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Cambodge éducation
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Cambodge. Keo Ne, l’école lui a changé la vie

Keo Ne a découvert l’école en 2019. Elle avait 11 ans. Avant, elle accompagnait sa mère à la pêche et s’acquittait des tâches domestiques. Témoignage.

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Keo Ne a 13 ans. Et huit frères et sœurs. Elle vit avec ses parents dans une petite maison sur pilotis le long d’un bras de mer à Ma-Ou dans le district rural de Prey Nob. Une région très isolée du sud du Cambodge, coincée entre la chaîne montagneuse des Éléphants et la côte. Ici, les habitants qui vivent en majorité de l’agriculture et de la pêche souffrent particulièrement de la pauvreté*. « Le papa de Keo Ne est aveugle. C’est sa maman qui s’occupe de ramener de quoi manger à la famille, notamment du crabe et du poisson, explique notre partenaire local, Opérations Enfants du Cambodge (OEC). Avant, ses enfants l’accompagnaient. Ils l’aidaient à pêcher ou à mener d’autres activités sources de revenus. Aucun d’eux n’allai à l’école. »

L’éloignement de l’école publique, un frein à l’éducation

Ainsi les grands frères et sœurs de Keo Ne n’ont pas eu la chance d’être scolarisés. Comme bien d’autres enfants de cette zone reculée. Le principal obstacle ? L’école publique la plus proche se trouvait à plusieurs kilomètres sur un chemin difficilement praticable. La participation à temps plein des enfants aux tâches domestiques était également perçue comme indispensable. « Pour de nombreux parents, l’école ne servait pas à grand-chose et n’était d’aucune aide pour trouver du travail. Notamment pour les filles** qui, de toute façon, selon la tradition Khmer, doivent s’occuper, adultes, de leur foyer », précise OEC.

Sensibiliser les parents à l’importance de l’éducation

Dans ce contexte, l’installation dans le village, par notre partenaire, d’un espace éducatif jeune public pour les 3-6 ans et d’une classe d’éducation non formelle pour les 7-13 ans a changé la vie de nombreux enfants. Et notamment celle de Keo Ne et de ses deux petites sœurs de 6 et 12 ans qui y sont entrées en 2019. « La création de ces espaces s’est accompagnée de nombreuses actions d’information en direction des parents sur l’apport indéniable de l’éducation dans la vie de leurs filles et de leurs garçons. Heureusement, la plupart ont été sensibles à nos arguments », souligne OEC.

Aujourd’hui, Keo Ne, « studieuse et intelligente », est en 2e année. « Elle adore l’école, apprend plein de choses, s’épanouit ! » En parallèle, elle continue d’aider sa maman. Elle s’occupe de la cuisine, de travaux domestiques. Et passe aussi du temps avec sa petite sœur de 12 ans qui souffre de déficience visuelle. « Elle l’aide notamment pour les devoirs. »

Les droits de l’enfant et l’égalité filles-garçons enseignés

Les droits des filles étant une priorité transversale du BICE et de son partenaire, ce volet est particulièrement pris en compte dans le programme Écoles sans murs, soutenu par l’Agence française de développement (AFD) et auquel ce projet se rattache. Ainsi, dans les six classes d’éducation non formelle créées dans les zones reculées de la région de Preah Sihanouk par OEC, 54% des élèves scolarisés sont des filles. Et les droits de l’enfant, l’égalité filles-garçons, la non-discrimination, la non-violence font partie des sujets enseignés aux élèves.

* Selon la Banque asiatique de développement, 72 % de la population cambodgienne vit avec moins de 3 dollars par jour. Et les habitants des zones rurales sont particulièrement touchés.

** Au Cambodge, les familles continuent à donner la priorité à l’éducation des garçons. Ainsi, même si les garçons et les filles commencent l’enseignement primaire dans les mêmes proportions, le taux de scolarisation des filles diminue plus vite avec chaque année d’études. Elles sont en effet plus à risque de décrochage scolaire car ce sont elles qui s’occupent des tâches domestiques. Elles ont donc moins de temps à consacrer à leurs devoirs.

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