfant ou d’un adulte », explique l’une des psychologues de notre partenaire.

Un accompagnement psychologique et socio-éducatif adapté

Chaque année, dans la capitale géorgienne, près de 40 enfants de 4 à 18 ans sont ainsi suivis par le partenaire du BICE*. Une action essentielle dont l’efficacité n’est plus à prouver. « Ces enfants sont des membres de la société dans laquelle nous vivons. Il est donc essentiel à nos yeux de les aider à devenir des adultes bienveillants et responsables. Et cela passe par un accompagnement psychologique adapté ; n’oublions pas que ces enfants ont souvent une histoire de vie difficile. Nous savons en effet qu’avec un tel soutien, la plupart d’entre eux ne commettront pas d’abus sexuels à l’âge adulte », précise la psychologue.

Le partenaire du BICE travaille ainsi avec d’autres services (protection de l’enfance, assistantes sociales, établissements scolaires…) pour prendre en charge les enfants dans leur globalité. Un accompagnement psychologique et socio-éducatif adapté est mis en place et un travail avec la famille est mené. Lorsque l’affaire nécessite l’intervention des forces de l’ordre et une enquête, notre partenaire est aussi présent pour s’assurer que les entretiens menés sont adaptés aux enfants. Il dispose, en outre, d’une salle d’audition spécialement aménagée, l’une des rares en Géorgie.

Une exposition fréquente à plusieurs situations traumatiques concomitantes 

« Nous étudions chaque cas avant de proposer un plan de soutien personnalisé, qui peut varier de 4-5 rencontres à 3 mois. Il y a en effet une grande diversité dans les antécédents des enfants, mais aussi dans ce qui les pousse à agir et dans le sens qu’ils donnent à leurs actes. Les comportements sont eux aussi très différents, tout comme leurs degrés de gravité. L’une des rares constantes observées c’est que la plupart des enfants que nous accompagnons ont été exposés à plusieurs situations traumatiques en même temps. C’est pour cela que nous devons être attentifs à l’environnement social élargi de l’enfant. »

Privilégier la déjudiciarisation et favoriser le soutien psychologique

Selon la gravité des actes commis et si l’enfant a 14 ans ou plus au moment des faits – âge de la responsabilité pénale en Géorgie – l’accompagnement proposé par le partenaire du BICE peut représenter une alternative à la prison. En témoigne l’histoire de Luka, auteur à 14 ans d’abus sexuel sur une fillette de 10 ans, une amie de sa sœur.

« Parallèlement, bien sûr, à la prise en charge de cette petite fille et de son amie, nous nous sommes occupés de Luka en partenariat avec la police, les services sociaux et le bureau du procureur. En étudiant son cas, nous avons constaté que Luka était souvent seul chez lui, qu’il avait des problèmes importants de communication avec ses parents, peu d’amis, de très mauvais résultats scolaires et qu’il regardait régulièrement des vidéos pornographiques. L’importance d’une prise en charge psychologique et d’un travail de resocialisation a été clairement identifiée. Le procureur a demandé sa déjudiciarisation afin qu’il n’aille pas en prison et qu’il bénéficie d’un accompagnement psychologique et socio-éducatif adéquat. C’est ce que nous avons mis en place pendant trois mois. Ses parents ont aussi été activement impliqués. Depuis, nous avons revu Luka à plusieurs reprises. Son comportement s’est stabilisé et sa réhabilitation est en bonne voie. »

Et Diana Filatova, responsable du programme de Lutte contre la violence au BICE de conclure : « L’emprisonnement pour les enfants ne résout pas le problème. Il ne fait qu’aggraver la situation. Souvent privés de tout accompagnement adapté, les enfants ont encore plus de difficultés à revenir dans la société. Et puis, il y a une question éthique : avons-nous le droit de mettre en prison les enfants pour des comportements qu’ils ont développés parce que la famille, l’entourage, les institutions et la société n’ont pas su les protéger des traumatismes qui les ont causés ? N’est-ce pas de notre devoir de les aider à aller mieux. »

*Les enfants pris en charge par Public Health Foundation sont orientés par divers organismes : police, ministère public, protection de l’enfance, centres de prévention de la criminalité, établissements scolaires, établissements médicaux… Parents et enfants peuvent également directement s’adresser à eux.

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