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Chantal Paisant : une vie engagée pour l’Education pour tous
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Chantal Paisant : une vie engagée pour l’Education pour tous

Chantal Paisant, experte sur le thème de l’Education et représentante du BICE auprès de l’Unesco revient sur son parcours international, riche en rencontres et expériences marquantes.

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Chantal Paisant : un parcours sous le signe du voyage et de l’engagement

Chantal Paisant : Mon parcours professionnel a tout de suite été placé sous le signe du voyage, de l’engagement et du détachement de l’éducation nationale ou de l’enseignement supérieur.

J’ai ainsi été successivement détachée pendant 9 années en Afrique auprès du ministère de l’Education au Congo Brazzaville et au Niger, puis au service des Affaires Etrangères au Kenya. J’ai ensuite rejoint le Centre des Etudes de pédagogie de Sèvres, enseigné comme maitre de Conférence à l’Université de Bordeaux, puis travaillé à l’Institut catholique de Paris en tant doyen de la faculté d’Education. Enfin, après 15 années dans l’enseignement supérieur, j’ai voulu retrouver le terrain de l’action socio- éducative à la Fondation des Apprentis d’Auteuil.

Ce parcours fait de profonds dépaysements successifs a eu évidemment comme fil directeur l’Education.

Une réflexion sur l’éducation nourrie par l’expérience

Chantal Paisant : Parmi les expériences multiples, riches et bousculantes qu’il m’a été donné de vivre, j’en citerai trois, qui ont particulièrement marqué ma réflexion sur l’école et l’éducation.

Congo Brazzaville. Nous sommes à la fin des années 70, la nuit tombe vite, il fait chaud. Dans la rue, les réverbères allumés grouillent d’insectes attirés par la lumière. A leurs pieds, des enfants, des étudiants sont assis avec cahiers, crayons et livres. Ils n’ont pas l’électricité chez eux et se sont réfugiés sous ces éclairages publics pour faire leurs devoirs. Aller dans ces pays aux difficultés multiples (économiques, sociales, politiques…), c’est prendre la mesure du prix de l’éducation aux yeux des enfants.

Niger. A la porte du désert, au milieu des dunes de sables, une toute petite fille est assise par terre, à l’ombre de mon habitation. A-t-elle seulement 7 ans ? Elle tient sur ses genoux ce qui me semble être un très vieux dictionnaire, en partie déchiré, qui l’absorbe complètement. Une émotion extraordinaire m’envahit devant cet appétit de lire, d’écrire, d’apprendre. Ce goût, cette bataille existent alors même que nombre d’enfants de familles défavorisées n’iront pas ou peu à l’école.

France. La Fondation des Apprentis d’Auteuil accueille dans plus de 200 établissements en France des enfants qui relèvent de la protection de l’enfance ou sont confiés par leurs familles en difficulté. Je prends là aussi conscience de l’inégalité très profonde face à l’école. L’enfant défavorisé est marqué par son histoire familiale. Le langage scolaire lui est abscond, il ne comprend pas les règles du jeu. Mis en permanence en situation d’échec, comment peut-il prendre confiance en lui ? Comment le réconcilier avec l’école ?

Que retirer de toutes ces expériences ? Dans les pays émergents, il faut repenser la pyramide des besoins fondamentaux. La garantie des conditions matérielles de base (santé, alimentation, protection…) est évidemment essentielle. Mais il existe, en amont, un besoin spirituel considérable. Les éducateurs doivent penser l‘éducation comme un développement humain et spirituel. Et le premier besoin éducatif, c’est comme pour cette petite fille du désert, le désir : une soif d’apprendre, d’accéder à la vie de l’esprit, qui demande à être nourrie.

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