Que dire à tous ceux dont la foi vacille ?
Diego Muñoz León : Lorsque nous vivons une catastrophe, nous cherchons des réponses, nous aspirons à la sécurité, nous voulons récupérer ce qui a été perdu. Croyants ou non, emplis de désespoir, nous nous posons des questions : Dieu existe-t-il ? Est-ce lui qui nous a envoyé cette punition ? Ou comment Dieu permet-il que cela se produise, s’il est tout-puissant ? Quel est le sens de tout cela ? Des questionnements justes car, dans ce tumulte, nous pouvons retrouver la raison d’être de notre foi. Nous nous ouvrons au mystère de la vie, de la transcendance. Selon moi, il est essentiel de porter un regard critique sur notre foi et de rencontrer le Dieu de la vie.
Mais Dieu est-il la réponse à l’urgence ?
D.M. : Dieu nous a créés libres. Il nous a créés à son image. Et dans cette liberté, il nous a rendus responsables du monde. Non pas pour être le centre du monde, mais pour le respecter, pour l’aimer comme une œuvre, créée elle aussi par Dieu. Le pape François a insisté sur ce point lorsqu’il a publié son encyclique Laudato Sì. Dans l’histoire de l’humanité, Dieu est devenu l’un des nôtres, en Jésus. Il a connu la souffrance, la solitude, l’angoisse. Sur la croix, il a porté tout ce qui est humain et sa résurrection a été la plus grande réponse d’amour d’un Dieu qui ne s’est pas laissé vaincre par la mort.
Dieu veut que nous prenions nos responsabilités aujourd’hui en tant qu’humains. Il est avec nous. Il essuie aussi nos larmes. Dieu exige que nous tenions compte de l’appel de la Terre mère, de notre maison commune. Il n’est ni magicien ni voyant. Il est avant tout un Père aimant qui souffre avec nous, qui attend avec nous, qui encourage toute vie mise au service des autres, avec générosité. Il nous a donné l’intelligence et la volonté de trouver une réponse face à la maladie, de réorienter notre société de manière solidaire, d’éduquer les générations futures dans la dignité et le respect.
Quelle peut donc être notre contribution aujourd’hui au milieu de l’urgence ?
D.M. : Cette crise doit nous aider à nous retrouver. Il est primordial de retrouver la communion chez nous, en enrichissant nos relations au sein de nos familles. Pensons à l’importance des personnes âgées – la mémoire – et des enfants – l’avenir.
Nous avons aussi la responsabilité de réorienter notre façon de vivre en société. Si nous restons enfermés dans notre individualisme, nous ne pourrons pas surmonter cette épreuve. Nous sommes appelés à tisser une solidarité universelle, car le virus ne connaît ni frontières ni nationalités.
Enfin, dans cette crise, nous redécouvrons la nécessité d’une économie solidaire, d’une politique responsable, d’une éducation plus pertinente, l’importance de la foi et des églises. Il n’y a aucun aspect de la vie humaine qui ne soit pas lié à l’aventure d’être des habitants d’une planète commune. Cette planète qui réclame, à grands cris, que nous adoptions une nouvelle manière de vivre. Si nous commençons à œuvrer pour que tout – l’humanité et la création – soit traité avec dignité, nous trouverons le moyen de construire le « Royaume de Dieu » ici et maintenant, c’est-à-dire, un monde de justice et de paix pour tous.